HomeA la uneCondamnation d’Ahmed Abba : Un coup de poignard porté à la liberté de la presse

Condamnation d’Ahmed Abba : Un coup de poignard porté à la liberté de la presse


 

Ahmed Abba, le correspondant camerounais de RFI en langue haoussa, écroué dans la prison centrale de Yaoundé après son arrestation en fin juillet 2015 à Maroua pour « non-dénonciation d’actes de terrorisme » et « blanchiment d’actes de terrorisme » est désormais fixé sur son sort. En effet, le verdict tant attendu de son procès marathon est tombé dans la soirée d’hier, lundi 24 avril 2017. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le tribunal militaire qui le poursuit, l’a condamné à une peine assez sévère : 10 ans d’emprisonnement ferme et une amende de 56 millions de FCFA. Certes, le journaliste a, durant ce feuilleton judiciaire, échappé au couperet de la peine de mort et de la peine d’emprisonnement à vie. Mais, au regard des difficultés qui ont été les siennes pour instruire contre Ahmed Abba, le tribunal militaire, à travers cette sentence, a fait preuve d’une inclémence répugnante. En un mot comme en mille, cette condamnation est un coup de poignard porté à la liberté de la presse dont la commémoration à travers le monde, se tiendra dans moins d’une dizaine de jours (le mercredi 3 mai prochain).

C’est l’ensemble des journalistes camerounais qui doivent craindre pour leur métier

Il faut le rappeler, Abba a été arrêté, torturé et condamné dans le cadre de l’exercice de son métier de journaliste. En le condamnant à cette lourde peine pour une prétendue ‘’collusion’’ avec la secte islamiste Boko Haram, l’on peut dire que la justice camerounaise veut ainsi envoyer un signal fort aux médias du pays de Paul Biya, pour qu’ils se tiennent tranquilles. Pour ne pas dire que tout indique qu’il y a bien une intention de museler la presse camerounaise sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme. Au-delà du cas d’Ahmed Abba, c’est l’ensemble des journalistes camerounais qui doivent craindre pour leur métier. Toujours est-il que ce n’est pas en condamnant ou en intimidant les journalistes que l’on pourrait venir à bout du terrorisme dans nos contrées. La preuve en est que dans la même journée d’hier, trois soldats camerounais ont péri dans l’explosion d’une mine dans l’Extrême-Nord du pays en proie à des incursions permanentes des djihadistes de Boko Haram. C’est dire donc, que ce n’est pas en embastillant un journaliste qui ne faisait que son travail d’information que l’on mettra fin aux attaques terroristes. La lutte contre le terrorisme est ailleurs. On ne le dira jamais assez, cette condamnation d’Ahmed Abba est une atteinte grave à la liberté de la presse et il appartient à tous ceux qui défendent le droit à l’information de se mettre debout, comme un seul homme, pour dénoncer ce verdict qui tombe à quelques jours de la commémoration de la journée mondiale de la liberté de la presse dont le thème porte, de surcroît, sur la protection des journalistes.

Drissa Traoré

 


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