VIOLENCES AU BURUNDI : Encore un rapport pour rien !
Encore un rapport sur les violations des droits humains ! C’est le moins que l’on puisse dire. Car, la Commission indépendante d’enquête sur la nature des violences et les responsabilités au Burundi, créée en fin septembre 2016 par le Conseil des Nations unies pour les droits l’Homme, était au rapport, hier, jeudi 15 juin 2017. Les enquêteurs onusiens qui n’ont pu véritablement travailler qu’en début de cette année en se rendant dans les pays voisins parce que n’ayant pas eu droit de cité sur le territoire burundais, ont pour le moins épinglé le pouvoir en place. Des exécutions extrajudiciaires aux disparitions forcées en passant par les tortures, avec en sus 400 000 réfugiés, le rapport présenté hier devant le Conseil onusien des droits de l’Homme sur la situation des violences au Burundi, écœure. Mais, pour ne pas dire que les experts onusiens n’ont fait qu’enfoncer une porte ouverte, la situation de dégradation des droits humains dans ce pays n’était plus qu’un secret de Polichinelle. L’Union européenne (UE) et des organisations internationales de défense de droits humains avaient déjà sonné la sonnette d’alarme, à travers des rapports, sur le caractère répressif du régime burundais depuis que le président Pierre Nkurunziza a opéré un passage en force, en 2015, pour briguer un troisième mandat. On le sait, c’est le troisième mandat controversé de Nkurunziza, qui a fait basculer le pays dans une crise politique marquée par des violations graves des droits de l’Homme.
Quel effet sur le dictateur ?
Si le rapport de l’équipe d’enquête dirigée par l’Algérien Fatsah Ouguergouz peut avoir l’avantage d’être diligenté par l’ONU qui pourrait prendre des sanctions adéquates sur le président Nkunrunziza, il reste que pour le moment, les différents rapports et dénonciations des violences perpétrées au Burundi lui glissent sur la peau comme de l’eau sur les plumes d’un canard. Il semble n’en avoir cure. Déjà, quelques heures avant l’exposé de ce rapport à Genève, le ministre burundais en charge des droits de l’Homme, Martin Nivyabandi, l’a rejeté en bloc. Comme pour dire qu’il s’agit encore d’un rapport pour rien. Dans tout cela, ce qui choque le plus, c’est ce ton empreint de mépris sarcastique des autorités burundaises à toujours entonner cette vieille rengaine contre les différents rapports qui les accablent sur les violences meurtrières. A chaque fois que le Burundi est épinglé pour des cas de répressions aveugles perpétrées par les forces de l’ordre, les dirigeants trouvent toujours à redire. Elles sont toujours dans la logique du déni. Le fait que le pays s’est retiré de la Cour pénale internationale, on se demande bien quel effet ledit rapport aura sur le dictateur Pierre Nkurunziza pour qui la question du troisième mandat est désormais dépassée, si fait que ses préoccupations semblent porter plus sur comment s’ouvrir le boulevard d’un quatrième mandat et d’un pouvoir à vie. En effet, après avoir réussi à résister à la bourrasque de la contestation, à un coup d’Etat et aux sanctions de la communauté internationale, le maître de Bujumbura donne l’impression d’être à présent en train de cogiter à la meilleure manière de confisquer le pouvoir. On peut donc dire que la clé de la solution à la crise burundaise est entre les mains des cinq membres permanents du Conseil de sécurité. Mais quand on connaît la position de la Chine dont le vice-président a séjourné, il y a seulement un mois, à Bujumbura, c’est tout simplement dire que ce n’est pas demain la veille de la libération du peuple burundais.
Drissa TRAORE