VIOLATION DU CESSEZ- LE FEU AU SOUDAN DU SUD : On s’y attendait
Signé le 26 août 2015 par le président Salva Kiir et son rival Rieck Machar, l’accord de paix n’aura pas permis de faire taire les armes plus de 48 heures. En effet, le cessez-le-feu vient d’être violé et les signataires de l’accord s’accusent déjà mutuellement. Pouvait-il en être autrement quand on sait que les sept précédents accords n’avaient jamais été respectés? En vérité, il était évident que ce 8e accord allait voler en éclats car aucun des belligérants n’était prêt à faire la paix. En effet, la rivalité politique entre les deux héritiers de John Garang est telle qu’il est difficile de construire une paix durablement au Soudan du Sud. Avec la violation de ce cessez-le-feu, on peut dire que la fermeté de la communauté internationale face à une guerre oubliée n’aura pas apporté grand-chose. Ceux qui avaient émis un scepticisme quant à la capacité de cet accord à ramener la paix dans le pays n’auront pas eu tort. Sauf miracle, cet accord qui avait été obtenu sous les menaces de l’ONU et des Etats-Unis portait dès sa naissance les signes d’un compromis fragile. Un bébé né par césarienne peut-il survivre dans un environnement d’hostilité?
Tant que Salva Kiir et Riek Machar auront le soutien de leurs parrains, il ne faut pas rêver d’une paix au Soudan du Sud
Cet accord, il faut bien le dire, a été signé par les deux frères ennemis, juste pour éviter les sanctions ciblées que brandissait la communauté internationale. Quelles chances de survie pour un accord signé le couteau sous la gorge ? Le contenu de l’accord lui-même à savoir la mise en place d’un gouvernement d’union nationale qui devait servir de gouvernement de transition vers des élections, était difficilement acceptable par les deux belligérants. Quel pourrait être le degré de cohésion de cet appareillage ? Disons le net, tant que Salva Kiir et Riek Machar auront le soutien de leurs parrains, il ne faut pas rêver d’une paix au Soudan du Sud. Cela dit, la violation du cessez-le-feu n’est guère surprenante. En tout cas, on s’y attendait, car les deux commandants en chef auront suffisamment prouvé à la face du monde qu’ils sont incapables de mettre fin à cette guerre qui aura fait plusieurs dizaines de milliers de victimes et mis sur le chemin de l’exil des milliers de Sud-Soudanais.
DZ
