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UHURU KENYATTA A LA MAISON BLANCHE 


  Tapis rouge pour un dirigeant de « pays de merde »

Depuis le 25 août dernier, le président kényan, Uhuru Kenyatta, est en visite de quatre jours au pays de l’Oncle Sam, sur invitation du locataire de la Maison Blanche. Eh oui, le 45ème président des Etats-Unis, Donald Trump, qui avait créé la polémique  par l’une de ses sorties maladroites dont lui seul a le secret, en traitant les pays africains de « pays de merde », a déroulé le tapis rouge à l’un des dirigeants de ce continent. Pour autant, la Maison Blanche s’en trouvera-t-elle « souillée » ? Rien n’est moins sûr. Car le président kényan n’est pas le premier dirigeant de l’Afrique au sud du Sahara, à fouler du pied les moquettes moelleuses du Bureau ovale, puisque l’honneur était revenu, quelque quatre mois plus tôt,  au président nigérian, Muhammadu Buhari, d’être le premier chef d’Etat africain à être reçu par le successeur de Barack Obama.

Cette excursion du locataire du Kenya State House à la White House, s’apparente à une visite de raison

C’est pourquoi l’on est porté à se demander si le magnat de l’immobilier parvenu au sommet de la première puissance mondiale, a révisé sa position vis-à-vis de l’Afrique. A moins que ses propos, à l’époque, n’aient été plus hauts que sa pensée ou qu’il n’ait tout simplement été vite rattrapé par la realpolitik qui oblige à composer même avec les plus « faibles » ou présumés tels. Car, il est bien connu l’adage selon lequel « on a toujours besoin d’un plus petit que soi ». Et aujourd’hui plus que jamais, tout porte à croire que le président américain est en train de mesurer toute la portée de cette maxime. En tout cas, c’est ce que l’on est porté à croire, à la lecture du communiqué de la Maison Blanche qui indique que « cette rencontre va réaffirmer les relations entre les Etats-Unis et le Kenya en tant que pierre angulaire de la paix et de la stabilité en Afrique et dans la zone indopacifique ». C’est dire si ce déplacement du président kényan au pays de l’Oncle Sam, ne manque pas d’intérêt. Quoi qu’il en soit, cette excursion du locataire du Kenya State House à la White House, s’apparente à une visite de raison qui s’inscrit dans l’ordre normal des choses. Puisqu’au-delà des questions économiques et de coopération bilatérale, les sujets sécuritaires  et du processus de paix au Soudan du sud, seront aussi évoqués. En ligne de mire, les islamistes Shebabs à la solde d’Al Qaïda qui sévissent dans la région et contre lesquels l’Amérique est ouvertement en guerre puisque ces derniers n’hésitent pas à s’en prendre à ses intérêts à la moindre occasion. En tout cas, les Yankees ne sont pas prêts d’oublier les attaques barbares à la voiture piégée devant leurs représentations diplomatiques à Nairobi au Kenya et à Dar-es-Salam en Tanzanie en 1998, par des groupes islamistes anti-américains, qui avaient fait près de 234 morts. Depuis lors, Washington entretient de solides relations de coopération militaire avec Naïrobi, qui vont de la formation et des entraînements militaires au partage de renseignements et aux financements. En outre, quand on voit tout le rôle que les Etats-Unis ont joué dans la résolution de la crise postélectorale kényane, qui s’est traduite par un rapprochement du président Kenyatta avec son ennemi juré, l’opposant Raïla Odinga, l’on est porté à croire que cette sollicitation du président kényan par son homologue américain, Donald Trump, est une volonté de réchauffement des relations, qui n’est pas le fruit du hasard.

Le Kénya se présente aujourd’hui comme une puissance continentale avec laquelle il faut compter

En tout cas, en raison de sa position stratégique, du dynamisme de son économie et de sa relative stabilité, le Kénya se présente aujourd’hui comme une puissance continentale avec laquelle il faut compter.

Cela dit,  l’on espère que cette deuxième invitation d’un président africain par Donald Trump, en appellera d’autres, en attendant que l’iconoclaste président américain se décide à fouler le sol du continent noir pour dissiper tous les malentendus, tant on se demande parfois s’il n’a pas que des clichés par rapport à cette région de la planète.

Cela dit, après cette ouverture du président américain, les Africains qui avaient encore la dent dure contre le président Trump pour ses propos peu amènes à l’endroit du continent noir, ont à présent des raisons d’atténuer quelque peu leur…jugement sur le grand chef blond. En tout cas, cette deuxième invitation d’un dirigeant du continent, a toutes les allures d’une marque d’attention qui pourrait contribuer à polir un tant soi peu l’image du président américain dont les propos, au-delà du tollé et du choc émotionnel qu’ils avaient provoqués, résonnent encore dans les oreilles de nombreux Africains comme du mépris pour un continent qui mérite pourtant bien plus de considérations, ne serait-ce que pour le pillage de ses ressources par les grandes puissances qui ont imposé des règles d’échanges qui sont loin d’être équitables.

« Le Pays » 


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