HomeA la uneVISITE D’EMMANUEL MACRON AU MAROC : Au nom des intérêts de la France

VISITE D’EMMANUEL MACRON AU MAROC : Au nom des intérêts de la France


A la tête d’une importante délégation, le président français, Emmanuel Macron, a entamé, le 28 octobre dernier, une visite d’Etat au Maroc où il séjournera jusqu’au 30 octobre prochain. Un déplacement outre-Méditerranée du patron de l’Elysée, qui marque le réchauffement des relations entre Paris et Rabat, après plusieurs années de brouille. Notamment autour de la question du Sahara occidental, qui sera évoquée au cours de cette visite, et qui a vu une évolution de la position de Paris qui reconnaît, depuis juillet dernier, la souveraineté du pays de Mohammed VI sur ce territoire contesté entre Rabat et les indépendantistes du Front Polisario. Lesquels sont soutenus dans leur lutte pour l’autodétermination, par l’Algérie qui vit mal ce revirement de la France qui, de ce fait, se range intégralement aux côtés du Royaume chérifien sur la question sahraouie. Toujours est-il qu’en choisissant de se rapprocher de Rabat au risque de fâcher Alger, la France a sans doute ses raisons que le citoyen lambda ignore. En tous les cas, à l’heure du dégel, il apparaît comme une évidence, que la France a beaucoup à gagner dans le réchauffement de ses relations avec le Royaume chérifien.

 

Ce voyage présidentiel est une occasion pour de grandes entreprises françaises, de nouer des partenariats d’affaires stratégiques au Maroc

 

Déjà, on ne compte pas moins d’une quarantaine de chefs de grandes entreprises françaises dans la délégation du président Macron, à la faveur de ce voyage en terre marocaine où d’importants contrats sont annoncés. Et ce, dans des secteurs divers qui vont des transports à la sécurité intérieure en passant, entre autres, par l’énergie, l’eau, l’éducation, mais aussi le domaine militaire. C’est dire si ce sont d’importants intérêts qui sont, ici, en jeu. Et Rabat vaut d’autant plus le détour du président français qu’au-delà des questions diplomatiques, le Maroc est la première destination des investisseurs français en Afrique. Comme quoi, seuls les intérêts guident les pas. Et à l’heure de la multipolarité où le Maroc attire de plus en plus d’investisseurs étrangers, la France a besoin de renforcer sa position dans un pays qui, en plus des immenses potentialités qu’il offre déjà, accueillera bientôt des événements internationaux d’envergure, comme la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2025, et la Coupe du monde de football 2030 en co-organisation avec l’Espagne et le Portugal. Autant dire que ce voyage présidentiel est une occasion pour de grandes entreprises françaises, de nouer des partenariats d’affaires stratégiques au pays de Mohammed VI, même si le froid diplomatique entre Paris et Rabat sur fond de fortes tensions, n’avait pas mis fin aux relations économiques entre les deux pays. Et cela est d’autant plus important qu’après avoir perdu le Sahel dans les conditions que l’on sait, ce qui a créé un manque à gagner pour certaines entreprises françaises, la France ne peut pas se permettre le luxe de perdre un partenaire comme le Maroc qui, à bien des égards, se présente comme un géant économique sur le continent africain. Et qui sait si en se rapprochant de Rabat qui, soit dit en passant, entretient de bonnes relations avec les pays du Sahel, Paris ne pourrait pas travailler à signer peu ou prou son retour auprès de ces pays subsahariens, dans un contexte de montée en flèche du sentiment anti-français sur le continent noir ?

 

Cette visite d’Etat s’annonce comme un nouveau départ pour Paris et Rabat

 

Au-delà, dans un contexte mondial globalement marqué par la guerre en Ukraine avec les conséquences que l’on sait, rien ne dit que le Maroc ne pourrait pas être une solution à la crise énergétique de l’Europe, dans un contexte où la Russie a considérablement réduit ses livraisons de gaz au Vieux continent.  En tout état de cause, cette visite d’Etat qui vise à montrer le rétablissement de la confiance entre les deux pays, s’annonce comme un nouveau départ pour Paris et Rabat qui n’ont pas toujours été en odeur de sainteté, durant les deux mandats du président Macron. Surtout après l’épisode de l’affaire Pegasus, du nom de ce logiciel espion utilisé par les services de renseignement marocains, pour, dit-on, infiltrer les téléphones de hauts dignitaires français dont le président de la République. Affaire qui a défrayé la chronique en 2021. Mais aussi après la politique de réduction drastique de délivrance de visas français aux Marocains, qui avait contribué à dégrader les relations entre les deux capitales. Entre ces deux événements et bien d’autres qui étaient sources de tensions, la reconnaissance par Paris de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, semble avoir réussi à apaiser les tensions. Ainsi va la politique !

 

 « Le Pays »


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