HomeFocusVOTE DES BURKINABE DE L’ETRANGER : Le moment n’est pas opportun

VOTE DES BURKINABE DE L’ETRANGER : Le moment n’est pas opportun


Le président de la transition, Michel Kafando, a rencontré les organisations de la société civile et les partis politiques le  6 janvier dernier à Ouagadougou, pour faire le bilan des deux mois de parcours de la transition d’une part, et d’autre part, pour échanger sur les préparatifs des élections à venir. Sur cette dernière question, si l’on semble s’acheminer, objectivement, vers des élections couplées (législatives et présidentielle), ce qui rencontre l’assentiment de la majorité,   l’épineuse question du vote des Burkinabè de l’étranger, quant à elle, semble toujours poser problème. Et le président du Faso n’est pas passé par quatre chemins pour dire qu’elle sera difficile. De l’avis de plusieurs acteurs politiques et de la société civile, il ne serait du reste pas inopportun de remettre cette participation de nos compatriotes vivant à l’étranger aux échéances futures.

A l’impossible nul n’est tenu

A l’analyse, l’on peut donner raison au président de la transition, parce qu’à l’heure actuelle, il y a plus urgent à faire. En effet, les défis sont nombreux, le temps presse et les ressources financières limitées.  Il ne siérait donc pas de disperser les énergies au risque de tenir des élections qui pourraient déboucher sur une crise postélectorale.

Au nombre de ces difficultés : le recensement de ces Burkinabè de l’extérieur dont le nombre est loin d’être maîtrisé. Cette difficulté matérielle à procéder à un bon recensement, en vue d’éviter toute contestation ultérieure, s’ajoute à la problématique du temps qui fait défaut. Neuf mois, c’est bien court pour y parvenir. En outre, maîtriser la fraude et les achats de conscience,   à l’interne, n’ont jamais été faciles. Il serait a fortiori périlleux de s’engager dans un processus dont on ne maîtrise pas tous les tenants et les aboutissants, si les conditions d’une telle participation ne sont pas réunies pour éviter les contestations. Car, c’est de la contestation que naissent les crises et les violences.

Par ailleurs, la question semble concerner au premier chef nos compatriotes vivant en Côte d’ivoire, parce que c’est dans ce pays qu’est concentrée la plus forte communauté burkinabè vivant à l’étranger. Mais pour une question d’équité, ce vote devrait concerner   aussi ceux qui vivent au Ghana, au Togo, au Gabon, en Europe, aux Etats-Unis, en Asie, etc., sous peine de faire de la discrimination. A cette plus grande échelle, en avons-nous seulement le temps et les moyens nécessaires ? Avons-nous les moyens d’encadrer convenablement des élections dans tous ces pays, de  sorte à éviter des fraudes et des contestations ? Rien n’est moins sûr. D’autant plus que si l’on cherche à coupler les élections, la  lancinante question budgétaire se posera avec acuité.

Il faut donc savoir raison garder. A l’impossible nul n’est tenu. Et à situation exceptionnelle, mesure et démarche exceptionnelles.  La transition que nous vivons est une situation exceptionnelle qui appelle   des mesures exceptionnelles. Du reste, le vote des Burkinabè de l’étranger n’est pas un engagement des autorités de la transition.  C’était plutôt un engagement du pouvoir déchu de Blaise Compaoré, qui avait trouvé là un moyen d’aménager des stratégies pour rester au pouvoir. Car, c’est un secret de Polichinelle que  « l’enfant inconsolable de Ziniaré » voulait bâtir sa victoire en 2015 sur le vote de nos compatriotes vivant au pays d’Alassane Ouattara. Ce vote des Burkinabè de Côte d’ivoire est d’une extrême délicatesse, même après la chute de Blaise Compaoré.

Le prix de la paix vaut bien un sacrifice supplémentaire de cinq ans

Car, les conditions  dans lesquelles se menaient les opérations de recensement électoral et de délivrance des cartes consulaires, étaient loin d’offrir les meilleures garanties de transparence.  Cela pourrait confirmer la thèse de la motivation du pouvoir d’alors, de chercher des moyens détournés et peu orthodoxes pour garantir la victoire de son champion, au cas où ce dernier réussissait à tordre le cou à la Constitution pour être à nouveau candidat. Dès lors, l’on peut être fondé à croire que cette opération n’était en rien organisée pour les beaux yeux de nos compatriotes vivant à l’étranger, mais  plutôt dans l’intérêt de l’ex-locataire de Kosyam, qui avait certainement réussi à mettre en place un mécanisme qui lui aurait été favorable. C’est l’occasion d’y mettre fin.

Par ailleurs, l’hostilité mal dissimulée et le manque d’enthousiasme des autorités d’Abidjan, vis-à-vis de l’insurrection populaire burkinabè, ajoutés à la proximité de l’exilé de Yamoussoukro, fondent légitimement les autorités de la transition à nourrir quelques appréhensions quant à la tenue d’un scrutin dans la  transparence et dans la sérénité, dans ce pays qui, par ailleurs, organise lui aussi son scrutin à la même période. Bien entendu, cela pourrait créer des frustrations au sein de ces populations qui se voient privées de leur droit au vote. Mais si depuis cinquante ans d’indépendance, les Burkinabè de l’étranger ont su prendre leur mal en patience, le prix de la paix, de la stabilité et de la cohésion sociale, vaut bien un sacrifice supplémentaire de cinq ans.

Ce n’est donc pas la peine d’ouvrir un autre front que l’on ne pourrait pas gérer, surtout qu’il y a plus urgent à faire à l’interne. Notamment, s’atteler à organiser des élections impeccables, de manière à prévenir toute contestation qui pourrait remettre en cause la régularité, la transparence et la crédibilité des scrutins. Cela n’est pas gagné d’avance et ce n’est pas un défi mineur, surtout que, pour une fois, les jeux sont véritablement ouverts.

Au demeurant, d’autres défis d’importance sont là et qui ont pour noms : couplage des élections et candidatures indépendantes. Ce dernier point est une autre aspiration sourde et profonde du peuple burkinabè et à laquelle il faudra répondre. Sa résolution serait une grosse avancée pour notre démocratie qui est toujours à la recherche de ses marques.

« Le pays »


Comments
  • Bonjour

    Merci la rédaction du ” Pays” c’est logique. Comme Blaise Compaoré ” facilitateur-falsificateur(A37)” était impopulaire au Faso,il a voulu faire participer nos compatriotes de l’étranger au vote de 2015 pour se maintenir au pouvoir. Ne continuons pas avec les bêtises de ” l’indispensable de la sous-région” Arrêtons le vote des Burkinabés de l’extérieur car c’est très couteux pour le Burkina et cela ne garantira aucune transparence des résultats électoraux. En 2020, ils pourront voter calmement après un bon recensement de la diaspora qu’ils soient patients.

    Merci Merci Merci Brave Peuple BURKINABÉ pour ce soulèvement populaire du 30 et 31 Octobre 2014.

    QUE LE SEIGNEUR BÉNISSE LE BURKINA.AMEN
    PAIX ET SUCCÈS A TOUS LES BURKINABÉS. AMEN
    BONNE ET HEUREUSE ANNÉE 2015 BRAVE PEUPLE BURKINABÉ

    ACHILLE TAPSOBA
    Partisan inconditionnel de l’Alternance

    9 janvier 2015
    • C’est quel achille?

      9 janvier 2015
    • C’EST QUE ACHILLE

      9 janvier 2015
  • Belle analyse la rédaction, il faut que le vote de nos compatriotes à l’étranger soit différé car en réalité ce n’était pas pour leur offrir ce droit de vote mais le pouvoir déchu allait les utiliser pour influencer les résultats à l’intérieur du pays. Qui peut aujourd’hui donner avec exactitude le nombre de nos ressortissants à l’extérieur? On a vu le problème des cartes consulaires ou le cafouillage était déjà à son comble. Concentrons nous sur le vote à l’intérieur du pays car ceux qui devraient conduire les élections en 2015 avec la participation de nos compatriotes ont manqué de donner cette chance à ces derniers en s’entêtant à vouloir modifier le constitution afin de donner un pouvoir à vie à Blaise Compaoré. Maintenant que l’ex homme fort a perdu la bataille devant son peuple, les autorités transitoires n’ont ni le temps ni les moyens pour coupler le vote des Burkinabé de l’intérieur et de l’extérieur.

    9 janvier 2015

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