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CONFERENCE INTERNATIONALE SUR LA LIBYE A PALERME


 L’Italie réussira-t-elle là où les autres ont échoué ?

 

La crise libyenne est encore au cœur d’une conférence internationale les 12 et 13 novembre 2018 à Palerme en Italie. A l’initiative de l’ancienne puissance coloniale, cette rencontre qui prend fin aujourd’hui, a pour objectif de tenter de sortir la Libye du chaos. Elle se tient après celle de Paris en fin mai dernier et à l’issue de laquelle, les protagonistes s’étaient engagés à observer un cessez-le-feu. Mais le constat est que l’accalmie aura fait long feu tant, entre cette conférence de Paris et celle de Palerme qui se tient actuellement, le sang des Libyens n’a cessé de couler. C’est peu de dire donc que la Libye est toujours dans un bourbier. Ce qui peut être interprété comme l’échec de l’accord de Paris qui prévoyait des élections nationales pour le 10 décembre prochain. Aujourd’hui, tout le monde est unanime à reconnaître que cette date n’est plus tenable. Les Nations unies ayant même annoncé, le jeudi 8 novembre dernier, que le processus électoral devrait finalement commencer en 2019. Alors, l’on peut se poser la question de savoir si l’initiative italienne fera bonne recette pour sortir la Libye de l’ornière. Quoique ancienne puissance coloniale, que peut l’Italie dans cette crise qui déchire la Libye où on assiste à une sorte de conflit d’intérêts entre les grandes puissances, en l’occurrence la France, les Etats-Unis, la Russie et la Chine ? Aura-t-elle une quelconque potion magique à proposer mieux que l’accord de Paris ? En tout cas, il faut le souhaiter. Mais, avec la situation confuse qui est celle de la Libye, l’on peut aussi se demander si l’initiative de la conférence de Palerme, n’est pas juste un rappel à l’ordre à la France qui semble vouloir prendre le leadership dans le règlement de la crise d’un pays qui n’est pas son pré carré.

Tout processus de sortie de crise risque d’être vain tant que ne sera pas  accordée une place de choix à Haftar

Une chose est sûre : la rencontre de Palerme fait ombrage à celle de Paris tenue sous les auspices du président français, Emmanuel Macron. C’est probablement  ce pour quoi le président français n’a pas répondu favorablement à l’invitation des Italiens. Rappelons que Macron lui aussi, avec la conférence de Paris, avait ravi la vedette à Sassou Nguesso, médiateur attitré de l’Union africaine dans cette crise libyenne. C’est en cela qu’il faut se demander si le rendez-vous de Palerme ne va pas accoucher d’une souris sicilienne. D’autant que l’on semble se bousculer au portillon pour prendre le leadership dans le processus de paix en Libye.

Cela dit, la réussite de la conférence de Palerme sera aussi fonction de la participation ou non du maréchal Khalifa Haftar. Au stade actuel, il est illusoire de parler de processus de paix réelle en Libye sans l’adhésion de Haftar qui, par la force des armes, contrôle une bonne partie du territoire, notamment l’Est. Ses hauts faits d’armes ont fini par faire de lui un personnage incontournable dans le règlement de cette crise qui n’a que trop duré. A contrario, le Premier ministre, Fayez-al Sarraj, soutenu par la communauté internationale, est, selon toute vraisemblance, l’ombre de lui-même, tant il n’a d’autorité sur aucune des milices qui écument le pays. Ce qui amène à dire que tout processus de sortie de crise risque d’être vain tant que ne sera pas  accordée une place de choix à Haftar. Une autre inquiétude qui plane sur la bonne issue de l’initiative italienne, c’est l’épineuse question des migrations qui divise les gouvernements européens.

Drissa TRAORE 


Comments
  • La question libyenne rappelle celle de l’Irak les attaques fascistes de l’armée étasunienne et la chute de Saddam Hussein. Un petit rappel s’impose. Le chef de la mafia des grands groupes pétroliers étasuniens, Bush Jr. a d’abord décidé d’attaquer l’Irak en invoquant une raison fallacieuse et contre les décisions du Conseil de Sécurité et de l’Assemblée Générale des Nations. Ensuite, et après avoir détruit les forces armées irakiennes, il installe un gouverneur. Il faut noter un certain parallélisme avec la Libye. Après la répression violente des manifestants contre Kadhafi et en particulier à l’est, la France et le Roayume Uni décident d’attaquer. Mais à la différence des Etats-Unis en Irak, ces deux pays jouent une certaine légalité internationale. En effet une résolution a été votée par le Conseil de Sécurité. La France est le pays, qui s’est plus impliquée, militairement sous la président d’un certain Nicola Sarkozy, lequel a bénéficié de l’argent du leader libyen pour sa compagne de 2007. François Hollande avait d’autres projets de la françafrique. Banquier, à l’écoute des multinationales françaises, le jeune Macron s’implique dans la crise libyenne. Donc la France a été à l’origine de la crise actuelle et elle veut jouer un rôle dans sa résolution. Mais à la différence entre le cas libyen et irakien, c’est la compétition entre deux pays européens : l’Italie, ancienne puissance coloniale, et la France. Il faut rappeler que l’Italie sous Berlusconi a créé avoir retrouvé un rôle comme ex puissance coloniale en Libye bien avant la fin du régime de Kadhafi. Et le thème majeur, qui préoccupait et préoccupe l’Italie, c’est la migration. N’oublions pas Kadhafi avait un rôle important dans la lutte contre l’immigration clandestine vers l’Europe. Avec la levée de l’embargo, Kadhafi s’était retourné contre la jeunesse africaine. Et comme beaucoup de dictateurs aveugles, il avait oublié le soutien des pays africains durant l’embargo, qui a frappé son pays.

    26 novembre 2018

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