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UTILISATION DES VEHICULES DE L’ETAT A DES FINS PERSONNELLES : 18 “fond rouge” en fourrière


La Direction générale des affaires  immobilières et de l’équipement de l’Etat (DGAIE), en collaboration avec les Forces de l’ordre et de sécurité, a procédé au contrôle de l’utilisation des véhicules  de l’Etat, les 8 et 9 juillet 2016. Etaient concernées par cette opération, les villes de Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Koudougou, Ouahigouya et Fada N’Gourma. Au terme des opérations, 249  véhicules ont été contrôlés  et 18  mis en fourrière.

Vendredi 8 juillet 2016. Il est 20h, nous sommes à la Direction de la police municipale de Ouagadougou, sise au quartier Patte d’Oie de la même ville. Le contrôleur  de la Police municipale, Sébastien Ouédraogo, appelle ses hommes et leur donne des consignes. Elles  sont claires ! Interpeller et vérifier la conformité des  documents des véhicules de l’Etat communément appelés fond rouge. « Même si les documents sont à jour ou en bonne et due  forme, vous devez retirer  tout véhicule devant les lieux mondains tels que les bars, les maquis, les chambres de passe », précise t-il. Après avoir reçu les consignes  de leur supérieur hiérarchique, les policiers commis à la tâche embarquent, et en petits  groupes, ils prennent d’assaut les artères de la capitale burkinabè.  «  Ouaga By nigth », murmure  mon collaborateur Etienne Kafando.  30 minutes plus tard, Sébastien Ouédraogo  reçoit un coup de fil de ses hommes. Le premier utilisateur indélicat est interpellé, nous confie-t-il.  Au même moment, le Directeur du parc automobile de l’Etat, Karim Traoré, qui venait à peine d’arriver, est appelé au secours de l’Equipe de la télévision nationale qui devait prendre part  à la même opération. Elle a été interpelée par la police nationale.  Après 10 minutes de route, nous sommes à l’intersection sur l’avenue Bassawarga et l’aéroport. Nous voyons le confrère Arouna Maré et son équipe. Remonté, il relate ce qui s’est passé. Le Directeur, Karim Traoré, rejoint   l’équipe de la police nationale et vite,  le problème est réglé.    Une fois à la Direction de la police municipale,  après un bref entretien,  place a été  donc faite  à la tournée avec les policiers.  Aux environs de 22h 30,   après un coup de fil, le directeur du parc automobile de l’Etat est à nouveau sollicité.  Direction la cour du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO). Une fois sur les lieux, on constate avec surprise,  une folle discussion entre les policiers et un utilisateur de fond rouge.

 

23 mis en fourrière en 2015

 

Les policiers se plaignent du fait que ce dernier, en plus d’avoir stationné devant un lieu interdit (un maquis), refuse de coopérer.  L’autre, sous prétexte qu’il est professeur de droit, dit avoir le droit de garer là où le véhicule est stationné. Le ton monte d’un cran.   « Nous  faisons cours ici. C’est le restaurant universitaire et   voici les amphis. Nous connaissons le règlement (NDLR : document relatif à l’utilisation des véhicules de l’Etat). Si vous voulez, écrivez (NDLR : il s’adresse aux journalistes). Je ferai un droit de réponse.  C’est un lieu de cours. Je suis libre… », fulmine celui qui dit être professeur de droit à l’Université de Ouagadougou.   « Si vous voulez garer là où vous voulez, utilisez votre propre véhicule.  Dérange t- on ceux qui sont venus  avec leurs propres  véhicules ?  Ne vous foutez pas des gens. Trouvez-vous  qu’il est normal d’être fautif et de se permettre de  narguer les policiers sous prétexte que vous êtes un professeur d’université ? », lui lance  un policier.  Après échange de ces  mots assez fermes, les amis du « Prof » ont essayé de négocier, mais il était top tard. La grue était là.  Elle transporte le véhicule, en direction de  la Direction de la police municipale. Notre tournée prend ainsi fin aux environs  de 1h du matin.  Rendez-vous est donc pris pour le lendemain. En plus, pour ce véhicule, confie Léa Zagré /Rimtoumda, Directrice générale des affaires  immobilières et de l’équipement de l’Etat (DGAIE), 9 autres véhicules ont été mis en fourrière le 8 juillet 2016 après 3 heures de contrôle (20h-23h), à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso. Ont pris part à cette opération de contrôle, la Police nationale, la Police municipale et la Gendarmerie nationale.  Le lendemain 9 juillet,  deux véhicules ont été mis en fourrière à Koudougou et à Ouahigouya. 6 autres ont  subi le même sort  à Ouagadougou le même jour. Signalons  que  l’incident avec le professeur  n’est pas  le premier du genre. En effet,    en novembre 2015, un autre utilisateur qui disait être un procureur, avait refusé de collaborer avec les Forces de l’ordre  alors que le véhicule qu’il conduisait  était stationné devant un lieu mondain. C’est ce qui s’est passé encore en 2016 avec le  « prof  de droit », qui estime qu’il a le droit d’utiliser en tout lieu et à tout moment le véhicule mis à sa disposition. Propos  exagéré,  selon Léa  Zagré/Rimtoumda, Directrice  générale des affaires  immobilières et de l’équipement de l’Etat.  Pour elle, même si un utilisateur a tous les documents  en bonne et due forme, aucune personnalité n’a le droit de détourner la destination d’un véhicule mis à sa disposition.  A noter que cette opération est une activité régulière de la DGAIE. Elle a  souvent lieu deux fois par an. En   janvier  2015,  228 véhicules  avaient été  contrôlés dont  23 mis en fourrière. En novembre de la même année, 14 personnes avaient été épinglées et leurs véhicules mis en fourrière.  Signalons que la Direction générale des affaires immobilières et de équipement  de l’Etat (DGIAE), ancienne   Direction générale du patrimoine de l’Etat, est l’une des  structures principales du ministère de l’Economie et des finances et du développement.  Ses  missions sont, entre autres,  la gestion du patrimoine immobilier de l’Etat, la gestion des bâtiments de l’Etat,  la gestion des bâtiments privés pris en location par l’Etat.  La gestion de l’eau, de l’électricité,  du téléphone  et le parc automobile de l’Etat, font également partie de ses missions.  

 

Issa SIGUIRE

 

 


Comments
  • Monsieur le Directeur de Publication des Editions Le Pays
    Dans votre livraison N°6138 du lundi 11 juillet 2016 votre collaborateur du nom d’Issa SIGUIRE a écrit un article incriminant un enseignant de droit pour une utilisation abusive d’un véhicule de l’Etat. Ayant été témoin de la scène, je voudrais apporter ma modeste contribution afin d’éclairer l’opinion publique nationale et internationale sur la réalité des faits. J’espère que par souci de traitement équitable de l’information, vous allez publier cet article.
    Le conducteur du véhicule « fond rouge » transporté par un camion porte char de la cour du SIAO à la Direction générale de la police municipale était rentré de mission ce même jour vendredi 8 juillet 2016 et s’est rendu sur un lieu qui est entre autres son lieu de travail. En effet, le SIAO est un site de cours où les étudiants prennent les cours depuis l’année universitaire 2000-2001 à la suite de l’invalidation de l’année 1999-2000 survenue le 6 octobre 2000. Il devait rencontrer des enseignants missionnaires (que son administration avait invités pour des dispenser des cours dans les filières de formations continues qui se déroulent en semaine de 18H à 22H) en fin de séjour d’enseignement dans leur structure, donc au Burkina Faso. Le parking à l’intérieur du SIAO étant plein de véhicules, il a continué et a garé la voiture entre des pavillons universitaires, le restaurant universitaire (RU) du SIAO et le TITIS SIAO. Les agents de la police municipale effectuant leur mission de contrôle ont demandé à rencontrer la personne qui a garé le véhicule. Il s’est rendu et leur a expliqué qu’il revenait de mission (sa valise, son ordinateur portable et des copies d’étudiants qu’il avait emporté pour corriger lors de sa mission, étaient dans le coffre de la voiture) et que le SIAO étant leur lieu de travail, il n’a pas trouvé d’inconvénients à garer la voiture dans la cour. Il a en plus présenté un laisser-passer qui l’autorise à circuler avec la voiture après les heures de cours (22H) pour se rendre à la maison. Les policiers municipaux lui ont demandé son permis de conduire qu’il leur a donné pour vérification puis un des agents de police le lui a remis. Les échanges ont porté sur l’interprétation de la signification que l’on donne aux lieux mondains. Le conducteur de la voiture a estimé que son lieu de travail n’est pas un lieu mondain. Par contre, les agents de la police municipale ont estimé que le SIAO est un lieu mondain et que ce dernier veut leur montrer leur travail, chose d’ailleurs qui, en aucun cas de figure, il n’a tenté de faire car il leur a plusieurs fois répété qu’il est enseignant en droit (en aucun cas il a dit qu’il était professeur de droit) et qu’il respecte la tenue, donc leur travail. Ils ont tenté d’avancer qu’il a retiré son permis de conduire. Fort heureusement, les témoins présents ne leur a pas permis de continuer sur cette lancée. Ils ont voulu procéder à des intimidations en disant qu’il refuse d’obtempérer et qu’ils vont le verbaliser. Il leur a dit d’appliquer la procédure qu’ils estiment la bonne. La tension est naturellement montée car ce dernier leur a dit qu’ils sont tous (les policiers municipaux et lui) des acteurs du respect des textes et qu’il a parfaite connaissance des textes régissant l’utilisation des véhicules de l’Etat. Il a précisé qu’ils n’ont pas la même interprétation de lieux mondains car son lieu de travail n’est pas un lieu mondain.
    Dans de pareilles circonstances et pour éviter des polémiques, le conducteur de la voiture a tenté d’appeler le commandant de la police municipale afin de lui expliquer la situation pour une issue heureuse. Les agents de la police municipale quant à eux, au lieu de rendre compte d’abord à leur supérieur direct, ont opté pour la saisine de la presse télévisée, écrite et électronique qui se sont rendus sur les lieux. Ceux-ci ont procédé à des prises de photos comme vous le constatez vous-même, ont recueilli uniquement les commentaires des agents de la police municipale et ont voulu par la suite recueillir celui du conducteur de la voiture (visiblement irrité par cette stigmatisation dont il a fait l’objet, lui qui malgré la fatigue du retour de mission a rejoint des enseignants sur leur site de cours pour échanger avec eux sur des questions pédagogiques) qui a refusé tout commentaire à chaud dans le cadre de cette procédure préliminaire. Il a donné les clés de la voiture pour que l’on puisse la conduire et la remorquer sur la grue. En quoi donc a-t-il refusé de coopérer ? Les policiers avec la clé n’avaient-ils pas la latitude de conduire eux-mêmes la voiture au poste?
    Monsieur le Directeur de Publication, votre journal s’est construit une notoriété avec des journalistes de renom, des journalistes qui font toujours la fierté des Editions le Pays et le plaisir pour les clients de lire leurs articles car ils prennent le temps de mener des investigations sérieuses. Ce ne sont donc pas des journalistes à afflux des scoops contestables. Dans l’article tristement célèbre de monsieur Issa SIGUIRE, il précise bien qu’arrivé sur les lieux, il constate « une folle discussion entre les policiers et un utilisateur de fond rouge ». Cela suppose qu’il n’était pas présent dès le début des discussions. Mais comme l’on veut être le premier à publier l’information, peu importe un traitement inéquitable de celle-ci. Publions pour être les premiers à parler de l’évènement ! On ne se donne même pas le peu de temps nécessaire pour mener des investigations sérieuses. La preuve est que monsieur Issa SIGUIRE ignore royalement que depuis 2007, l’UFR des Sciences Juridiques et Politiques n’existe plus à l’Université de Ouagadougou mais à l’Université Ouaga II. Secondo, l’Université de Ouagadougou a été baptisée Université Ouaga I, Pr Joseph Ki-ZERBO. Pour un journaliste qui suit l’actualité de son pays, de pareilles erreurs à l’écrit sont inadmissibles. Autre chose, monsieur Issa SIGUIRI en affirmant de façon péremptoire que le conducteur du véhicule « sous prétexte d’être un professeur de droit dit avoir le droit de garer là où le véhicule est stationné », se contredit lui-même par les propos de l’enseignant qu’il avance immédiatement « nous faisons cours ici. C’est le restaurant universitaire et voici les amphis. Nous connaissons le règlement (NDLR : document relatif à l’utilisation des véhicules de l’Etat). En effet, c’est moins la qualité d’enseignant qui est mise en exergue ici mais plutôt le site où la voiture était garé qui selon l’enseignant est sur son lieu de travail qui n’est pas un lieu mondain. Dans les grandes universités vous avez des restaurants, des mosquées, des Eglises, des boutiques ou alimentations, des salons de coiffure etc. Le SIAO n’est pas une université certes mais elle est un site de cours, un lieu de travail des enseignants. Actuellement, plus de dix milles étudiants suivent les cours dans les pavillons du SIAO soit plus de la moitié des étudiants de l’Université Ouaga II. Doit on considérer ce lieu comme un lieu mondain ?
    Dans ce cas de figure, pour un traitement équitable de l’information, il aurait fallu à tête reposée, rencontrer le conducteur de la voiture le lendemain.
    Monsieur Issa SIGUIRI doit être fier d’avoir fait son scoop. Cependant, il s’est trompé de cible car il est tombé sur une personne consciencieuse et qui malgré la fatigue du retour d’une mission s’est rendue sur son lieu de travail afin de rencontrer des enseignants missionnaires (qu’il a invité pour dispenser des cours à nos étudiants) en fin de séjour au Burkina Faso. Fort heureusement, sa hiérarchie consciente des efforts qu’il fournit, l’a encouragé dans ses moments difficiles.
    Il convient donc de clarifier le contenu de lieux mondains pour permettre à tous les justiciables de mieux le comprendre.
    En somme, l’opération de contrôle des véhicules de l’Etat est une noble opération qui permet corriger les abus. Mais il ne faudrait pas que ceux qui mènent ces opérations tombent eux-mêmes dans des situations d’abus de droit, d’arbitraire.

    Justice OUEDRAOGO

    12 juillet 2016
  • Bravo Jutice Ouédraogo! Gardez votre mémoire en défense pour soutenir ” votre client” lorsqu’il écrira à son ministre. Les faits sont là, têtus! Si votre client ne vous a pas dit toute la vérité, sachez que les policiers l’ont vu avec plusieurs autres personnes autour d’une table dans un lieu mondain. ‘Titis ” au sein du SIAO. Un lieu fréquenté aussi par les étudiants. Que penseront les étudiant lorsqu’ils verront leur enseignant dans un tel lieu au delà de 23h? j’espère que vous avez écrit à la Police municipale et à la Direction générale des affaires immobilières et de l’équippement de l’Etat (DGIAE), parce que c’est elle, en collaboration avec les force de l’ordre qui a initié ce contrôle. pas moi! je n’ai fait que ce qu’on me demande de faire. rapporter les faits. je m’appelle SIGUIRE et non SIGUIRI comme vous l’avez écris.

    17 juillet 2016

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