HomeA la uneAPRES LES CATHOLIQUES, LES PROTESTANTS DANS LA DANSE : La bible vaincra-t-elle le César congolais ?

APRES LES CATHOLIQUES, LES PROTESTANTS DANS LA DANSE : La bible vaincra-t-elle le César congolais ?


Lors d’un culte à l’occasion de la commémoration de l’assassinat du président Laurent-Désiré Kabila, père de l’actuel chef de l’Etat congolais, l’église protestante a sévèrement critiqué le pouvoir. En effet, dans son sermon devant les officiels congolais et la famille présidentielle dans la cathédrale protestante du centenaire, le pasteur François-David Ekofo a montré son attachement à l’alternance démocratique que le président Joseph Kabila veut traîner à la guillotine. « J’aime bien l’athlétisme où il y a des courses à pied surtout, a-t-il dit. Et j’aime spécialement une course : la course de relais où une personne transmet le bâton à une deuxième personne, à une troisième et à une quatrième…Dans l’histoire du pays, c’est pareil aussi. Nous prenons un témoin que nous passons aux autres ». Au passage, il titille le régime en place en ces termes : « Dieu lui-même ne comprend pas pourquoi, nous les Congolais, nous sommes pauvres…Dieu a tout donné à ce pays ». Après donc les catholiques, ce sont les protestants qui volent dans les plumes de Joseph Kabila, se joignant ainsi à la cohorte des contestataires du régime que sont les partis de l’opposition et des organisations de la société civile. La question que l’on pourrait se poser aujourd’hui face à l’effritement de la base sociale du régime congolais, est la suivante : qui finalement est dirigé par Kabila ? En tout cas, le pouvoir congolais aurait tort de ne pas prendre au sérieux la parabole du pasteur qui peut se muer en une malédiction prophétique. En effet, nonobstant le fait que le peuple de Dieu est allé grossir les rangs des ennemis du peuple,  c’est bien connu que les lieux de culte sont des lieux de radicalisation et il n’est pas exclu qu’un illuminé, se sentant investi d’une mission divine, ne prenne sur lui la responsabilité de trancher le débat politique à travers un acte désespéré.

Le duel semble lancé entre le pouvoir divin et le pouvoir humain

Cela dit, le glissement du débat politique vers les temples, peut servir aussi la cause du pouvoir. « La religion, disait Karl Marx, est l’opium du peuple » et dans un pays où foisonnent les sectes, il n’est pas exclu que des « gourous » à la solde du pouvoir fassent entendre un autre son de cloche. Pour l’heure, le constat que l’on peut établir au regard de l’entrée de l’église protestante dans la danse de le contestation du régime de Kabila, c’est que le duel semble lancé entre le pouvoir divin et le pouvoir humain. Et la question que l’on peut se poser est de savoir si la bible parviendra à vaincre le César congolais. Pour l’heure, il est difficile d’y répondre. Mais comme dit l’artiste, « l’autre nom de Dieu, c’est le temps ». Tout peut donc arriver d’ici là. Cela dit, en attendant, comme dit cet autre adage, « aide-toi et le ciel t’aidera », le peuple congolais gagnerait à mieux se mobiliser et s’organiser, s’il veut barrer la route au rêve de pérennisation de Kabila au pouvoir, surtout qu’il peut encore compter sur la fidélité de sa garde prétorienne et de la police congolaise, mais aussi et surtout sur son immense empire financier.

SAHO


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