HomeA la uneVERDICT DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL : Les acteurs politiques face à leurs responsabilités

VERDICT DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL : Les acteurs politiques face à leurs responsabilités


 

Le 25 août dernier, le verdict du Conseil constitutionnel sur les recours en annulation de certaines candidatures aux législatives  du 11 octobre prochain, tel un couperet, est tombé. On retient principalement que certains candidats du CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès) et alliés ont été purement et simplement déclarés inéligibles. Il faut dire que ces personnes recalées l’ont été suite à un recours déposé contre leurs candidatures par un citoyen, en la personne de Dabiré Angelin.

L’on peut estimer que le droit a été dit

Le mérite de cet homme est d’avoir, contrairement aux autres, fait preuve d’une maîtrise de l’écriture juridique dans la formulation de son recours. La forme tenant donc le fond en l’état dans ce domaine en particulier, les juges constitutionnels, sur cette base, ont examiné le fond pour in fine trancher en faveur du sieur Dabiré. Ce verdict, on le sait, a suscité l’ire du CDP qui a immédiatement riposté en appelant à une désobéissance civile. Mais, l’on peut estimer que le droit a été dit. Et cela a été fait par une institution à laquelle les Burkinabè devraient faire confiance pour peu qu’ils veuillent construire une démocratie forte, c’est-à-dire une démocratie basée sur le droit et l’intérêt général et qui, de ce fait, transcende les intérêts des individus. Une telle démocratie que les satrapes ont en horreur, repose essentiellement sur une justice crédible qui sait s’élever au-dessus de la clameur pour prendre de manière éclairée et sereine ses décisions. Dans le cas d’espèce, c’est ce qui semble avoir été observé par le Conseil constitutionnel. Cette cour que dirige le juge Kambou, qui avait déjà récemment, on se rappelle, démontré le professionnalisme et l’impartialité de ses membres, en jugeant irrecevables bien des recours provenant d’acteurs politiques et de certaines associations de la société civile, mérite qu’on lui fasse confiance. Les Burkinabè épris de démocratie doivent d’autant plus le faire, qu’avec les événements des  30 et 31 octobre derniers, le Burkina semble avoir tourné la page des juges acquis pour reprendre l’expression d’une personnalité du régime déchu de Blaise Compaoré. Le contexte politique du pays, marqué essentiellement par une neutralité institutionnelle, est pour quelque chose dans l’attitude impartiale du Conseil constitutionnel face à la foultitude de recours déposés. Et puis, pour ajouter à son crédit, par rapport au verdict qu’il vient de prononcer, l’on ne peut pas dire que le Conseil constitutionnel s’est écarté de l’esprit du jugement de la Cour de justice de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). En effet, cette structure n’a jamais dénié au Burkina le droit d’exclure  de la compétition électorale, les dirigeants des partis qui s’étaient rendus coupables du tripatouillage de la Constitution. Seulement, elle s’était inquiétée de constater, à juste titre, que l’article 135 du nouveau Code électoral, tel qu’il a été formulé, était susceptible, dans son application, d’aboutir à une exclusion massive de citoyens du jeu électoral. Cette nuance, bien des acteurs politiques semblent l’avoir oubliée, à dessein peut-être, pour semer la confusion dans les esprits en laissant croire que tout le monde pouvait s’inviter aux échéances électorales à venir. Au regard donc des 42 candidatures que le Conseil constitutionnel a invalidées, on ne peut pas dire qu’il a fait de l’exclusion massive qui le met en porte-à- faux avec la décision de la CEDEAO.

Le Conseil constitutionnel aura œuvré à une alternance au sein de certains partis

Il est difficile, en effet, de trouver sur cette planète un seul pays qui a connu des problèmes politiques analogues à ceux que le Burkina a vécus, les 30 et 31 octobre derniers, et qui n’a pas procédé à des sanctions à l’endroit des dirigeants politiques qui en ont été à l’origine et ce, de manière consciente. L’exemple de la Tunisie peut être cité à cet effet. Là-bas, et le monde entier en a été témoin, non seulement le parti de l’ancien président Ben Ali avait été immédiatement dissous, mais aussi ses principaux responsables avaient été jetés en prison. Et personne n’avait crié au scandale ni à l’exclusion. Car cela s’appelle simplement le retour de l’ascenseur et participe de l’édification de la culture de la responsabilité en politique, qui veut que chacun assume ses actes. De ce point de vue, l’on peut faire le reproche à la Transition burkinabè de ne s’être pas inscrite très tôt dans ce schéma. On peut lui reprocher notamment d’avoir fait preuve d’excès de scrupules voire de laxisme dans la poursuite en justice de certains acteurs politiques dont l’implication active dans la survenue du drame qui avait frappé notre pays, était manifeste. Les autorités de la Transition ont donné à ces personnes tant d’espoir et de répit qu’elles ont pu organiser la contre- offensive, et cela est de bonne guerre. En tout cas, il n’est pas normal de faire espérer des gens, pour les décevoir ensuite. Sous cet angle, la réaction du CDP et de ses alliés est humainement compréhensible. Cela dit, l’on peut saluer l’attitude de l’ADF/RDA qui compte également parmi les recalés, des militants et non des moindres, et qui a pourtant déclaré qu’elle se pliait au verdict prononcé par le Conseil constitutionnel. Cet acte, de toute évidence, peut contribuer à susciter au sein de l’opinion, de la sympathie pour cette formation politique. A cet égard, l’on peut même dire que le Conseil constitutionnel, par ce verdict, aura apporté un coup de main à la renaissance politique de certaines formations politiques qui avaient accompagné Blaise Compaoré dans le bricolage de la Constitution. En tout cas, l’occasion leur est donnée, et la loi le leur permet, de procéder aux remplacements de leurs militants dont les candidatures ont été rejetées. De ce point de vue, le Conseil constitutionnel aura œuvré à une alternance au sein de certains partis.  Le CDP aurait pu envisager ce scénario, au lieu d’engager une épreuve de force contre la République. En tout état de cause, l’on peut donc dire qu’aujourd’hui plus que jamais, les acteurs politiques sont face à leurs responsabilités. En attendant de voir ce que les jours à venir nous réservent, l’on peut déjà inviter l’Etat à assurer la sécurité du sieur Dabiré, pour que rien de fâcheux ne lui arrive. C’est pour la République, une obligation morale et régalienne.

« Le Pays »


Comments
  • Celui qui n’est pas d’accord avec la décision, alors le Ghana n’est pas loin. Point barre !

    27 août 2015
  • bjr éditorialiste, votre écrit transpire fortement votre attitude partisane. vous pensez sincèrement nous faire accepter que le contexte politique du pays est marqué par une neutralité institutionnelle ? sincèrement vous le pensez malgré les attitudes de règlements de compte de M. SY et des foultitudes d’OSC partisans?
    soyez raisonnable pour accepter que le verdict du conseil constitutionnel a bel et bien tenu de l’ambiance surchauffée par ces OSC!!
    C’est plutôt vous qui faites l’amalgame pour assouvir vos desseins sinon le caractère d’exclusion massive que dénonce la cour de justice de la CEDEAO ne se limite pas aux candidats mais aussi aux électeurs !!
    de nombreux électeurs sont ainsi mis sur la touche parce que le vote est aussi lié à la personnalité du candidat et aucun remplacement ultérieur ne pourra rectifier cet état de fait !! si mon candidat est déclaré inéligible pourquoi voulez vous que je vote pour son remplaçant même s’il s’agit de la même liste ou du même parti ? de fait ce verdict viole ma liberté d’expression qu’est le vote et ce serait massif§

    27 août 2015
    • A L’INTERNAUTE 2 .JE SUIS DÉSOLÉ MAIS VOTRE ANALYSE DE LA SITUATION NE ME SEMBLE PAS CORRECTE. SI LA MOBILISATION DES MILITANTS EST ASSURÉE PAR LE PARTI, IL CONVIENDRAIT QU’UNE SENSIBILISATION EN BONNE ET DUE FORME PUISSE LEUR ÊTRE DISPENSÉE DE MANIÈRE A ÉVITER QUE LEUR VOTE DÉVOLU AU PARTI NE LE SOIT DU FAIT DE QUELQUES TÊTES D’INDISPENSABLES .CELA A L’AVANTAGE DE PERMETTRE UNE APPRÉCIATION DES PROGRAMMES DES PARTIS AU LIEU QUE LES CHOIX SOIENT FONDES ESSENTIELLEMENT SUR UNE PASSION SENTIMENTALE. C’EST EN EFFET L’OCCASION POUR NOUS DE FAIRE UN BON QUALITATIF EN AVANT ET ROMPRE AVEC LES PRISES EN OTAGE AU PROPRE ET AU FIGURE DE NOS BRAVES POPULATIONS PAR CERTAINS GOUROUS ISSUS DE VOTRE MILIEU. DEUXIÈMEMENT JE NE CROIS PAS VOUS SOYEZ SÉRIEUX EN ESTIMANT QU’ON DOIVE VOUS LAISSER CONTINUER COMME SI DE RIEN N’ÉTAIT APRÈS L’OBSTINATION DE CES GENS QUI A ENTRAINE DES PERTES EN VIES HUMAINES ? IL FAUT DÉSORMAIS QUE L’ON SACHE QUE LE MILIEU POLITIQUE DOIT ÊTRE UN PEU ASSAINI .IL NE DEVRAIT PLUS ÊTRE PERMIS A QUELQU’UN DE SE COMPORTER DE MANIÈRE LAXISTE ET ENSUITE ALLER SE RÉFUGIER DERRIÈRE DES CONCEPTS FLOUS COMME “EXCLUSIONS,DIVISIONS” ECT… LES BURKINABE EXIGENT DÉSORMAIS DE VOUS UNE PLEINE ET ENTIÈRE RESPONSABILITÉ DANS LES TACHES A VOUS CONFIÉES. NE CROYEZ PAS QUE LES VOIX QUE VOUS OBTENEZ DES POPULATIONS CONSTITUENT UNE ESPÈCE DE LICENCE A L’INCONDUITE.SOYEZ RESPONSABLES DANS TOUT CE QUE VOUS ÊTES AMENÉ A FAIRE OU A PRENDRE COMME DÉCISION QUI POURRAIT IMPACTER LE DEVENIR DE CE PAYS. EN FAIT ON NE VOUS DÉTESTE PAS MAIS ON TENTE SIMPLEMENT DE VOUS RAMENER A L’ORDRE.PRENEZ CELA AVEC PHILOSOPHIE ET ÇA POURRAIT VOUS FAIRE DU BIEN.CORDIALEMENT!

      30 août 2015
  • Quand commence leur mot d’ordre? Que c’est dur le pouvoir?

    27 août 2015
  • Le Tripatouilleur et le Peuple

    “Je te suis indispensable, populace infecte, ramassis de non-lotis! ”
    C’est en ces mots que le Tripatouilleur
    Parlait un jour au Peuple.
    L’autre lui déclara la guerre et envahit les rues.
    “Penses-tu, lui dit-il, que tes titres de « Naam Bilèsé, Facilitateur, Médiateur,Tueur,Docteur pour une déshonorante cause »
    Me fassent peur ni me soucient ?
    Le palu, la galère sont plus puissants que toi :
    Je les mène à ma fantaisie, je leur survit ”
    A peine il achevait ces mots
    Que lui-même il sonna la charge,
    Fut le Trompette et le Héros.
    Dans l’abord il se met au large ;
    Puis prend son temps, fait des slogans, des quolibets
    Au Tripatouilleur, qu’il rend presque fou.
    Le Tripatouilleur écume, et son oeil étincelle ;
    Il remplit des stades recto-verso avec intercalaire, menace, brandit la torche brûlante.
    Le monde retient son souffle, des amis l’abandonnent ;
    Les messieurs bons offices accourent de la Lagune Ebrié,,
    On tremble à l’environ ;
    La France hésite,
    Les Etats-Unis avertissent,
    La CEDEAO se tait comme un lâche.
    Kabila, Sassou, Bébé Eyadéma brouillent Internet.
    Et cette alarme universelle
    Est l’ouvrage d’un Peuple humble parmi les humbles.
    Le brave Peuple en cent lieux harcelle le Tripatouilleur :
    Tantôt marche, et tantôt barre les routes,
    Tantôt brûle des pneus.
    Le Peuple triomphe, et le Tripatouilleur enrage de voir
    Qu’il n’est grenade lacrymogène, ni matraque, ni jets d’eau chaude, ni balles réelles, ni chars, ni hélico qui puissent arrêter son peuple devenu son ennemi.
    Le malheureux Tripatouilleur ouvre ses cantines,
    Fait tinter les pièces d’or, appellent ses courtisans
    Les séquestre dans un Hôtel huppé ; bonne boisson, bonne chair, cuisses légères
    Rien ne manque
    Le Peuple n’en a cure
    La rage alors se trouve à son faîte montée.
    En sa fureur extrême
    Le Tripatouilleur fait sortir Séjan et ses prétoriens
    Le RSP investit rues et ruelles
    Les mercenaires Togolais leur prêtent main forte
    Le Peuple les chassent à mains nues et avec des : « La Patrie ou La mort »
    L’antre des tripatouilleurs part en fumée
    Le Peuple exorcise le mal
    Des autodafés noircissent le ciel
    Le Peuple du combat se retire avec gloire :
    Comme il sonna la charge, il sonne la victoire.
    Le Tripatouilleur s’enfuit en belle famille.
    Quelle chose par là nous peut être enseignée ?
    Que si le Peuple a vaincu le Tripatouilleur, il vaincra ses troubadours enragés par leur défaite.

    27 août 2015
  • Le CDP a intérêt que le brave Dabiré Angelin se porte toujours bien sinon!

    27 août 2015

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