VERS UNE PRESIDENCE A VIE POUR LE PRESIDENT CHINOIS : D’un Gondwana à un autre
Alors que l’on croyait que les pays du Gondwana se comptaient uniquement en Afrique, la Chine du président Xi Jinping est en train de prouver le contraire. Et pour cause. Une modification constitutionnelle est en cours, pour permettre à « l’empereur rouge » de rester à son poste après son deuxième quinquennat qui échoit en 2023. En effet, réunie en session plénière annuelle de 15 jours, l’Assemblée nationale populaire, soumise au parti communiste, ne devrait avoir aucun mal à voter la modification constitutionnelle voulue par le président, à l’effet de lui offrir un mandat illimité, en supprimant la clause de limitation. En tout cas, c’est ce à quoi l’on est en droit de s’attendre, après que l’homme fort de Pékin a été fortement ovationné par quelque 3 000 députés, à l’ouverture de la session parlementaire le 5 mars dernier, à la lecture de son projet d’amendement constitutionnel visant à sauter le verrou limitatif des mandats.
Xi Jinping sur les pas de Mao Tsé-Toung
Preuve, si besoin en était, que d’un Gondwana à un autre, les dirigeants sont atteints du même syndrome de l’indispensabilité qui fait le lit de la dictature, avec les mêmes méthodes, la même boulimie du pouvoir et le culte de la personnalité. Point besoin de préciser que tous les Chinois ne voient pas cela d’un bon œil et que cet amendement constitutionnel proposé à provoqué un profond malaise dans certains milieux. Mais comme l’on peut s’y attendre en pareilles situations, les voix discordantes ont été étouffées pour laisser libre cours aux discours laudateurs du genre : « Je le soutiens et je soutiens la modification constitutionnelle », ou encore « C’est vraiment un grand homme. C’est un dirigeant qui se soucie vraiment des petites gens. Je souhaite qu’il reste au pouvoir ». De prime abord, le constat que l’on peut faire, est que le culte de l’indispensabilité qui est combattu en Afrique, est aussi entretenu dans l’Empire du milieu par le président Xi Jinping qui est sur le point de voir son rêve de pouvoir absolu se réaliser. Preuve, si besoin en était encore, que ce successeur éloigné de Mao Tsé-Toung, le fondateur de la République populaire de Chine, est en train de marcher sur ses pas. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en ce XXIè siècle, Xi Jinping est mal inspiré d’agir de la sorte. Pour sûr, les cimetières chinois sont remplis d’hommes indispensables. Pour autant, l’Empire du milieu ne s’en porte pas plus mal. Au contraire, la Chine est aujourd’hui un pays qui compte dans le concert des nations. Et cela, grâce aux efforts conjugués de ses prédécesseurs qui ont su tracer la voie. Ce ne sont donc pas ses cinq ans de pouvoir qui ont hissé la Chine à la place qui est la sienne aujourd’hui. De Mao à Hu Jintao, en passant par Deng Xiaoping et Jiang Zeming, chacun de ces dirigeants a su ajouter de la terre à la terre au point qu’en 2010, la Chine devenait la deuxième économie du monde, devant le Japon. C’est dire si Xi Jinping n’est que le bienheureux héritier d’une lignée de dirigeants qui ont su imprimer leur marque à la marche du pays avant de passer la main. D’où vient-il alors que ce dernier nourrisse de telles velléités monarchistes, qu’il se sente indispensable au point de vouloir tripatouiller les textes fondamentaux de son pays pour se maintenir ad vitam aeternam au pouvoir ?
Il revient aux peuples africains de prendre leur destin en main
En tout cas, certains satrapes du continent feront de l’exemple chinois leur miel. C’est un argument tout trouvé pour justifier leur volonté de pouvoir à vie. Certains boivent déjà leur petit lait, à l’idée de pouvoir compter sur le soutien d’un tel allié de taille qui n’a que faire de la démocratie en Afrique. Et l’on comprend aisément pourquoi les dictateurs impénitents du continent n’hésitent pas à fouler aux pieds les règles élémentaires de la démocratie sans crainte de sanctions occidentales, parce qu’ils savent vers qui se tourner, le cas échéant. Mais quand on veut avancer, il faut prendre les bons exemples. Pas les mauvais. Or, dans le cas d’espèce, Xi Jinping est un mauvais exemple. Et son intérêt grandissant pour l’Afrique est un mauvais signal pour les démocrates du continent, en ce qu’il pourrait être, si ce n’est déjà fait, l’allié idéal de certains satrapes qui deviendraient ainsi encore plus difficiles à déloger de leur palais. Il revient donc aux peuples africains en lutte pour plus de démocratie, de prendre leur destin en main en se battant au mieux, pour se débarrasser de leurs tyrans. Car, c’est par leurs seules forces qu’ils seront capables de se libérer du joug des dictateurs. Du reste, c’est un secret de Polichinelle pour les peuples africains que Trump accroché à son slogan « L’Amérique d’abord », n’est pas leur allié, ni Poutine, encore moins Xi Jinping qui est en train de tomber le masque. Quant à la France, elle n’a jamais fini de jouer les équilibristes quand il s’agit, pour elle, de défendre ses intérêts sur le continent. Or, ce sont ceux-là qui tiennent le monde, car ce sont eux qui disposent du droit de veto à l’ONU.
« Le Pays »