HomeA la uneVIDEO DU DERNIER OTAGE FRANÇAIS Tant qu’on continuera à payer les rançons…

VIDEO DU DERNIER OTAGE FRANÇAIS Tant qu’on continuera à payer les rançons…


A un an des échéances électorales, le Burundi est en proie à des remous sociaux du fait des agissements des acteurs politiques dont le président lui-même, Pierre Nkurunziza. En effet, son parti, le Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD), serait en train d’armer les Imbonerakure, du nom de ces jeunes qui ne jurent que par lui. Une situation qui  suscite l’inquiétude des Etats-Unis qui ont dépêché un émissaire au Burundi pour échanger avec le président himselfLe regard fixe, vêtu d’une djellaba et d’un turban noir avec une longue barbe poivre sel ; c’est ainsi que se présente l’otage français Serge Lazarévic, enlevé le 24 novembre 2011 à Hombori au Mali, par Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). « Je saisis cette occasion qui m’a été offerte aujourd’hui, mardi 13 mai, pour adresser ce message au président de la République française, François Hollande, de tout faire pour négocier ma libération », a-t-il déclaré dans une vidéo de 58 secondes environ sur la chaîne Alaan, basée à Dubaï.

En publiant cette vidéo, AQMI entend mettre la pression sur les autorités hexagonales

De quoi rassurer la famille Lazarévic qui, depuis plus de deux ans, n’avait plus eu de nouvelle de son proche. Et le moment choisi pour diffuser cette vidéo n’a rien de gratuit, puisqu’elle intervient au lendemain de la libération au Cameroun de trois religieux dont deux prêtres italiens et une Canadienne. On se rappelle que peu avant, quatre otages français enlevés en Syrie avaient aussi été libérés. Toute chose qui avait provoqué une grande ferveur nationale. C’est dire donc qu’en publiant cette vidéo, AQMI entend mettre la pression sur les autorités hexagonales, notamment le président Hollande dont la cote de popularité est au bas des sondages. En tout cas, Paris n’a pas intérêt à ce que Serge Lazarévic soit envoyé ad patres par ses ravisseurs comme ce fut le cas de Philippe Verdon, son co-détenu, qui a été tué d’une balle dans la tête, en juillet 2013. Certes, l’otage, du moins dans l’extrait diffusé par la chaîne qatarie, ne donne pas les conditions posées par ses ravisseurs, mais tout porte à croire que les djihadistes veulent contraindre le président français à cracher au bassinet, puisqu’on lui demande de négocier. Hollande va-t-il se résoudre à négocier avec AQMI contre paiement de rançon ? Rien n’est plus sûr, ce d’autant que la méthode forte préconisée au départ n’a pas permis d’atteindre les résultats escomptés. Toutefois, Hollande est en face d’un véritable dilemme. Car accepter de payer une rançon, c’est renforcer la force de frappe de l’adversaire ; et refuser de payer la rançon, c’est exposer la vie de l’otage.

Aucun dirigeant au monde n’osera dire qu’il a payé une rançon à un islamiste

Or, on sait bien qu’en Occident, la vie d’un seul citoyen peut coûter son fauteuil à un chef d’Etat. En tout cas, on sait bien que depuis le cas malheureux du Niger, où les forces spéciales françaises avaient tenté de libérer par la force deux otages français qui ont été tués, la France, sans le dire officiellement, n’approuve plus l’option militaire. Evidemment, si les opérations de rapt ont toujours pignon sur rue, c’est que les preneurs d’otage, en dépit des risques qu’ils encourent, savent qu’en retour, ils en auront plein les poches. Mais le mensonge d’Etat aidant, aucun dirigeant au monde n’osera dire qu’il a payé une rançon à un islamiste, au risque de se mettre à dos l’opinion internationale. Tous bandent les muscles tout en menant des actions souterraines. De toute façon, pour l’instant, on attend de voir comment réagira Paris. Peut-être fera-t-elle une fois de plus appel au président Blaise Compaoré qui, de par ses talents de médiateur de la sous-région, prendra langue avec les ravisseurs de Lazarévic. On sait bien qu’en la matière, l’homme a du talent puisque de par le passé, il a réussi à libérer bien des otages. De toute façon, le pauvre Lazarévic, lui, ne demande qu’à recouvrer la liberté.

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Nkurunziza est en train de réunir les ingrédients d’une nouvelle guerre civile

 

Le Conseil de sécurité des Nations-Unies a également exprimé publiquement son inquiétude, sans oublier les diplomates qui ont aussi tiré la sonnette d’alarme. Chose qui a d’ailleurs valu à l’un d’entre eux l’expulsion du pays. Pour sa part, la société civile burundaise a initié une pétition en vue de contraindre le pouvoir et la communauté internationale à mener de sérieuses investigations sur cette affaire de distribution d’armes aux Imbonerakure. Mais le gouvernement y a opposé une fin de non-recevoir. Son porte-parole, Philippe Nzobonariba, a été on ne peut plus clair : pas besoin d’enquête pour «de fausses allégations ». Pire, le gouvernement a mis aux arrêts au moins une dizaine de personnes qui ont évoqué des distributions d’armes dans leurs communes, selon des organisations de la société civile. Il ne fait donc l’ombre d’aucun doute que Pierre Nkurunziza veut briguer un troisième mandat, quel qu’en soit le prix à payer. Or, il oublie que si son prédécesseur, Pierre Buyoya s’était comporté ainsi, il ne serait pas aujourd’hui à la tête du pays. Nkurunziza a-t-il la mémoire si courte au point de pouvoir se rappeler que son pays revient de loin? Le Burundi a connu une guerre civile en 1993 à cause du partage du pouvoir entre hutu et tutsi. Et n’eût été l’accord d’Arusha de 2000 qui a permis d’apaiser les cœurs, après des années de pourparlers, le Burundi ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui. Voilà que plus de dix ans après, Nkurunziza est en train de réunir à nouveau les ingrédients d’une nouvelle guerre civile. En tout cas, si rien n’est fait, on risque d’assister à une nouvelle tragédie aux conséquences dramatiques à cause de la boulimie du pouvoir d’un seul homme nommé Nkurunziza.

 

Entre ce qu’il prône et ce qu’il fait, il y a un énorme fossé

 

 

Or, on pensait qu’après le discours de la Baule, les princes africains avaient compris que les règles du jeu devaient désormais se baser sur la démocratie qui, à son tour, devrait se nourrir d’élections équitables, transparentes et régulières. Mais hélas, on constate que bon nombre de nos dirigeants font feu de tout bois pour  demeurer au pouvoir souvent à travers des élections truquées quand ils ne procèdent pas tout bonnement à l’élimination pure et simple de leurs opposants. C’est le cas de Nkurunziza. Incapable de trouver des solutions au chômage des jeunes, il préfère les recruter et les armer pour en faire une milice.  Ce qui est en contradiction avec la démocratie et l’Etat de droit. Comment un Etat peut-il disposer d’une milice si ce n’est dans une république bananière ? En vérité, Pierre Nkurunziza est une véritable calamité pour la démocratie. C’est pourquoi il serait bon que la communauté internationale aille au-delà des simples observations et condamnations de principes car Nkurunziza n’entend pas faire de cadeau aux leaders de l’opposition et de la société civile qui veulent lui barrer la route. Et tout laisse croire que le combat engagé par ces derniers ne peut l’arrêter. Il semble déterminé à aller jusqu’au bout. Le fait de vouloir utiliser des jeunes à des fins personnelles et abjectes prouve qu’il s’accommode mal de la démocratie. Du reste, on constate qu’entre ce qu’il prône par la parole en tant que pasteur et ce qu’il fait sur le terrain, il y a un énorme fossé.

 

Dabadi ZOUMBARA

 


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