HomeA la uneTRANSITION POLITIQUE AU BURKINA : « Si j’étais Damiba… »

TRANSITION POLITIQUE AU BURKINA : « Si j’étais Damiba… »


L’auteur du point de vue ci-dessous fait des propositions au président de la Transition, Paul-Henri Sandaogo Damiba, devant permettre, selon lui, de libérer notre pays en proie au terrorisme. Entre autres, il propose la refonte de l’armée et l’appel à la guerre généralisée à travers la levée d’un contingent spécial.

 

« Notre armée est-elle impuissante devant cette hydre terroriste ?

Nos dirigeants sont-ils incapables de trouver la solution à cette montée en puissance des djihadistes/terroristes ?

Le constat est inquiétant depuis l’apparition de ces hommes armés en 2015. Les terroristes gagnent du terrain et menacent nos villes jadis sécurisées. Aujourd’hui, les Burkinabè font avec malgré eux, la peur au ventre, ne sachant pas à quel saint se vouer. Dieu est invoqué dans toutes les bouches pour sauver le Burkina.

 

A travers ces quelques lignes extraites de mon analyse et de mes propositions détaillées et argumentées, je partage mes idées en gardant d’autres plus stratégiques contenues dans un autre document pour les autorités militaires, si elles veulent m’écouter, et aussi pour des raisons sécuritaires. Pour ma part et si j’étais Damiba, voici ce que je ferais :

 

La dimension civile

 

  1. Si j’étais Damiba, je prendrais la bonne mesure de la situation et je déclarerais la guerre populaire généralisée en invitant tous mes compatriotes des villes et des campagnes à la mobilisation générale et surtout les jeunes de 18 à 30 ans. Je les inviterais à se faire enrôler et à prendre les armes pour défendre la patrie en danger ; car l’heure est grave et même très grave. Un contingent spécial de 10 000 hommes est à lever au plus urgent avec l’appui du SND tout en réinstaurant le service militaire obligatoire pour cette tranche de jeunes. N’attendons pas le pire pour agir parce que c’est cet attentisme et le manque d’anticipation qui nous ont conduits aujourd’hui dans cette impasse. Du reste, tous ces manifestants des OSC et politiciens, qui sèment le désordre et détournent nos FDS des préoccupations du front, sont des candidats potentiels pour faire partie de ce contingent spécial.

 

La dimension militaire (FDS)

 

  1. Si j’étais Damiba, je refonderais l’armée en confiant les responsabilités à des plus jeunes (en partie fait) courageux et intelligents, capables de stratégies et de tactiques de combats militaires, car cette guerre est asymétrique et il faut des stratèges capables. Je rendrais plus professionnelle l’armée en créant une unité spéciale avec des commandos/forces spéciales formés (au moins 500 hommes) avec l’appui des partenaires (à négocier avec nos amis français, marocains, mauritaniens, russes, chinois, israélien, etc.) et capables de mener des combats de jour comme de nuit, en fantassins ou autres missions commandos. Je renforcerais la formation militaire des nouvelles recrues ; l’armée doit aussi se professionnaliser avec les nouveaux corps d’élite. Je reverrais la formation des FDS avec plus de rigueur militaire et de techniques nouvelles adaptées à la situation actuelle. Les terroristes sont mobiles et bougent beaucoup la nuit, ce qui donne l’impression qu’ils sont partout.

 

La dimension urbaine de prévention des attentats et enlèvements urbains

 

  1. Si j’étais Damiba, je donnerais des instructions fermes aux responsables des différents corps pour que les policiers nationaux, municipaux et gendarmes, les VDP des villes intègrent systématiquement et très régulièrement dans leurs missions, des aspects transversaux du contrôle des pièces, des identités et la fouille des véhicules et sacs ; les entrées de Ouagadougou Bobo-Dioulasso et des autres grandes villes doivent être contrôlées sérieusement et minutieusement. Les postes de contrôles peuvent faire appel aux VADS et VDP bien formés pour les aspects de fouilles et contrôles. Le renforcement de la surveillance territoriale et urbaine par les comités de défense des quartiers et secteurs, va aider les FDS à neutraliser les cellules dormantes, à prévenir des attentats et à sécuriser les centres urbains et certaines localités encore non exposés. Par ailleurs, il faut aussi sensibiliser les transporteurs, les taximen, les hôteliers/auberges pour contribuer à la surveillance et aux renseignements. Il faut militariser nos villes et faire contribuer les civils dans la sécurité de leur environnement.

 

La dimension coopération internationale et le sentiment anti-français

 

  1. Si j’étais Damiba, je botterais en touche contre ces OSC et autres personnes qui intoxiquent l’opinion publique malheureusement en s’en prenant à la France qui serait complice des terroristes. Je négocierais avec la France en revoyant les accords de coopération militaire pour que l’armée française soit véritablement aux côtés de nos FDS en mettant leur arsenal de surveillance, de renseignement et de combat pour guider et secourir aussi nos soldats dans les patrouilles et les combats. Nos soldats sont aveugles sans les moyens de surveillance et de renseignement (drone) et sont des cibles exposées avec les embuscades, les attaques en surnombres des terroristes et sans couverture aérienne de secours. Je plaiderais pour une vraie coordination entre nos troupes et la force Barkhane pour la surveillance, le renseignement et le combat dans les zones à forte occupation terroriste (Sahel, Est et Centre-Nord).

 

La dimension coopération sous-régionale et africaine

 

  1. Si j’étais Damiba, je lancerais un appel de soutiens financier et militaire à tous mes voisins du Sud que sont le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Togo (certains attaqués aussi) et d’autres amis d’Afrique, notamment l’Angola, l’Afrique du Sud et le Polisario pour nous donner quelques armes et munitions (gilets, lunettes de visée nocturne, AK 47, lance-roquettes ou autres) et nous soutenir avec des avions/hélicoptères de combat. Le Burkina de Thomas Sankara a soutenu l’Angola, l’Afrique du Sud et le Polisario en donnant à certains, symboliquement, des armes à l’époque. Alors nous pouvons attendre aussi de ces pays, en retour, un soutien en matériels et même financier de solidarité ; je négocierais avec l’Union africaine, la CEDEAO, l’UEMOA pour la mise en place d’un « fonds de soutien à la guerre » pour les pays engagés dans cette lutte contre le terrorisme. La force africaine ne sera pas efficace et il faut mettre l’accent sur l’acquisition des moyens de la guerre (nos troupes militaires et civilo-militaires bien formées et les armements lourds et légers).

 

La dimension humanitaire

 

  1. Si j’étais Damiba, je renforcerais le plaidoyer avec toutes les institutions des Nations unies, les coopérations bilatérales et multilatérales pour renforcer leurs appui et assistance à mon peuple dans sa souffrance de PDI.

Je renforcerais les appuis aux communes d’accueil et d’accès de ces déplacés forcés à la santé, à l’éducation des enfants, au logement et à l’alimentation. Je mettrais en place des sites sécurisés et organisés pour donner le minimum vital à ces déplacés.

 

La dimension financière de la guerre

 

  1. Si j’étais Damiba, je monterais un grand projet de financement de tous ces besoins militaires et civils et je mettrais à contribution toutes les ressources humaines d’influence de mon pays pour la mobilisation des ressources et le financement de ce projet gigantesque : des prêts, des dons, des contributions patriotiques, des ressources de l’Etat, car sans sécurité, il n’y a pas de développement.

 

Si j’étais Damiba, je mettrais vraiment de l’ordre dans le recouvrement des taxes et impôts, car la guerre coûte cher au pays et le président Damiba devrait demander à chaque citoyen, une contribution pour l’effort de guerre. Déjà que les impôts ne pourront rien recouvrer dans certaines localités occupées, il faut réfléchir à des scenarii de compensations, dont l’un est l’effort de guerre demandé à toute la population. Des négociations sont à engager avec les syndicats et les OSC dans ce sens. Tout Burkinabè doit être à même de contribuer à cet effort de guerre, qu’il soit au Burkina ou hors du Burkina. Les services des impôts et les mairies des villes doivent maximiser le recouvrement des impôts où, sous le couvert de l’insécurité, certains contribuables se débinent. Au contraire, il faut mettre en place un système adapté de recouvrement car les villes de Ouaga et Bobo seules peuvent aujourd’hui compenser les pertes des autres localités. Le recouvrement des taxes et impôts fonciers (grosse cagnotte), de l’occupation du domaine public, de la taxe de résidence, de la taxe sur les véhicules et motos, des boissons et débits de boissons (à renforcer) sont de grandes sources de revenus pour l’Etat, qui profitent malheureusement plus aux individus (surtout les collecteurs) qu’à la caisse de l’Etat. Il faut y mettre de l’ordre. Mais même si je ne suis pas Damiba, j’espère malgré tout que le président Damiba va me lire et va puiser dans certaines de mes propositions qui sont bien détaillées et documentées et non publiables pour des raisons de sécurité.  Mais, ni la France, ni la Russie ou quiconque ne viendra libérer notre cher pays de cette invasion terroriste. Il faut compter sur nous-mêmes avec bien sûr l’appui des amis. Mais, seule la lutte libère et le peuple qui n’est pas capable d’assumer sa défense et sa sécurité, ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. C’est tout le sens de « La patrie ou la mort, nous vaincrons ».

 

Dieu bénisse le Burkina Faso.

 

Bakdoul, consultant »

 


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