HomeFocusVIOLATION DU CESSEZ-LE-FEU AU SOUDAN DU SUD :Le jeu trouble de Riek Machar

VIOLATION DU CESSEZ-LE-FEU AU SOUDAN DU SUD :Le jeu trouble de Riek Machar


Cela fait sept mois que dure le conflit sud-soudanais ; et toutes les tentatives pour rapprocher les frères ennemis, le président Salva Kiir et son rival Riek Machar, semblent vouées à l’échec.

Ainsi, après plusieurs tentatives infructueuses entre délégations des deux parties, le premier face-à-face entre les deux rivaux, en mai dernier à Addis-Abeba, avait suscité l’espoir de voir la situation évoluer positivement pour permettre de parvenir à des accords visant à aboutir à des négociations en vue d’une sortie de crise.

 

Une accalmie avait permis de penser pouvoir progresser dans les négociations

 

Mais aussitôt signé, le cessez-le-feu avait été violé par les deux parties qui se renvoyaient la balle et ce avant même que l’encre de la signature ait eu le temps de sécher. Malgré tout, la communauté internationale s’est évertuée à obtenir des protagonistes, un engagement à respecter une trêve pour laisser place aux discussions. Ainsi, depuis la signature de l’accord du 9 mai dernier, une accalmie avait permis de penser pouvoir progresser dans les négociations.

Mais voilà que le dimanche 20 juillet dernier, alors que les parties étaient en passe de reprendre les pourparlers de paix à Addis-Abeba en Ethiopie, les troupes de Riek Machar ont relancé les hostilités dans le Nord-Est du pays, pour reprendre la localité de Nasir tombée entre les mains des troupes gouvernementales en mai dernier. Malgré les explications de son porte-parole qui parle de « légitime défense » face aux tentatives répétées du camp gouvernemental de mettre le grappin sur un de ses chefs, la conviction est faite que ce sont les rebelles de Riek Machar qui ont violé le cessez-le-feu, d’autant plus que la Minuss (Mission des Nations-unies au Soudan du sud) l’a confirmé et que l’ONU l’a dénoncé.

 

Riek Machar gagnerait à s’armer de patience et à jouer franc jeu

 

Par cet acte, Riek Machar vient de faire un pied de nez à la Communauté internationale. Mû peut-être par la conviction que fort de ses soutiens, il pourrait faire la différence sur le terrain. Et si c’est une stratégie pour réactiver et relancer le processus qui semble piétiner à ses yeux, son message sonne comme une défiance à l’égard de la communauté internationale. Si fait que l’on se demande s’il ne se tire pas une balle dans le pied, dans la mesure où il court le risque de se mettre à dos l’opinion nationale et internationale. Or, si Riek Machar est vu comme le principal ennemi de la paix dans ce pays, nul doute qu’il risque de s’attirer les foudres des Etats-Unis qui pourraient travailler à le mettre hors-jeu. Une telle situation n’est pas pour arranger ses affaires, déjà qu’il est à l’origine du conflit, pour être entré en rébellion contre le président Salva Kiir. Par ailleurs, à supposer même que Riek Machar parvienne à prendre le dessus sur le terrain, comment pense-t-il gouverner sans la communauté internationale ? Ce n’est donc pas en agissant de la sorte qu’il pourrait le mieux plaider sa cause, d’autant plus que cela pourrait agacer tout le monde. Or, la rivalité entre les deux adversaires est telle que l’on ne voit pas comment, sans le concours de la communauté internationale, ces derniers parviendront à taire leurs rancœurs pour parvenir à une paix des braves.

De toute évidence, Riek Machar gagnerait à s’armer de patience et à jouer franc jeu, car il est bien placé pour savoir que ce n’est pas en un tour de bras que le problème sud-soudanais pourra être résolu, d’autant plus que la rivalité entre lui et le président Salva Kiir a pris des allures d’une guerre ethnique entre Nuer et Dinka. Toute chose qui rend l’équation encore plus difficile à résoudre.

En tout cas, en attendant de voir le débat se mener dans un cadre beaucoup plus civilisé, il est impératif de travailler à taire les bruits de canons. Par ailleurs, la paix au Soudan du Sud passe aussi par la tenue à l’écart des parrains du conflit qui supportent tout l’effort de guerre.

En leur coupant le robinet, cela pourrait permettre de faire un pas important vers le retour de la paix.

 

Outélé Kéita


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