HomeA la uneVALIDATION DES CANDIDATURES A LA PRESIDENTIELLE NIGERIENNE : Une victoire d’étape pour Hama Amadou  

VALIDATION DES CANDIDATURES A LA PRESIDENTIELLE NIGERIENNE : Une victoire d’étape pour Hama Amadou  


 

Après examen, la Cour constitutionnelle du Niger vient de valider 15 candidatures pour la présidentielle du 21 février prochain. Sur les 16 dossiers déposés, sauf celui d’un inconnu du grand public a été refusé, pour, dit-on, vice de forme sur son certificat médical. Toutes les personnalités politiques donc qui comptent et qui avaient déposé leur candidature, ont obtenu le quitus de la Cour constitutionnelle pour briguer le fauteuil tant convoité de président. Parmi ces candidatures, l’on peut s’arrêter sur celle des deux personnalités mises en cause dans l’affaire de trafic présumé de bébés nigérians. La première personnalité concernée est Abdou Labo, ancien ministre de l’Agriculture qui est aujourd’hui en liberté provisoire et qui n’a pas manqué de jeter des fleurs à la Cour constitutionnelle.

L’on peut rendre hommage à l’ensemble de l’institution judiciaire

La deuxième personnalité concernée est l’enfant terrible de Youri, Hama Amadou. Les partisans de ce dernier, à juste titre, ont poussé un ouf de soulagement, en attendant la suite des événements. La grande question que ceux-ci se posent maintenant est de savoir si leur mentor sera mis en liberté provisoire ce lundi 11 janvier, ou si la Cour d’appel qui doit rendre sa décision choisira de le laisser en prison. En attendant cette décision, l’on peut déjà saluer le fait que la Cour constitutionnelle a autorisé Hama Amadou à briguer le fauteuil de président en validant sa candidature, bien que ce dernier soit aujourd’hui en détention. Ce faisant, elle a traduit dans les actes, un principe universel de justice, c’est-à-dire la présomption d’innocence. La Cour constitutionnelle a donc estimé qu’en l’état actuel des choses, Hama Amadou est blanc comme neige dans l’affaire de trafic présumé de bébés nigérians, et ce jusqu’à ce que les preuves de sa culpabilité soient établies à l’occasion d’un procès. La Cour constitutionnelle a donc dit le droit et rien que le droit dans cette affaire que bien des Nigériens, surtout ceux de l’opposition, avaient vite fait d’assimiler à une affaire politique dont l’objectif caché est d’éliminer un prétendant sérieux à la course à la présidentielle. Avec donc une telle décision, la Cour constitutionnelle vient d’apporter la preuve, peut-on dire, qu’elle ne roule pas pour le pouvoir en place qui, soit dit en passant, n’aurait pas crié au scandale de voir Hama Amadou recalé par cette juridiction. Et cela est de bonne guerre. Mais au- delà de l’attitude de la Cour constitutionnelle qui devrait bien lui valoir le satisfécit de tous ceux qui sont épris de démocratie, l’on peut rendre hommage à l’ensemble de l’institution judiciaire du Niger en général. En effet, celle-ci, de par le passé, avait déjà posé des actes qui illustrent son indépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif. L’on se souvient qu’en 2010, la présidente de la Cour constitutionnelle de l’époque avait, sans ambiguïté, signifié à Mamadou Tandja que sa candidature à la présidentielle, après qu’il ait épuisé son deuxième mandat, était en violation de la loi fondamentale. Plus récemment encore, l’on a assisté à une sortie courageuse du procureur de la République dans laquelle, il avait ordonné la libération de journalistes embastillés pour délit de presse.

Les partisans de Hama Amadou doivent être disposés à accepter la décision de la Cour d’appel

De ce point de vue, l’on peut dire que la décision que vient de prendre la Cour constitutionnelle à propos des candidatures à la présidentielle, n’est pas étonnante. Au-delà de sa dimension conjoncturelle, elle s’inscrit de manière harmonieuse dans une posture d’indépendance affichée du pouvoir judiciaire dans le pays. Et cela est chose assez rarissime sous nos tropiques pour être relevée. En effet, dans bien des pays africains, l’on peut aisément faire le constat que le principe de la séparation des pouvoirs théorisé par Montesquieu au 18e siècle, est un jeu de dupes aujourd’hui. Il n’engage donc que ceux qui y croient. Dans ce genre de pays, l’opposition, en toute légitimité, peut recourir à la rue pour faire valoir ses droits. Le Niger, aujourd’hui, de toute évidence, n’est pas dans ce cas de figure. C’est pourquoi l’opposition nigérienne a le devoir de s’inscrire dans une démarche républicaine en recourant toujours à la Justice de son pays, à chaque fois qu’elle estimerait être victime d’actes hors-la-loi de la part du pouvoir. Cela s’appelle simplement avoir un esprit républicain. Et la démocratie en a besoin pour grandir. Autant les partisans de Hama Amadou applaudissent des deux mains la validation de la candidature de leur mentor, autant ils doivent être disposés à accepter la décision de la Cour d’appel au cas où cette juridiction choisirait de laisser en prison l’enfant terrible de Youri. Au-delà du cas Hama Amadou, l’opposition nigérienne doit se garder de jeter le bébé avec l’eau du bain. Car le Niger, même s’il n’est pas un exemple achevé de démocratie en Afrique, est loin d’être une République bananière. Des efforts peuvent donc être faits pour améliorer l’existant, mais cela doit être fait dans un cadre républicain. Et cela passe d’abord par le respect des décisions de justice. En attendant celle que la Cour d’appel va donner aujourd’hui par rapport à la mise en liberté provisoire de Hama Amadou, l’on peut dire que ce dernier vient de remporter une victoire d’étape avec la validation de sa candidature à la présidentielle. Qu’en sera-t-il de la prochaine étape ? La réponse est entre les mains de la Cour d’appel. Tout le Niger retient son souffle en attendant cette réponse qui, en principe, sera connue dans les heures qui suivent.

« Le Pays »


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