VIOLATIONS DES DROITS DE L’HOMME AU RWANDA
Le 25 janvier 2021 comme tous les cinq ans et pour la troisième fois consécutive, le Rwanda comparaissait devant le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, afin de présenter les mesures qu’il a prises, dans le sens d’améliorer la situation des droits de l’Homme et des libertés fondamentales dans le pays. Au cours de cet examen périodique universel (EPU), le Rwanda, mauvais élève de la démocratie, est pointé du doigt par de nombreux pays membres des Nations unies. Pour cause, une tonne de recommandations, 284 au total, ont été formulées à son encontre, soit 160 que ce pays a soutenues bon gré mal gré, 75 qu’il dit avoir simplement notées, et 49 qu’il a fermement rejetées, parce que ne correspondant pas, selon Kigali, à ce qui se passe sur le terrain. Pour l’essentiel, le pays de Paul Kagamé est accusé de restrictions de la liberté de la presse et doit aussi s’expliquer sur, entre autres, des allégations d’exécutions extrajudiciaires, de décès en détention, de disparitions forcées et de tortures. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on a l’impression que le Rwanda fait une sorte de résistance face aux accusations formulées par les pays membres de l’ONU, parmi lesquels, ceux que Kagamé lui-même a souvent traités ironiquement de «donneurs de leçons ».
Il est nécessaire d’analyser la situation afin de comprendre pourquoi le Rwanda a une telle attitude face aux critiques qui lui sont adressées. Et pour cela, il nous semble utile de nous poser les questions suivantes : s’acharne-t-on injustement contre le Rwanda, pays qui revient de loin et qui a subi les pires atrocités de la guerre civile, entre le 6 avril et le 4 juillet 1994 ?
Il faut croire que ce n’est pas demain la veille que l’homme mince de Kigali se laissera dicter une conduite
Quelles leçons, en matière de démocratie, l’Occident peut-il donner à ce pays qui a souffert du génocide le plus rapide et le plus atroce de l’histoire ? Combien de temps la communauté internationale avait-elle pris pour reconnaitre le génocide ? Pourquoi cette même communauté internationale n’avait-elle pas su prendre à temps les dispositions pour empêcher ce pogrom?
En vérité, ce qui se passe aujourd’hui au Rwanda est, sans doute, la conséquence même de son histoire récente. Possiblement, les autorités d’aujourd’hui, hantées par les mauvais souvenirs du passé, pourraient, de façon surdimensionnée, prendre des précautions jugées nécessaires, afin d’éviter le retour au chaos. Prenons à cet effet un exemple : le musèlement de la presse. On se souvient que pendant la guerre civile, la célèbre radio des mille collines et le journal Kangura avaient constitué les outils déterminants dans la réussite du génocide. Pour Kagamé et ses ouailles, « chat échaudé craint l’eau froide » ! Rien n’excuse cependant le Rwanda. Maintenant que ses fils et filles se sont réconciliés, il faut savoir tourner la page. Cela permettra de faire du Rwanda un havre de paix où les droits de l’Homme jadis bafoués, retrouveront enfin leurs lettres de noblesse ! Mais il faut croire hélas, que ce n’est pas demain la veille que l’homme mince de Kigali se laissera dicter une conduite, fût-elle dans le sens de la vertu démocratique.
Monique NARE