HomeA la uneVISITE DU PAPE EN RDC : Au-delà du sermon du Saint-Père

VISITE DU PAPE EN RDC : Au-delà du sermon du Saint-Père


Au troisième jour de sa visite en République démocratique du Congo (RDC), le pape François a célébré, le 1er février dernier, une messe devant une foule immense de fidèles chrétiens, mais aussi de curieux qui se comptaient par centaines de milliers sur la grande place du tarmac de l’aéroport de N’dolo à Kinshasa. Au nombre de ces nombreuses « brebis » du chef de l’Eglise catholique, des citoyens lambda, mais aussi des personnalités politiques de tous bords au nombre desquelles Jean -Pierre Mbemba, Vital Khamere, Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Bruno Tshibala, venus vivre leur foi et qui n’ont pas voulu se faire conter l’événement de cette visite papale au pays des Bantous. C’est dire si pour la circonstance, c’est le tout-Kinshasa qui s’est mobilisé le 1er février dernier pour aller à la rencontre de l’Homme de Dieu dont la visite, au-delà de l’engouement et de la ferveur religieuse qui participent aussi de l’événement, suscite beaucoup d’espoirs pour le retour de la paix dans le pays. C’est pourquoi, pour ne pas faire les choses à moitié, le gouvernement a décrété la journée d’hier fériée et les écoles sont restées fermées pour permettre au maximum de personnes de participer et marquer ce jour spécial d’un cachet particulier.

 

Au regard de l’enthousiasme des Congolais et de la ferveur des fidèles catholiques, la RDC valait bien le déplacement du Saint-Père

Et ce, dans la ferveur d’une célébration eucharistique ponctuée de chants et de danses comme savent si bien le faire les Congolais, pour un peuple en quête de réconfort moral face aux épreuves de la vie. Particulièrement, en cette période trouble et difficile où le pays fait face à l’insécurité en lien avec les incursions meurtrières des groupes armés dans la partie orientale du pays. C’est dire combien le message de paix et de réconciliation du Souverain pontife, était très attendu par les Congolais qui espèrent que cela n’est pas tombé dans l’oreille de sourds. Particulièrement les gouvernants qui sont les garants de la paix sociale ainsi que les groupes armés qui troublent régulièrement la quiétude des populations. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’au regard de l’enthousiasme des Congolais et de la ferveur des fidèles catholiques, la RDC valait bien le déplacement du Saint-Père. Et, il y a autant de raisons de croire que le Pape François a trouvé en ce pays, non seulement une terre fertile pour la foi chrétienne comme cela se voit un peu partout lors de tels déplacements du chef du Vatican en Afrique, mais aussi une terre d’espérance où il pouvait semer les graines de la paix. Surtout en ces moments de forts tourments où le peuple congolais ne sait plus véritablement à quel protecteur… se vouer face aux exactions récurrentes des groupes armés qui ne cessent de semer la terreur, la mort et la désolation au sein d’innocentes populations sans défense. Ce ne sont pas les populations de Goma qui diront le contraire. Elles qui, à l’appel d’organisations de la société civile, manifestaient au même moment de la visite du pape, contre la force militaire régionale déployée par la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (EEAC), pour son incapacité à endiguer le phénomène de l’insécurité qui sévit dans ladite région.

 

Il appartient aux Congolais d’achever la symphonie de cette visite papale

 

Un scénario qui n’est pas sans rappeler celui de la Mission des nations unies pour la stabilisation du Congo (MONUSCO), prise elle aussi, en grippe quelques mois auparavant, par des populations pour les mêmes raisons, et dont les bases ont essuyé la colère de manifestants qui ont tout saccagé sur leur passage. Autant dire qu’au-delà du sermon du Saint-Père, il appartient aux Congolais de s’investir entièrement pour le retour de la paix dans leur pays.  Ils doivent savoir mettre leurs ego de côté et se tendre la main pour donner des chances à la paix. En particulier, le chef de l’Etat, Félix Tshisékédi, qui doit descendre de son piédestal pour nouer le dialogue avec le M23, dans l’espoir qu’il soit à son tour entendu. Autrement, le Saint-Père aura beau se comporter en messager de Dieu, si les Congolais eux-mêmes ne se montrent pas réceptifs à son sermon en se faisant des apôtres de la paix, vaine aura été sa parole qui, au lieu de tomber dans de la bonne terre pour porter du fruit, se perdra au milieu des ronces et autres terrains rocailleux où elle n’a aucune chance de survie. En tout état de cause, le pape François a joué sa partition en tenant la promesse de cette visite qui a été reportée une première fois. Et en effectuant ce déplacement au chevet de ce pays malade, ce n’est pas pour lui administrer l’extrême onction, mais plutôt pour s’en montrer proche et lui donner des raisons de croire en l’avenir ainsi que de lui donner des pistes pour s’en sortir. C’est tout le sens de la rencontre qu’il a aussi tenue à avoir avec les victimes des violences des attaques.  A présent, il appartient aux Congolais d’achever la symphonie de cette visite qui restera dans l’histoire comme la deuxième d’un pape dans ce pays, après celle de Jean Paul II en 1985.

 

« Le Pays »


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