UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU : Les arriérés du FONER restitués aux étudiants de SEA et SH
C’est bientôt la fin du calvaire des étudiants des Unités de formation et de recherche en sciences exactes et appliquées (SEA) et Sciences humaines (SH) de l’Université de Ouagadougou. En effet, ils exigeaient leurs arriérés du Fonds national pour l’éducation et la recherche (FONER) et de meilleures conditions d’études au même titre que les autres étudiants des autres promotions. Et après avoir observé deux grèves, les 7 et 21 juillet derniers, la direction du FONER a décidé de satisfaire leur plate-forme revendicative, en leur restituant leur FONER comme ils l’avaient demandé, c’est-à-dire « un FONER, chaque année ». A ce titre, le dépôt des dossiers est ouvert depuis le 1er octobre dernier et se poursuit jusqu’au 17 octobre prochain. Certains étudiants que nous avons rencontrés ce 14 octobre ont apprécié la mesure qui vient, un tant soit peu, soulager leur peine. D’autres, par contre, estiment que beaucoup reste à faire. Ainsi, ils demandent à ce que l’administration trouve une solution aux chevauchements des années universitaires.
Gaston S. Djiguemdé, délégué de la promotion Licence1 Semestre2 (L1S2) Sciences de la vie et de la terre (SVT)
« Notre slogan « n-année, n-FONER » a été respecté »
« En tout cas, c’est un sentiment de joie puisque, tant de mois sans FONER, je vous avoue que ce n’était pas facile. Nous nous sommes battus pour cela, car il n’était pas question que nos promotionnaires des autres filières puissent bénéficier de 2 FONER et en attendent bientôt un 3e sans que nous, nous ne puissions bénéficier d’un 2e. Notre slogan « n-année, n-FONER » a été respecté et nous sommes très satisfaits, car cela va résoudre bien des problèmes que nous vivons au quotidien ».
Rihanata Segda, étudiante en Sciences et technologies (ST)
« Il ne faut pas que les autorités attendent que les étudiants sortent marcher avant de leur restituer leurs droits »
« Cela fait 2 ans que nous sommes en première année, avec un seul FONER. Nous avons tenu des marches 2 fois de suite, pour que nos arriérés du FONER soient restitués. Dieu merci, tout est rentré dans l’ordre aujourd’hui. Sinon, au tout début (NDLR : pendant les vacances), on y croyait pas, parce qu’on prenait la nouvelle pour des rumeurs. Mais ce que je demande, c’est que les autorités revoient leur façon de gérer l’UO, parce qu’il ne faut pas qu’elles attendent chaque fois que les étudiants sortent marcher avant de leur restituer leurs droits. Cette attitude ne nous honore pas en tant qu’étudiants, car beaucoup de personnes nous prennent pour des grévistes. Il faut qu’on se départisse de cette image et pour que cela soit possible, il faudra que les autorités respectent leurs engagements ».
Gaston Ouéna, étudiant en philosophie
« Personne n’est censé ignorer les difficultés que les étudiants rencontrent»
« Cela fait un an que je n’ai pas bénéficié du FONER et personne n’est censé ignorer les difficultés que les étudiants rencontrent car il faut se nourrir, se vêtir, payer son loyer sans oublier les documents. C’était un calvaire pour nous. Chaque fois qu’on faisait recours à un oncle ou à une connaissance pour un soutien, cette personne nous faisait savoir qu’elle ne pouvait pas nous aider d’autant plus que nous bénéficions du FONER à l’UO. Pourtant, cela faisait plus d’un an que nous ne percevions pas notre FONER. Quand nous avons appris la nouvelle pendant les vacances, nous n’y croyions pas. Mais aujourd’hui, c’est un sentiment de joie qui m’anime »
Alassane Zallé, étudiant en ST
« Nous avons vécu un calvaire »
« On a passé 2 ans sans le FONER et je vous avoue que nous avons vécu un calvaire. Aujourd’hui, je suis venu pour le dépôt et je suis très ému de cette mesure. Ce n’est pas facile pour un étudiant de survivre à Ouagadougou sans le FONER parce que, sans celui-ci, il est difficile de se documenter, de se nourrir, sans parler du logement. On est très content mais il faut que cela s’améliore parce que beaucoup reste à faire. Sinon, 175 000 F CFA, ce n’est absolument rien. Surtout qu’on a fait des mois sans quelque chose. On a déguerpi les tenants de kiosques du campus et pour pouvoir photocopier un cours il faut carrément sortir et le faire à 25 F CFA la page. Que les autorités revoient la valeur de la somme du FONER à la hausse ».
Adama Sawadogo, étudiant en SVT
« Ce n’est pas la peine de donner le FONER aux étudiants sans pouvoir résoudre le problème du retard »
« Le problème du FONER est résolu et c’est une bonne chose. Mais il faut que les autorités revoient le pire des cas qu’est le retard. J’ai eu le BAC en 2011 et je suis toujours en 2e année. Ce n’est pas normal, car beaucoup de mes promotionnaires qui sont dans les autres filières sont en 4e année actuellement. Ce n’est pas la peine de donner le FONER aux étudiants sans pouvoir résoudre le problème du retard. Pour moi, il ne sert à rien de recevoir un FONER chaque année, sans pouvoir passer en classe supérieure. Recevoir 5 FONER en étant en 2 promotions ne résout pas nos problèmes. Nous sommes des adultes et nous avons besoin de construire notre vie ».
Mamouda TANKOANO