HomeA la uneUNIVERSITES PUBLIQUES DU BURKINA : Temples du savoir ou murs des lamentations ?

UNIVERSITES PUBLIQUES DU BURKINA : Temples du savoir ou murs des lamentations ?


Aujourd’hui 21 juin débute la session normale du baccalauréat 2016. L’examen se déroule en deux temps. Il y a d’abord les épreuves du premier tour. Au plus tard le 30 juin prochain, date impérative, les résultats du premier tour devraient être rendus publics. Les candidats qui ne passeront pas haut la main cette étape et qui auront obtenu au moins 8,5 de moyenne sur 20 seront autorisés à subir les épreuves du second tour. Celui-ci commence le 4 juillet prochain et se termine au plus tard le 8 juillet. Le baccalauréat, rappelons-le, est le premier des grades universitaires, sanctionné par un diplôme qui marque le terme des études secondaires. La session de 2016 s’ouvre alors que certains des admis de 2015 viennent à peine d’effectuer leur rentrée dans la plupart des universités publiques du Burkina. Il se pose alors la grande question de savoir à quel moment ceux qui auront la chance de décrocher leur parchemin cette année feront leur rentrée au titre de l’année universitaire 2016-2017. A cette question, seuls ceux qui ont une maîtrise parfaite des techniques divinatoires, c’est-à-dire les géomanciens, peuvent se risquer à apporter une réponse. Car, depuis pratiquement plus d’une décennie, l’on ne sait plus quand commence une année universitaire encore moins quand elle se termine. Mais personne ne doit être étonné outre mesure puisque nous sommes dans un pays qui ressemble à bien des égards au Gondwana de  Mamane. Et dans ce genre de pays, l’on ne s’attaque jamais aux racines des problèmes à l’effet de leur trouver des solutions adéquates et durables. L’on préfère plutôt naviguer à vue dans le meilleur des cas. Et dans le pire des cas, l’on opte pour la posture de l’autruche. C’est ce à quoi l’on assiste véritablement dans les universités publiques du Burkina, si fait que toutes les années universitaires se suivent et se ressemblent. Elles sont toutes marquées systématiquement par un dérèglement chronique du calendrier d’accueil des nouveaux bacheliers. Au temps où les choses étaient bien articulées et agencées, la rentrée s’effectuait généralement en octobre. Et les cours prenaient fin en mai. Au plus tard en juillet, les résultats étaient publics. Les recalés avaient la latitude de se rattraper par le biais de la session de septembre. Certes, à l’époque, tout ne baignait pas dans l’huile à l’université mais force est de reconnaître que la situation était loin, très loin du capharnaüm qui a pris possession de la quasi-totalité des universités publiques du Burkina depuis un certain temps.

 

Il urge que l’Etat prenne à bras-le-corps la question des universités publiques en privilégiant les solutions structurelles

 

Les choses ont véritablement commencé à se gâter à partir des années 2010, date à laquelle le fameux système LMD (Licence-Master-Doctorat) a été introduit dans les universités publiques. Depuis lors, nos universités publiques censées être des temples du savoir s’apparentent à des murs de lamentations et pour cause. Premièrement, les années universitaires sont devenues pratiquement folles. Nul ne peut dire avec exactitude leur durée. De ce fait il peut arriver qu’un étudiant, au bout de trois ans, se retrouve encore en première année. Deuxièmement, l’on peut évoquer le problème de l’insuffisance criarde des infrastructures. Il en résulte que le fait pour un étudiant de trouver une place assise et même debout dans les amphis pour suivre sereinement un cours, relève d’un parcours du combatant. Tous ceux qui ont connu l’université de Ouagadougou à l’époque où elle était normale, ne manqueront pas d’écraser une larme de compassion face au martyre dont souffre l’écrasante majorité des étudiants des universités publiques du Burkina. Troisièmement, l’on peut mentionner l’insuffisance du personnel enseignant. Par rapport à certaines filières, l’on peut se demander si l’Etat n’a pas pris l’option de les fermer, au regard du fait qu’aucune mesure de recrutement n’est envisagée pour remplacer les rares professeurs qui, progressivement, sont admis à la retraite. Quatrièmement, il y a le problème du système d’évaluation. A ce niveau, c’est la sélection à outrance qui est appliquée à telle enseigne que le fait de passer de la première année à la 2e relève pratiquement du miracle. La situation est devenue tellement intenable que certains étudiants en sont arrivés à se demander si leurs copies sont évaluées selon les règles de l’art. Ce faisant, les universités publiques sont devenues des goulots d’étranglement impitoyables. Tous ces problèmes ci-dessus évoqués et ils ne sont pas exhaustifs, démotivent les étudiants et impactent négativement la qualité de l’enseignement. C’est pourquoi, les nantis préfèrent envoyer leurs enfants dans les universités privées où ils peuvent avoir la chance d’étudier dans de bonnes conditions humaines et où ils peuvent recevoir une formation de qualité dans un temps bien déterminé. Pendant ce temps, les enfants des pauvres s’entassent dans les universités publiques où à force d’être broyés par les multiples problèmes, ils en sont arrivés à devenir des contestataires professionnels. C’est pourquoi il urge que l’Etat prenne à bras-le-corps la question des universités publiques en privilégiant les solutions structurelles. Car les solutions conjoncturelles à l’image de celle portant sur le blanchiment technique de l’année universitaire, qui, on se rappelle, avait été initié pour résorber certains problèmes des universités publiques, ont fait la preuve de leur inefficacité.

 

Sidzabda  


Comments
  • Voici un problème très sérieux qui mérite d’être résolu au plus vite. Mais le gouvernement semble aveugle sur ce problème. Notre éducation a de plus en plus un niveau lamentable, et c’est très grave.

    22 juin 2016
  • La situation académique et sociale des Universités Publiques au Burkina Faso constitue un exemple patent de l’Échec voulu ou du manque d’intérêt des pouvoirs publics durant le règne sur trois décennies de Blaise Compaoré et de ses affidés. Mais, quelque part j’accuse surtout les Ministres des enseignements supérieurs sous l’ancien régime qui n’ont pas pris à bras le corps les problèmes de ces Universités Publiques; étant pourtant eux-mêmes issues de ce corps et n’ont pas élaboré plan nationale de développement des Universités. Figurez vous également qu’il ,est presque inexistante des écoles supérieurs et professionnelles d’excellence au Burkina Faso, alors que en matière d’enseignants du supérieur le pays se classe parmi les trois premiers de l’Afrique de l’Ouest. Les nouvelles autorités ont donc du pain sur la planche! Courage et Salut !

    23 juin 2016

Leave A Comment