HomeA la uneAPPEL AU BOYCOTT DE LA CAMPAGNE ELECTORALE EN COTE D’IVOIRE  

APPEL AU BOYCOTT DE LA CAMPAGNE ELECTORALE EN COTE D’IVOIRE  


La campagne électorale pour la présidentielle du 31 octobre 2020, a débuté le 15 octobre dernier en Côte d’Ivoire. Et ceux qui doutaient encore de la position des deux leaders de l’opposition, Henri Konan Bédié et Pascal Affi NGuessan, sont désormais situés. En effet, les deux hommes ont appelé hier, les électeurs et les militants, à un « boycott actif de la campagne par tous les moyens légaux et à empêcher toute activité liée au scrutin ». Seront-ils entendus ? Rien n’est moins sûr. En tout cas, jusque-là, l’opposition peine à mobiliser le peuple ivoirien pour barrer la route au président Alassane Ouattara qui semble avoir pris une longueur d’avance sur ses adversaires sur le chemin d’un troisième mandat, puisque le candidat illonne depuis plusieurs semaines, villes et campagnes ivoiriennes avec à la clé, des dons et des promesses alléchantes aux populations. C’est dire si l’opposition a fort à faire pour convaincre les sept millions d’électeurs qui ont entamé depuis le 12 octobre dernier, l’opération de retrait des cartes d’électeur, à boycotter le Mokré1. Car, on le sait, en Afrique, campagne électorale rime très souvent avec mangeailles et promesses alléchantes. Les Ivoiriens vont-ils cracher sur les billets de banque et autres présents d’ADO? On attend de voir. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la campagne risque d’être mouvementée. On est d’autant plus fondé à le penser que ceux qui ont lancé l’appel au boycott, ne sont pas des enfants de chœur. Comme le dit l’adage, « même édenté, le lion ne manque pas de dents pour dévorer sa proie ». Malgré son âge avancé, le sphinx de Daoukro est capable de faire très mal. Pareil pour le candidat du FPI. C’est dire s’il risque de pleuvoir sur Abidjan ce d’autant que les militants attendaient avec impatience, le mot d’ordre de ces vieux loups de la scène politique ivoirienne, pour se mettre en action.

 

L’option de l’opposition est grosse de dangers

 

Cela dit, va-t-on réveiller les vieux démons ? Il faut malheureusement craindre que oui. Car, on ne voit pas comment on peut encore éviter le gnaga2. Le risque est d’autant plus grand que chaque camp semble camper sur sa position. Ce n’est un secret pour personne que le président Ouattara qui croit dur comme fer que tout est déjà plié, ne reculera pas d’un iota. De son côté, même hétéroclite, l’opposition ne veut, pour rien au monde, concéder un troisième mandat à ADO. Autant dire que tous les ingrédients sont désormais réunis pour un affrontement. Cela dit, en optant pour le boycott, l’opposition ne risque-t-elle pas de se mordre les doigts ? Si malgré tout, ADO parvient à tenir l’élection à la date prévue, ce qui est fort probable au regard des moyens mobilisés pour dissuader tout manifestant, l’opposition risque de le payer cash. On le sait, sous nos tropiques, la politique de la chaise vide n’a jamais payé. Par contre, une coalition de l’opposition pourrait inquiéter le locataire du palais de Cocody. Autant le projet de troisième mandat d’ADO est risqué, autant l’option de l’opposition est grosse de dangers. Tout laisse croire que la lagune Ebrié risque de sortir de son lit. Le hic est que ce sont les populations qui risquent de payer le prix fort. La Côte d’Ivoire a mal à sa classe politique et c’est bien dommage. Tout se passe comme si la crise post électorale de 2011 qui aura fait plus de trois mille morts, n’a pas servi de leçons à cette classe politique qui s’apprête encore à brûler le pays sur l’autel de ses intérêts partisans.

 

Dabadi ZOUMBARA

 

1 (Mokré : nourriture en langue moré)

 

2 (Gnaga : noussi ivoirien signifiant palabre)

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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