HomeA la uneLE TRAVAIL DES ENFANTS PENDANT LES VACANCES SCOLAIRES : Cupidité ou désir d’aider les parents ?

LE TRAVAIL DES ENFANTS PENDANT LES VACANCES SCOLAIRES : Cupidité ou désir d’aider les parents ?


Le travail des enfants est un phénomène décrié par la loi. Pourtant, la situation de certains enfants reste ambigüe vu le contexte de précarité dans lequel ils se trouvent souvent. Poster au bord de la Route nationale n°3, ces enfants vendent des fruits sauvages pour avoir quelques francs. N’est-il pas nécessaire de repenser ce qu’on pourrait  appeler travail des enfants que la loi condamne ?

 

A certains endroits sur les routes nationales reliant Ouagadougou aux autres villes du Burkina, il n’est pas rare de voir des enfants aux abords des voies, vendant des fruits sauvages. Tout au long de ces routes, on les voit, accourant à chaque passage d’automobilistes, de motocyclistes ou de toute autre personne et brandissant leurs fruits sauvages. En effet, les parents sont les premiers responsables de ces enfants certes, mais il ne faut pas les condamner. Nous avons voulu en savoir plus sur ces enfants que nous voyons en toute saison sur la Route nationale 3 sur l’axe Ouagadougou – Kaya.

« Je suis venu de moi-même ; personne ne m’a envoyé. C’est après le champ que je suis allé chercher les karités pour vendre. Je peux avoir 500 francs chaque jour, mon petit frère aussi. Nous dépensons notre argent et nous gardons la moitié pour la rentrée prochaine. On pourra payer des sacs et des cahiers avec cet argent », c’est ce que nous a confié Hamidou, 14 ans, élève en classe de 4e. Son petit frère Madi  8 ans qui est élève au Cours élémentaire 1re année (CE1)  tenait, lui aussi, son plat de karité attendant avec impatience les passants. Plusieurs groupes d’enfants et parfois quelques adultes s’adonnent à cette activité de vente de fruits sauvages aux abords de nos routes.

A l’image de ces deux élèves que nous avons rencontrés, plusieurs mineurs s’adonnent volontiers à des activités génératrices de revenus pour assouvir leurs besoins. Pouvons-nous parler de travail de l’enfant lorsque l’enfant lui-même devient conscient de la pauvreté de ses parents et veut les en sortir ? Quoi de plus normal car l’instinct de survie recommande à tout homme qui jouit de ses facultés de lutter pour son épanouissement ? Nous pensons que lorsque l’enfant devient conscient du dénuement dans lequel il vit, on doit lui permettre d’essayer de contrer cette situation. La solidarité africaine est de nos jours une solidarité de façade car l’individualisme a pris du terrain ; c’est ce qui explique aussi le travail des enfants. L’entraide mutuelle d’antan a disparu. Lorsque l’enfant est obligé de se battre consciemment pour sa survie, peut-on l’appeler encore enfant ? Pour réussir la lutte contre le travail des enfants, nous pensons que l’Etat doit se donner les moyens de prendre en charge totalement les enfants. C’est après cette prise en charge de l’enfant que la loi pourra s’appliquer dans toute sa rigueur sur ceux qui exploitent les enfants.

L’éradication du travail des enfants passe par une réadaptation de la lutte à nos réalités et un renforcement de l’assistance à l’enfant en difficulté, afin de le rendre utile à sa nation dans l’avenir.

 

 

  1. Jonas SALOU

 (Correspondant)

 


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