HomeA la uneCIRCULATION DES POIDS LOURDS EN AGGLOMERATION. : Sévir pour limiter les drames

CIRCULATION DES POIDS LOURDS EN AGGLOMERATION. : Sévir pour limiter les drames


 

Le 3 mai dernier, une jeune fille en partance pour l’école, a été écrasée par un camion de ramassage d’ordures sur l’échangeur de l’Est. Le camion circulait en violation de la réglementation en matière de circulation des poids lourds dans les agglomérations. Cet incident, malheureusement, n’est pas isolé. Bien au contraire, l’on peut faire le constat, en effet, que le non-respect de la loi encadrant la circulation des camions, des camions- remorques et autres porte-chars, est devenu pratiquement la norme. Résultat, on tue à la pelle d’innocentes personnes chaque jour que Dieu fait. Les consciences individuelles et collectives sont interpellées afin que l’on cesse, ici et maintenant, de faucher des vies. Car, ce genre d’accidents ne sont pas une fatalité. Ils sont le résultat d’abord d’une capitulation de l’Etat face à ses responsabilités. N’ayons pas peur des mots. L’attitude des autorités face au phénomène est purement et simplement criminelle. Mais comme nous sommes dans un pays où culturellement et sociologiquement, l’on explique toutes les morts par la seule volonté de Dieu (Dieu a donné, Dieu a repris), l’on peut parier que ce n’est pas demain la veille que les populations vont se décider à traduire des autorités devant les tribunaux pour avoir failli à leurs responsabilités dans ce genre d’accidents. Et pourtant, il faut qu’on en arrive là. Dans les pays normaux, la loi est appliquée dans sa rigueur. Car, chacun sait que cela participe du bonheur de l’ensemble de la communauté. De ce fait, dans ces contrées, la culture du civisme et de la responsabilité est la chose la mieux partagée. Sous nos tropiques, c’est tout le contraire. C’est pourquoi nos pays pataugent dans la médiocrité. Pour revenir à notre sujet, c’est-à-dire la violation flagrante de la réglementation en matière de circulation des poids lourds dans les agglomérations, disons qu’il est devenu impératif pour les autorités de sévir de manière à stopper l’hécatombe. Mais le peuvent-elles véritablement ? L’on peut en douter.

Rien ne garantit que le phénomène des camions tueurs prendra fin avec la construction de voies de contournement

En effet, l’on peut prendre le risque de dire que la plupart des camions qui violent allègrement la loi en matière de circulation en agglomération et qui, de ce fait, massacrent les pauvres populations, appartiennent aux gourous du pays. Il n’est donc pas permis de leur opposer la rigueur de la loi. Et malheur à l’agent de police qui va avoir l’outrecuidance de sévir contre eux. Il court le risque d’être ridiculisé voire humilié. Dans ces conditions, l’on ne voit pas comment on peut résoudre le problème. A moins que les populations elles-mêmes, par des actions citoyennes, montent au créneau pour crier leur ras-le-bol et faire arrêter les tueries en séries. Une telle réaction citoyenne est plus que légitime. Il nous revient qu’une telle initiative est programmée pour le 11 mai prochain. Vivement qu’elle ait lieu ! Car, si l’on doit compter sur nos autorités pour qu’elles se décident à faire appliquer la loi dans toute sa rigueur, on aura tout le temps de ramasser encore d’autres morts sur nos voies du fait de ces camions hors-la-loi. Du reste, l’on peut avoir l’impression que nos autorités ne prennent leurs responsabilités que lorsqu’elles ont le feu aux trousses. Et pendant que nos enfants sont en train d’être piétinés par ces engins de la mort, on parle à l’envi de la voie de contournement. Oui, cela constitue une solution. Mais doit-on attendre cette méga-infrastructure pour commencer à appliquer les textes ? Absolument, non et non. Et d’ailleurs, dans ce Burkina gagné par le laxisme et la recherche effrénée du gain facile, rien ne nous garantit que le phénomène des camions tueurs prendra fin avec la construction de voies de contournement dans nos villes. La vérité est que « c’est le Burkina des affaires qui est aux affaires du Burkina », pour reprendre l’expression de Norbert Zongo. Ce Burkina- là ne va donc pas se faire hara kiri en appliquant à ses propres camions, les règles de la République. C’est aussi simple que cela. Toutes les autres tentatives d’explication et de justification du phénomène relèvent de la diversion publique.

Sidzabda


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