HomeA la uneTUERIES AU BURUNDI : Mise en scène sanglante ou réelle tentative de déstabilisation ?

TUERIES AU BURUNDI : Mise en scène sanglante ou réelle tentative de déstabilisation ?


 

Les attaques de trois camps militaires dont deux à Bujumbura et un autre dans la province de Bujumbura rural au petit matin du vendredi 11 décembre 2015, ont fait officiellement  au moins 87 morts et plusieurs dizaines de blessés. Si les affrontements et les assassinats sont devenus banals depuis la candidature de trop de Pierre Nkurunziza et sa réélection unanimement condamnée par les démocrates du monde entier , c’est bien la première fois que des attaques aussi massives et apparemment bien coordonnées sont perpétrées. Et comme il fallait s’y attendre, les partisans du président Nkurunziza ont pointé un doigt accusateur sur les contestataires du  3è mandat de leur mentor, qu’ils considèrent désormais comme des « ennemis », comme pour mieux accentuer et justifier les représailles. Mais qui sont ces assaillants qui ont osé défier, par les armes,  la machine à tuer du Pasteur-Président et où se sont-ils repliés, après leurs spectaculaires opérations? Quelle est l’ampleur des dégâts causés à l’armée dite loyaliste après les assauts de ces contestataires d’un genre pas si nouveau que ça au Burundi, quand on se rappelle l’expédition ratée du Général Nyombaré et de ses hommes en mai dernier, contre les mêmes casernes? Quel lien peut-il exister entre les événements de vendredi dernier et l’étau que la Communauté internationale est en train de resserrer autour de Nkurunziza et son clan ? Bref, beaucoup de questions, mais très peu de réponses crédibles, puisque la seule version aujourd’hui disponible sur les violences au Burundi émanent de l’état-major de l’armée de Nkurunziza. Et c’est pour cela qu’avant même que les corps des victimes ne soient totalement dégagés des rues de Bujumbura, ceux qui connaissent les méthodes cyniques des dictateurs africains avaient commencé  à soupçonner une de ces horribles machinations que l’entourage du Président burundais aurait (encore ?) concoctée, avec un double objectif : émouvoir la communauté internationale devenue trop critique à l’égard du régime, et opérer une sanglante purge dans les rangs de l’armée, en « nettoyant » comme ils le disent, tous ceux contre lesquels   les autorités burundaises détiendraient des « indices sérieux et concordants » relatifs à leur déloyauté.

C’est l’incurie et le louvoiement de la communauté internationale qui ont encouragé les autres despotes

Cette hypothèse de montage grossier, voire grotesque, qui a été déjà expérimentée ailleurs en Afrique, serait la plus plausible, car un dictateur de la trempe de Nkurunziza n’est jamais à un coup tordu près, surtout si c’est pour son fauteuil et sa peau, face à des menaces et à des pressions tous azimuts. Toutefois, il n’est pas exclu que la série d’attaques contre les forteresses du régime soient l’œuvre de policiers et de soldats dont on dit qu’ils déserteraient par dizaines les rangs des forces de défenses et de sécurité burundaises. Si cette hypothèse était avérée, alors, ce serait le début du compte à rebours pour le très autiste Pierre Nkurunziza, et les prémices d’une énième guerre civile dans ce pays où les stigmates des précédentes sont encore visibles. Certes, les inconditionnels du président burundais ont toujours rassuré la communauté internationale que le scénario-catastrophe que tout le monde craint mais contre lequel personne  ne prend paradoxalement des mesures hardies, est loin de se réaliser au Burundi actuel. Mais à travers leurs actes, force est de reconnaître qu’ils ne sont pas plus crédibles qu’une prostituée qui clame sa virginité. Donc, la Communauté internationale est encore une fois interpellée afin de réagir en urgence afin que les Cirro-cumulus  qui s’amoncellent dans le ciel du Burundi, ne se transforment en Cumulonimbus qui provoqueront à coup sûr des orages et des tornades, avec des risques élevés de dégâts humains dans toute la région des Grands lacs. Les attaques, les perquisitions sanglantes et la césure de plus en plus visible au sein de la population, ne sont rien d’autre que des signaux que la Providence a peut-être bien voulu envoyer aux Nations unies et à la communauté africaine, afin d’éviter un autre holocauste dans cette partie du continent. Espérons  que les grandes puissances pourront déchiffrer ces messages de détresse et que la tragédie burundaise servira de leçon à tous ces démocrates sincères ou hypocrites qui ont laissé le fantôme du 3è mandat de Nkurunziza prendre confortablement place dans le palais présidentiel, avant de chercher désespérément à l’en déloger. C’est justement cette incurie et ce louvoiement de la communauté internationale qui ont, pour ainsi dire, encouragé les autres despotes de la région à franchir allègrement la ligne rouge qui avait été tracée par le peuple burkinabè en octobre 2014, en contraignant son insatiable président à l’exil. Sassou Nguesso du Congo Brazzaville, Joseph Kabila de l’autre Congo et Paul Kagamé du Rwanda ont visiblement voulu suivre leur homologue burundais dans son sprint contre l’alternance au pouvoir, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils y sont parvenus sans panache. Mais il est encore temps pour les partenaires et amis de ces différents pays, d’empêcher par tous les moyens économico-diplomatiques possibles, que les appels au secours lancés par les oppositions politiques et les Organisations de la Société Civile ne partent pas mourir, comme au Burundi, dans les limbes. Cela aura sans aucun doute le mérite d’éviter à ces peuples les scènes d’horreur auxquelles on a assisté à Bujumbura vendredi dernier, peu importe qu’elles aient été le résultat d’une sanglante mise en scène du pouvoir burundais ou d’une réelle tentative de déstabilisation des institutions.

Hamadou GADIAGA


Comments
  • Mr GADIAGA, détromper vous. Aucune communauté internationale ne viendra luter à la place d’un peuple. Cette communauté ne calcule que ses intérêts. C’est lorsque tout le peuple se lève comme un seul homme que la communauté internationale se met derrière lui parce qu’elle sait en ce moment que la chose peut basculer du coté du peuple. Mais si les intérêts sont protégés par le dictateur, seul l’abnégation du peuple pet le sauver. Le peuple Congolais connait ce sort avec un virus nommé Sassou qui protège les intérêt français et ça donné ce que tout le monde sait. Sassou président et la France exploite exploite les richesses. Tout le monde gagne, sauf le peuple congolais.
    Seul la lute libère.

    14 décembre 2015
  • J’ai toujours vos publications sur le Burundi mais je me demande pourquoi toujours des propos aussi hostiles à Nkurunziza? Vous ne dites rien quand les malfaiteurs qui jettent des grenades et tirent sur les innocents aux cabarets et dans les rues.

    15 décembre 2015

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