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VERS UNE PERTE DU CONTROLE DE L’EPIDEMIE DU SIDA


 La réaction mondiale sera-t-elle à la hauteur du péril ?

Ce 27 juillet 2018, prend fin à Amsterdam, aux Pays-Bas, la 22e  conférence internationale sur le Sida, qui réunit depuis le lundi 23 juillet dernier, des experts, des politiques et des activistes de la société civile. Durant donc la semaine, les 15 000 personnes réunies dans la capitale néerlandaise, tout en faisant le point sur la lutte contre la pandémie du Sida, se sont beaucoup inquiétées du relâchement dans la prévention et, en sus, de la baisse des financements internationaux. De quoi les amener à tirer la sonnette d’alarme sur les risques d’un rebond de ce qu’il convient d’appeler toujours « la maladie du siècle » qui aura déjà fait 35 millions de morts dans le monde. Il faut donc craindre que la problématique du nerf de la guerre ne remette en cause tous les efforts et les progrès enregistrés jusque-là. Et dans la foulée, l’on peut se poser la question de savoir si l’objectif 90-90-90, c’est-à-dire 90% des personnes vivant avec le VIH connaissant leur statut sérologique, 90% de toutes les personnes infectées par le VIH dépistées recevant un traitement antirétroviral durable et 90% des personnes recevant un traitement antirétroviral ayant une charge virale durablement supprimée à l’horizon 2020, sera atteint à l’allure où vont les choses.

En attendant ce rendez-vous avec l’histoire dans deux ans, il va falloir que la communauté internationale qui est toujours mobilisée contre cette maladie qui s’est, peut-on dire, davantage «africanisée», du fait que les médicaments sont au Nord et les malades au Sud, redouble d’efforts pour éviter une recrudescence de la pandémie.

On comprend les craintes des organisations de lutte contre le Sida

Pour cela, il est impératif de continuer la sensibilisation pour éviter que les populations ne retombent dans les mauvaises pratiques et les travers des comportements à risques. Mais l’inquiétude est d’autant plus grande que la question du financement, c’est-à-dire le problème de la mobilisation des ressources financières, se pose davantage aujourd’hui avec acuité, avec le désengagement de plus en plus croissant des traditionnels bailleurs de fonds des projets et programmes de lutte contre le Sida en Afrique. C’est pourquoi l’on comprend  le cri du cœur des participants à la conférence d’Amsterdam, qui exhortent les Etats-Unis d’Amérique à rester engagés financièrement, au moment où le président Donald Trump pense « réduire les financements de plusieurs programmes de santé, dont certains concernent le Sida, en considérant que d’autres donneurs devraient augmenter leur contribution». Devant cette volonté manifeste du plus grand contributeur à la lutte contre le VIH, de réduire son aide, l’on comprend les craintes des organisations de lutte contre le Sida, qui n’ont pas mis du temps à tirer la sonnette d’alarme. Car, le manque à gagner en provenance du pays de l’Oncle Sam, est énorme. Cela pourrait avoir des conséquences incalculables sur bien des populations démunies. La réaction mondiale sera-t-elle donc à la hauteur du péril face au risque de perdre le contrôle de l’épidémie par manque d’argent ? Question à mille tiroirs. Quant à la recherche, elle reste l’objet de tous les espoirs ; ceux notamment de voir enfin un vaccin et un traitement efficaces contre la maladie. Mais face au manque criard de moyens financiers pour les pays africains surtout, ajouté à la guerre des intérêts des grandes firmes pharmaceutiques occidentales, l’on peut avoir de sérieuses inquiétudes quant à l’avenir.

Drissa TRAORE 

  


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