VICTOR DABIRE, GOUVERNEUR DE LA BOUCLE DU MOUHOUN, à propos du 11-Décembre:« Les travaux sont à un niveau d’évolution satisfaisant »
Victor Dabiré, gouverneur de la Boucle du Mouhoun, par ailleurs président du comité régional d’organisation des festivités du 54e anniversaire de l’indépendance du Burkina Faso qui se tiendra le 11 décembre 2014 à Dédougou, est très optimiste pour la réussite de l’évènement. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Victor Dabiré fait l’état d’avancement des travaux de réalisation des différentes infrastructures. Il réfute certaines récriminations faites contre lui, au sujet des parcelles de la cité des forces vives et de la gestion de l’organisation du 11 décembre 2014 à Dédougou.
« Le pays » : La Boucle du Mouhoun abritera les festivités du 54e anniversaire de l’indépendance du Burkina Faso, le 11 décembre 2014. En tant que président du comité régional d’organisation, dites- nous quel est l’état d’avancement des travaux des différentes infrastructures ?
Victor Dabiré : J’ai fait une sortie hier sur le terrain, (l’entretien a été réalisé le 27 août 2014), visité chaque chantier pour voir l’état d’avancement. Mon appréciation reste toujours la même : les travaux, dans l’ensemble, ont un niveau d’évolution satisfaisant. Evidemment, il y a quelques particularités où on sent un peu une baisse du rythme d’avancement. Cela est tout à fait normal, compte tenu de la période des pluies. La construction des voiries connaît un petit ralentissement. Mais le reste des chantiers est en activité ; il n’y a pas d’abandon. Nous nous sommes rendu compte que d’autres chantiers ont pris corps, tel que l’aérodrome où la piste est en très bonne évolution de construction. Sur le site du pied-à-terre du chef de l’Etat, nous avons constaté la présence de l’entreprise. C’est vous dire que dans l’ensemble, on peut garder bon espoir.
La cité des forces vives connaît-elle également un bon taux de réalisation ?
Particulièrement, lorsque je suis allé à la cité des forces vives, ce que j’ai constaté me donne satisfaction. C’est vrai que quelques parcelles demeurent vides, mais beaucoup ont démarré et sont à un très bon niveau de déroulement. Lors de notre dernière session, nous avons dû procéder à des retraits de parcelles, puis après plusieurs relances, les bénéficiaires n’ont pas réagi. Donc, conformément à notre cahier de charges, nous avons procédé au retrait immédiat et à des réattributions à d’autres bénéficiaires. Pour le moment, on n’a pas de raison d’avoir des inquiétudes.
Combien de parcelles ont-elles été retirées ?
Nous avons retiré une vingtaine de parcelles. Les parcelles vides et les parcelles qui n’avaient pas atteint 5% de niveau d’avancement ont été retirées. Après avoir informé les attributaires, nous leur avons accordé deux semaines pour se manifester et montrer leur bonne volonté, c’est-à-dire en s’engageant toujours dans la construction. Malheureusement, beaucoup n’ont pas réagi et nous avons dû procéder au retrait.
L’attribution des 12 parcelles restantes a entre temps fait des gorges chaudes. Est-ce qu’on peut dire que ce contentieux est à présent vidé ?
C’est peut-être une incompréhension. Sinon, les 12 parcelles dont vous parlez ont été régulièrement attribuées par la commission, lors de sa 2e session. Nous avons eu des demandes qui sont venues après les premières. Ensuite, il y avait des demandeurs qu’on avait écartés, parce que ne les connaissant pas. Par la suite, on s’est rendu compte que ce sont des fils et filles de la région et nous les avons intégrés dans les parcelles restantes. La commission a siégé régulièrement et on a procédé aux réattributions. Il n’y a pas à polémiquer là-dessus. J’ai toujours dit aux gens, depuis le début, que nous avons voulu montrer une certaine sérénité dans la gestion et je crois que nous allons rester dans cette dynamique pour que tous se rendent compte par la suite qu’il n’y a pas, comme on le prétend, de tentatives de vente de parcelles.
Que répondez-vous alors à ceux qui vous accusent d’avoir attribué des parcelles de façon unilatérale ?
J’ai bien dit que c’est la commission qui a procédé aux attributions. L’affectation des parcelles n’a pas été faite par moi. Lorsque la commission a donné son accord par rapport aux nouveaux demandeurs, nous avons demandé à la Direction régionale de l’habitat de procéder à l’affectation des parcelles. C’est ce qui a toujours été fait. Le gouverneur n’a pas dit : un tel, voilà ta parcelle. Même si vous me demandez aujourd’hui de me rendre sur les lieux et d’indiquer les parcelles de ces bénéficiaires, je suis incapable de le faire.
Le comité régional d’organisation est-il confronté à des difficultés ?
Le comité a démarré ses activités il n’y a pas longtemps. Pour le moment, on n’a pas de possibilité financière ; mais je crois que le gouvernement est en train de s’activer. Lors de la dernière rencontre, on nous avait demandé d’évaluer nos besoins. Les différentes commissions sont en train de le faire et lorsque nous allons recevoir l’ensemble des projets des commissions, nous allons élaborer un projet de budget et le soumettre au comité national pour sanction. A la suite de cela, on verra bien le montant qu’on voudra bien nous allouer. Mais en attendant, j’ai demandé aux gens de continuer comme d’habitude à se donner, parce que non seulement c’est la région qui doit relever le défi, mais aussi c’est une cause nationale que nous défendons tous. Pour le moment, la seule difficulté, c’est cela.
L’innovation majeure de l’organisation des festivités du 11-Décembre est incontestablement l’allocation de 300 millions de F CFA à chacune des 6 provinces de votre région. Certaines provinces, en l’occurrence le Mouhoun, ont eu du mal à s’accorder sur la nature des infrastructures à réaliser. Où en est-on exactement avec ce dossier qualifié de brûlant par certains ?
Je crois que ce dossier qu’on a eu la chance de conduire, est vraiment une innovation très importante qui marque l’engagement de l’Etat à accompagner l’ensemble des circonscriptions administratives de la région qui abrite l’évènement. Nous avons, conformément aux instructions reçues, demandé aux hauts-commissaires d’échanger avec les forces vives et faire des projets d’investissements structurants. Les premières propositions, dans certaines localités, ont connu des protestations. Nous avons rendu compte et en retour, avons demandé aux hauts- commissaires de reprendre les concertations pour voir s’il était possible d’apporter des corrections consensuelles. Compte tenu de l’avancée de la date, parce qu’il faut dire que la date que le Premier ministère nous avait donnée a été largement dépassée, nous avons donc dû prendre le dossier en main et demander au ministère de l’Habitat de nous accompagner, parce que l’accompagnement technique a manqué à la base. La base a tout simplement formulé des besoins, sans qu’il y ait des devis estimatifs, des devis descriptifs. Face à cette situation, nous avons demandé au ministère de l’Habitat de reprendre l’ensemble des dossiers et nous accompagner sur le plan de la conception technique. Ce dossier est donc porté par le ministère de l’Habitat et, selon les derniers renseignements que j’ai eus, le dossier a été introduit au ministère des Finances. Chacune des 6 provinces de la région va bénéficier de 300 millions de francs CFA, mais il faut que sur le plan de l’orthodoxie financière, on puisse savoir à quelle rubrique imputer ces 300 millions, et ce n’est que le ministère des Finances qui peut finaliser le dossier. Je crois qu’à ce niveau, ça avance effectivement.
Certaines réalisations qui ont été annoncées n’ont toujours pas démarré. Il s’agit du marché central de Dédougou, des places Nazi Boni et du rond-point de la femme. Toute chose qui constitue une préoccupation de la population qui s’inquiète et se pose la question de savoir si ces infrastructures verront le jour. Qu’en dites-vous ?
Le dossier du marché doit être porté par le Conseil municipal de Dédougou. Du reste, c’est le Conseil municipal qui avait introduit la requête auprès du gouvernement qui a consenti un accord de 350 millions. Ce budget alloué ne couvre pas le montant global de construction du marché, mais constitue un apport. Le dossier qui avait été monté par la mairie a été repris au ministère de l’Habitat, en ce qui concerne les 350 millions. L’expert du ministère de l’Habitat et celui qui a monté le dossier au niveau de la commune de Dédougou se sont concertés pour la finalisation du document. Ce dossier fait partie des dossiers remis au ministère de l’Habitat, pour ce qui concerne le financement octroyé par l’Etat.
Monsieur le maire lui-même pourra apporter des réponses pour le reste. En ce qui concerne les places, je crois que dans le cadre des 300 millions, le haut-commissaire du Mouhoun qui a travaillé au niveau de Dédougou nous a envoyé les dossiers. On s’est rendu compte qu’il y avait la construction de la place de la Femme et du rond-point Nazi Boni parmi les propositions. A ce niveau, il faut distinguer deux choses. Il y a la construction de la place et il y a le monument. Nous nous sommes engagés à introduire la partie construction de la place au niveau du ministère de l’Habitat. La construction de ces deux places fait partie de l’ensemble des dossiers que nous avons reçus et portés par le ministère de l’Habitat. Pour ce qui est des monuments, lors de la dernière rencontre avec le Premier ministre, le ministre Toussaint Abel Coulibaly avait évoqué le souci de voir réaliser le monument qui particularise la région. On m’a transmis une maquette qui n’est plus simplement la statue de la femme, mais il y a un homme avec une femme et des épis tout autour. J’ai demandé à la mairie de réunir le conseil pour se prononcer sur cette maquette et donner son aval. J’ai suggéré que la coordination des femmes soit consultée, pour éviter que par la suite il y ait des mésententes. Nous sommes dans l’attente de la réaction du Conseil municipal, mais ça n’empêche pas la construction des deux places. Les monuments, selon ce que le ministre Coulibaly nous a dit, seront pris en charge sur cotisations des fils et filles de la région. C’est vous dire que ça n’a rien à voir avec les allocations budgétaires consenties par l’Etat.
Pensez-vous que la réalisation des différents travaux se fera dans les délais ?
Je n’ai absolument pas de doute. Quand je recevais le flambeau à Dori, j’ai dis que nous allons relever le défi et que ce sera la plus belle fête jamais vécue au Burkina Faso. Je maintiens cet optimisme parce que je sais qu’il y a des gens capables dans cette région, qui vont s’investir à nos côtés, pour que nous relevions en tout cas le défi de façon magnifique et avec honneur.
Vous avez laissé entendre que tout se fait dans la transparence au niveau du comité d’organisation. Comment expliquez-vous alors le coup de gueule de la coalition de la société civile qui relève votre incapacité à organiser les festivités du 11 décembre 2014 à Dédougou ?
J’avais dit, en son temps, que je ne voudrais pas polémiquer sur cette accusation, parce qu’au moment où l’accusation a été formulée, rien n’avait démarré. Je crois que les initiatives que j’ai eues, bien avant de recevoir les instructions du gouvernement par rapport à l’organisation du 11-Décembre, ont permis d’être en avance par rapport au démarrage de l’organisation. Je ne veux vraiment pas me prononcer sur cette accusation, mais je retiens tout simplement que mon souci est que les gens me fassent des propositions et des critiques constructives. Lorsqu’on dit que de ce côté ça ne va pas, qu’on vienne me voir ou, si c’est nécessaire, que je réunisse le comité régional pour rectifier ou orienter dans tel ou tel sens. L’organisation du 11-Décembre n’est pas du seul ressort du gouverneur, mais de toutes les bonnes volontés de la région.
Est-ce que la coalition de la société civile est impliquée dans l’organisation ?
La coalition de la société civile fait partie de la coordination. Monsieur Lamoussa Kadinza est membre de la coordination régionale. Nous avons eu le souci d’inclure l’ensemble des leaders d’opinion dans l’organisation, pour éviter justement de ne pas avoir certains points de vues. Il faut qu’on ait plusieurs sons de cloche, pour pouvoir mieux mener cette action, et j’en appelle en tout cas, à la bonne collaboration des uns et des autres, pour qu’ensemble on réussisse l’évènement. J’en appelle à la bonne collaboration des uns et des autres pour la réussite de l’organisation.
Certaines langues affirment que le comité régional d’organisation du 11-Décembre ne parle pas d’une même voix. Qu’est-ce qui vous oppose ?
Ça, c’est à vérifier. Parce que, pour ma part, j’ai un comportement très ouvert et suis très accessible. Nous avons eu une 1re rencontre du comité régional d’organisation, où nous avons donné nos orientations qui ont été confirmées par la dernière rencontre avec le comité national. Vous savez, dans tout système organisé, on ne peut pas ne pas vivre certaines situations. Pourvu que ces situations n’entachent pas l’action commune. Je crois que même dans les familles, quelle que soit l’entente qu’il y a entre vous et votre épouse, à un moment donné, vous êtes obligés de vous tirailler, mais ça ne veut pas dire que ça va rompre le rythme du foyer ! Je pense que c’est peut-être des incompréhensions et pas des situations alarmantes.
L’implication des fils et filles de la région est-elle réelle dans l’organisation ?
Je dois, à ce niveau, féliciter les ressortissants qui sont à Bobo. Dès nos premières tournées, dans la salle, nous avons senti déjà un intérêt certain des fils et filles de cette région. Par la suite, ils ont montré un certain dynamisme d’organisation pour nous accompagner et ça, il faut le relever. Au niveau de Ouaga, nous avons fait les mêmes sorties et nous avons demandé qu’on nous fasse une proposition d’une cellule qui va être un peu le répondant du comité régional d’organisation pour que l’information puisse circuler. C’est récemment qu’on nous a désigné un point focal ; ce qui nous réjouit et on souhaite que le point focal que je sais très dynamique, saura mobiliser aussi les fils et filles de Ouaga, pour qu’au moment venu, l’ensemble des ressortissants s’impliquent effectivement dans l’organisation. Nous avons également désigné des points focaux dans toutes les six provinces de la région qui doivent travailler en collaboration avec les hauts- commissaires des provinces qui sont membres de la coordination.
Avez-vous un appel ou des doléances ?
Nous n’avons pas de doléances. C’est surtout un appel à la compréhension des fils et filles de la région, un appel à l’adhésion des fils et filles de la région et surtout demander au comité régional d’organisation de rester dans la dynamique. Il ne faut pas qu’on mette en avant les aspects financiers. Il vaut mieux être bien récompensé en fin de travail, que d’être récompensé au début et le travail est saboté. Nous n’avons qu’à montrer notre engagement, notre détermination et lorsqu’il y aura des fruits à partager, ce sera fait de façon équitable. Mais pour le moment, c’est le travail qui nous intéresse.
Propos recueillis par Serge COULIBALY