HomeA la uneULTIMATUM DE NKURUNZIZA A SES ADVERSAIRES POLITIQUES : L’opposition tombera- t-elle dans la souricière ?

ULTIMATUM DE NKURUNZIZA A SES ADVERSAIRES POLITIQUES : L’opposition tombera- t-elle dans la souricière ?


 

Dans un message à la Nation  en  langue nationale, Pierre  Nkurunziza,  sur un ton qu’il voulait ferme, a lancé  lundi un ultimatum de cinq jours à ses concitoyens insurgés, après son passage en force à la dernière élection présidentielle. Toutefois, en dirigeant « débonnaire », il a tenté de rassurer  les éventuels repentis : «Vous serez accueillis par les forces de l’ordre, on vous apprendra à aimer votre pays pendant deux semaines, puis vous serez renvoyé parmi les vôtres ». Et pour sceller définitivement la paix des cœurs, il promet un dialogue national. On se surprendrait à lire la parabole de l’enfant prodigue de la Bible. Le prêche est certes fait par un pasteur, mais un pasteur qui cache une arme entre les feuilles de sa Bible. Le message n’est en rien nouveau et confirme bien la posture originelle de Nkurunziza, qui rime toujours avec imposture. Se parant d’une légitimité acquise au détour d’un hold-up  électoral, il prétend vouloir absoudre ses concitoyens insurgés de leur « forfait », celui d’être des «criminels armés». Dans cette dernière adresse à ses concitoyens, adepte des méthodes de Machiavel depuis son investiture, l’homme n’a cessé de manier la carotte et le bâton pour tenter de ramener dans les rangs  ses détracteurs. Alliant promesse d’amnistie et menaces ouvertes, il ne semble toujours pas avoir trouvé la formule magique pour dompter les forces du mal qu’il a lui-même libérées par sa boulimie du pouvoir. Quelles chances a-t-il de ne pas prêcher comme les fois antérieures, dans le désert ? Toute laisse croire qu’il n’aura pour seule réponse que l’écho des collines burundaises. D’abord, parce que le dialogue qu’il prône n’est pas inclusif.  L’appel au dialogue ne semble qu’un artifice pour contenter la communauté internationale qui lui met la pression pour organiser une concertation nationale avec tous ses opposants. Preuve de sa mauvaise foi, il exclut d’emblée l’opposition en exil. Ensuite, parce que Nkurunziza n’est pas un homme de parole. Violant les accords d’Arusha, il a remis unilatéralement en cause le consensus qui avait endormi le volcan burundais aux éruptions apocalyptiques.  Et pour paraphraser Ahmadou Kourouma, le chien ne changeant jamais sa façon de s’asseoir, il y a fort à parier que le satrape ne changera pas.

La vraie opposition devrait comprendre cet appel comme un hallali

Vraisemblablement, cet appel pue le piège. Si l’opposition mord  à cet appât, elle signe de facto son arrêt de mort. Et cela parce que Nkurunziza, aigri par son isolement international croissant et les différentes sanctions qui lui tombent en cascade dessus, s’est inscrit dans la logique du crime politique. Il ne peut plus sortir de ce cycle de violence. Et pour preuve : la série des crimes politiques ne finit pas de s’allonger tandis que  les prisons ne désemplissent pas. Trop de cadavres jonchent déjà son parcours. Il est donc dans la logique du pis-aller. Cela dit, pour l’opposition, tout pacte avec le diable lui enlèverait toute la sympathie des démocrates africains et de la communauté internationale qui soutiennent le combat de ce peuple. Au-delà du Burundi, ce serait une consécration de la dictature et une incitation aux autres sauriens de l’Afrique centrale qui nagent dans l’infecte saumure des modifications constitutionnelles. Mais nul doute que des moutons noirs du genre Agata Rwassa, appâtés par les prébendes que ne manquera pas de lui verser le régime, s’illustreront négativement en se bousculant aux portes de ce dialogue aux allures de soliloque. La vraie opposition devrait tenir la ligne dure et comprendre cet appel comme un hallali. Nkurunziza est en réalité aux abois, dépassé par la situation interne qui a atteint un niveau de putréfaction insoutenable, alors qu’aux portes du pays, l’orage gronde avec la rébellion en gestation.

 

SAHO


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