HomeA la uneVERS UN GLISSEMENT DU CALENDRIER ELECTORAL EN RDC : Ainsi donc, Tshisekedi et ses camarades avaient raison

VERS UN GLISSEMENT DU CALENDRIER ELECTORAL EN RDC : Ainsi donc, Tshisekedi et ses camarades avaient raison


Sous l’arbre à palabres congolais, le conciliabule entre parties prenantes au dialogue national est entré dans le vif du sujet, avec notamment la question du respect des délais constitutionnels pour l’organisation de la présidentielle. Deux scenarii sur trois sont sur la table des débats. Le troisième émane de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et de l’Organisation des Nations unies (ONU), et aurait pu permettre de tenir à bonne date les élections. Mais il est rendu caduc parce que largement dépassé par le temps. La première option serait la révision partielle du fichier électoral très contesté de 2011, tandis  que la seconde envisage sa refonte totale. Dans l’un ou l’autre des cas, la présidentielle à temps devient une arlésienne, ce qui acte ipso facto le glissement du calendrier électoral tant souhaité par le président Joseph Kabila.  C’est par volonté de ne pas entériner ce glissement du calendrier électoral, que les principales forces de l’opposition rassemblées autour d’Etienne Tshisekedi, avaient refusé de participer à ce dialogue, persuadées qu’il visait essentiellement à permettre à Kabila de se maintenir au pouvoir après la fin de son deuxième et dernier mandat.

Point  besoin de s’élever au-dessus de la canopée pour déceler  le piège à cons que renfermait ce dialogue

L’histoire leur donne donc finalement raison : le dialogue n’était qu’une entourloupe pour légitimer par un accord politique, l’arrêt très controversé de  la Cour Constitutionnelle qui permet à Kabila de garder les rênes du pouvoir jusqu’à ce que soit élu un nouveau président. Et à dire vrai, il ne pouvait en être autrement.  Point n’était  besoin de s’élever au-dessus de la canopée congolaise pour déceler  le piège à cons que renfermait ce dialogue. D’abord, parce que Kabila cachait mal sa volonté de rester au pouvoir, muselant activistes de la société civile et opposants politiques qui ont osé souffler dans la musette de l’alternance. Point n’était besoin donc d’avoir le troisième œil du sorcier pour voir que le dialogue national présenté comme la panacée à tous les problèmes politiques en RDC, était inscrit dans l’agenda de la marche forcée vers le règne à vie où il entraîne le pays. L’ultime but de ce dialogue est d’entraîner les débats dans une zone de non-droit, favorable à tous les tripatouillages constitutionnels au service de son ambition personnelle. Le glissement du calendrier électoral n’est donc que le premier acte d’un scénario savamment planifié.   Ensuite, le manque de transparence dans  les préparatifs mêmes de ce dialogue,  annonçait ce qui se tramait. Le rapport de l’OIF et de l’ONU qui aurait pu, dans sa mise en œuvre, permettre le respect des délais prescrits par la Constitution, a été volontairement gardé sous le boisseau jusqu’à péremption. Tout laisse croire donc que cette option qui n’était pas inscrite dans les plans du régime, a été volontairement mise de côté. Maintenant que le voile a été levé sur les intentions cachées du régime, à quoi faut-il s’attendre de la part des participants qui lui accordaient encore le bénéfice du doute ? Pour autant que ces acteurs n’aient pas été « enfeuillés » et hypnotisés par les promesses mirobolantes post-dialogue du pouvoir, on devrait s’attendre à de nombreux départs autour de la table des négociations. Déjà, l’Eglise catholique a annoncé la couleur en menaçant, dans un communiqué, de se retirer du dialogue si ce forum tournait à des tractations pour un « mandat déguisé » au profit du président Joseph Kabila. La table des négociations pourrait donc se rétrécir comme peau de chagrin, transformant in fine ce dialogue national en une palabre entre amis. Quoi qu’il en soit, en actant le glissement électoral, le dialogue national apporte de l’eau au moulin de la « vraie » opposition qui, sans y prendre part, pourrait en récolter les dividendes. Non seulement elle pourrait voir ses rangs grossis par les dissidents de la table des négociations, mais elle pourrait aussi décupler son capital de sympathie par la justesse de sa lecture et sa maturité politique. Mais il en faudra plus pour infléchir Kabila obnubilé par le pouvoir.

Il reste au peuple congolais une dernière option qui n’est pas sur la table des négociations

Cela dit, il faut déplorer le fait que la Communauté internationale se soit laissée embarquer par le régime dans ses projets. Le dialogue, faut-il le rappeler, est soutenu par l’ONU et l’OIF,  et est mené sous l’égide de l’Union africaine (UA) dont le médiateur désigné, Edem Kodjo,  est taxé de connivence avec le pouvoir. En validant ces dispositions contraires à la loi fondamentale congolaise qui règlemente clairement la succession au sommet de l’Etat, la Communauté internationale crée un précédent préjudiciable aux avancées démocratiques sur le continent.  Tout chef d’Etat souhaitant prolonger son bail au sommet de l’Etat,  pourrait désormais se prévaloir de l’incapacité technique  ou financière de l’institution en charge de l’organisation des élections, pour s’accrocher au pouvoir comme l’a fait Kabila. Et quand on sait que la technologie et l’argent sont ce qui fait le plus cruellement défaut sur le continent, il faut craindre alors pour l’embellie démocratique que l’on pouvait lire dans certaines parties de l’Afrique. Fort heureusement, il reste au peuple congolais une dernière option qui n’est pas sur la table des négociations, celle de prendre lui-même sa propre destinée en main, en faisant échec aux velléités monarchiques de Kabila. Les participants au dialogue national ont encore largement le temps de rallier le bon côté de la marche de l’Histoire, en prenant le parti du peuple. Car, au-delà des conditions d’organisation et de transparence de l’élection présidentielle que cristallise le débat sur le glissement du calendrier électoral, la question de fond qu’il faut trancher, c’est de dire si oui ou non Kabila, en violation des dispositions constitutionnelles, pourra se présenter à la prochaine présidentielle. Et là, seul le peuple congolais, debout comme celui du Burkina Faso les 30 et 31 octobre 2014, pourrait donner la réponse appropriée !

« Le Pays »


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