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APPEL DE L’EX-PRESIDENT A LA VIOLENCE ELECTORALE


 Quand Wade déshonore la vieillesse

L’ex-président sénégalais, Abdoulaye Wade, persiste et signe. En effet, alors que la campagne bat son plein, Gorgui a appelé à empêcher le déroulement du scrutin, en brûlant le matériel électoral. Une posture à la fois surprenante et gravissime et qui fait couler beaucoup d’encre et de salive au Sénégal, y compris au sein du Parti démocratique sénégalais (PDS), son propre parti. En appelant à la violence électorale, Wade père est allé trop loin. Certes, tout n’est  pas parfait sur le processus électoral au Sénégal mais de là à vouloir mettre le pays sens dessus-dessous, l’on peut légitimement se demander si Wade n’est pas en train de perdre le Nord.  L’erreur est humaine, dit-on. Mais la persistance dans l’erreur est diabolique. Gorgui a-t-il besoin d’une séance d’exorcisme ? En tous les cas, il ne rend pas service à son pays avec une telle posture guerrière. Heureusement que nous sommes au Sénégal. Car sous d’autres cieux, il serait déjà derrière les barreaux. Et si les autorités sénégalaises ne l’ont pas encore jeté en prison, c’est certainement parce qu’elles ont compris le piège de ce sénile qui veut jouer au martyr. En Afrique, on a coutume de dire que la vieillesse est synonyme de sagesse. Mais Wade, par ses frasques, déshonore le troisième âge. Cela est d’autant plus vrai que son attitude montre a quel point il manque de sagesse. A 92 ans, cet ancien

chef d’Etat devait se contenter de jouir d’une retraite paisible, loin des brouhahas politiques comme le fait son prédécesseur, Abdou Diouf. D’ailleurs, ne dit-on pas qu’une des plus rares qualités de l’esprit est de savoir s’ennuyer ? En tout cas, on peut parier que l’appel de Gorgui à la violence ne sera pas entendu par la majorité des Sénégalais qui, heureusement, savent faire la part des choses. A preuve, l’idée divise même ses propres partisans.

Le comportement d’Abdoulaye Wade n’est digne ni d’un ancien chef d’Etat, ni d’un homme qui se dit attaché à  la démocratie

En vérité, tout ce ramdam n’a qu’un seul objectif : contrarier Macky Sall qu’il accuse à tort ou à raison d’avoir écarté son fils de la course à la présentielle. Or, Wade ne doit s’en prendre qu’à lui-même. Car s’il n’avait pas bombardé son fils Karim Wade ministre du Ciel et de la Terre, ce dernier n’aurait pas connu tous ces ennuis judiciaires et  été forcé à l’exil. S’il avait eu la sagesse de tenir sa progéniture loin des affaires d’Etat, le pouvoir de Macky n’aurait pas fait passer Karim Wade sous les fourches caudines de la Justice.  Il doit même s’estimer heureux d’autant que son fils chéri bénéficie d’une certaine manière, d’une liberté pour avoir été gracié par l’homme qu’il traite de tous les noms d’oiseaux. Son rejeton n’est certainement pas blanc comme neige dans les accusations à son encontre mais si Macky Sall avait la rancune tenace comme lui, Karim serait toujours au cachot. Plus grave encore, il est quelque part à la base du naufrage de son parti en tenant que ce soit son fils et personne d’autre, qui soit le candidat désigné de son parti, à la présente élection présidentielle. On connaît la suite… Wade père doit se ressaisir. Et comme il l’avait si bien signifié à Mouammar Kadhafi pour l’encourager à

quitter le pouvoir, plus tôt il arrêtera ses pitreries, mieux cela vaudra. Son comportement n’est digne ni  d’un ancien chef d’Etat, ni d’un homme qui se dit attaché à  la démocratie. Du reste, avec une telle attitude, quelle leçon veut-il donner à la génération présente et future ? Faut-il le souligner, le Sénégal a longtemps été cité comme un modèle en matière de démocratie et

Wade ne devrait pas ternir cette réputation. Certes, les dirigeants africains ont la fâcheuse manie d’user de moyens peu recommandables pour biaiser le jeu électoral, mais de là à vouloir jeter le bébé avec l’eau du bain, c’est y aller fort. A trop tirer sur la corde, on finit par la casser. Wade doit revoir sa copie, parce qu’il est en train de brader l’héritage de son parti. A cause de ses lubies, le PDS  a pris un sérieux coup. Les dissensions internes consécutives à la désignation sinon à l’imposition de son fils comme candidat du parti, ont fait voler en éclats la cohésion au sein de son parti.

Dabadi ZOUMBARA


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