HomeA la uneVICTOIRE DE L’OPPOSITION A LA REGIONALE DE L’ETAT D’OSUN : Un avertissement pour le parti au pouvoir

VICTOIRE DE L’OPPOSITION A LA REGIONALE DE L’ETAT D’OSUN : Un avertissement pour le parti au pouvoir


En février 2023, aura lieu la  présidentielle au Nigeria. C’est dans ce contexte que s’est tenue l’élection du gouverneur de l’Etat d’Osun, qui a été remportée par le candidat de l’Opposition, le sénateur Ademola Adeleke du Parti démocratique populaire (PDP), contre le gouverneur sortant, Gboyega Oyetola, du parti au pouvoir, le Congrès des progressistes (APC). L’élection s’est déroulée dans le calme, alors que le Nigeria a une longue histoire de troubles et de malversations liés aux élections. En 2011, plus de huit cents personnes avaient été tuées dans des violences postélectorales.  Les partis ont accepté les résultats et le président de l’Etat fédéral du Nigeria, Muhammadu Buhari, a même félicité le sénateur Adeleke pour sa victoire. Il y a donc une présomption de transparence minimale. Le Nigeria est pour l’Afrique, ce que l’Inde est pour l’Asie du Sud : un géant économique et démographique incontournable pour la région. A l’inverse de l’Inde qui n’a pas encore connu de coup d’Etat militaire depuis son accession à l’indépendance, le Nigeria en a connu, et même des plus sanglants, avec en plus, une violente guerre civile qui a déchiré le pays entre 1967 et 1970. Ce qui a conduit au redécoupage du pays, conduisant à la multiplication du nombre des Etats fédérés, qui, de douze, est passé maintenant à trente-six. Cela dans l’optique de réduire le poids des Etats fédérés et éviter de nouveaux risques de sécession. Tout comme le géant indien, la démocratie semble fonctionner plus ou moins bien de sorte que, depuis quelques années, l’alternance semble y être la règle.

 

 

En politique, la versatilité de l’opinion semble être la règle

 

 

Le gouverneur sortant de l’Etat d’Osun, qui a été battu, n’a pourtant pas vraiment démérité. Son bilan est qualifié de globalement positif. Il est donc le premier à être surpris de sa défaite. Quel est donc le message des électeurs ? Est-ce un rejet de la personne même du gouverneur ou un avertissement au parti au pouvoir, que Osun représente ? Peut-être un peu de tout cela à la fois. Des électeurs interrogés ont indiqué qu’ils voulaient un changement. Changement d’équipe à la tête de leur Etat. Mais sans doute aussi à la tête de l’Etat fédéral. Il ne suffit pas toujours d’avoir de bons résultats économiques pour demeurer dans le cœur des citoyens. Il faut parfois savoir aussi répondre à leur affectivité et à leur sensibilité. L’électeur, inconsciemment, recherche parfois dans ses dirigeants, les caractères du bon père de famille qui rassure, et pas toujours le technicien qui brandit des chiffres et des statistiques. A sept mois de la présidentielle, le candidat de l’Opposition, Atiku Abubakar, a de quoi être optimiste d’autant plus que, comme le prévoit la Constitution, le président Muhammadu Buhari a annoncé ne pas se représenter en 2023. A l’inverse, le parti au pouvoir  a de quoi s’inquiéter. Il est vrai qu’il ne s’agit que d’une élection régionale, et le désaveu du gouverneur sortant ne signifie pas nécessairement un désaveu pour le parti au pouvoir au niveau fédéral. Il n’en demeure pas moins que c’est une indication non négligeable du thermomètre politique. D’autant plus que l’élection s’est déroulée dans le fief du candidat à la présidentielle de l’APC, le parti au pouvoir, qui n’est autre que Bola Ahmed Tinubu, surnommé le parrain pour son influence et ses réseaux. Si malgré son influence et ses moyens, son parti a perdu, c’est que le malaise est sans doute profond. Il revient alors au parti au pouvoir de savoir mettre à profit le temps restant à courir pour tenter de remonter la pente. L’Opposition, de son côté, devrait se garder de tout triomphalisme, car tant que les urnes n’ont pas donné leur verdict, rien n’est encore joué. En politique, la versatilité de l’opinion semble être la règle, et d’ici à février 2023, le temps est encore suffisamment long pour réserver des surprises.

 

Apolem

 

 


No Comments

Leave A Comment