CONSOMMATION DE LA DROGUE AU BURKINA : 274 élèves et étudiants interpellés en trois ans
Le dimanche 26 juin prochain, c’est la journée mondiale de lutte contre la drogue, la 27e du genre. Le Pays des hommes intègres célèbre cette journée sous le thème : « Problématique des drogues en milieu scolaire, quelles stratégies pour une meilleure prévention ». Pour en parler, le Secrétariat permanent du Comité national de lutte contre la drogue a rencontré la presse hier, jeudi 23 juin 2016 à son siège à Ouagadougou. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le milieu scolaire burkinabè est « infecté » de « drogués ».
Devant les journalistes ce jeudi 23 juin 2016, étaient assis Mariam Diallo, Secrétaire permanent (SP) du Comité national de lutte contre la drogue, le Pr Arouna Ouédraogo, chef du service psychiatrique de l’hôpital Yalgago et membre du comité, le Dr Casimir Sawadogo, membre du comité au titre du ministère de la Santé, Landry Ouédraogo, responsable du département informatique et statistique du comité et Thierry Millogo, président de l’Association Save The Future. De la déclaration liminaire lue par le SP, on retient qu’au cours du 1er semestre 2016, 63 élèves et 13 étudiants ont été interpellés pour faits de drogue par les services de détection et de répression. C’est là un indice sur l’ampleur de la consommation de la drogue au sein de la population au Burkina Faso. Au niveau mondial et selon les dernières statistiques de 2014 fournies par l’Organisation des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), 200 millions de personnes, dont l’âge est compris entre 15 et 64 ans, consomment régulièrement la drogue, soit 5% de la population mondiale. On estime que 205 millions de personnes consomment des drogues illicites, dont quelques 25 millions sont dépendantes. Le cannabis demeure la drogue de prédilection : cultivé dans presque tous les pays du monde, on estime qu’entre 130 à 190 millions de personnes en fument au moins une fois par an.
Un phénomène scolaire
Au Burkina Faso, le phénomène a pris un accent particulier en milieu scolaire. En effet, dans la ville de Ouagadougou, une enquête de proximité en a révélé l’ampleur. Sur 30 familles vivant à côté des écoles, 21 pensent que la drogue est une réalité. Sur 10 familles vivant tout au long des barrages ou canal, 7 estiment qu’il faut faire quelque chose pour sauver les enfants. Sur 30 enseignants, 24 déclarent que la drogue est une réalité. Sur 30 élèves et étudiants, 28 estiment que la drogue est une réalité en milieu scolaire. De plus en plus d’élèves et d’étudiants sont interpellés pour faits de drogue. 274 élèves et étudiants ont été interpellés ces trois dernières années, soit 41 étudiants et 233 élèves dont 5 filles pour consommation de drogue. En rappel, au niveau mondial, le nombre total de personnes consommant des stimulants de type amphétamine – estimé entre 30 et 40 millions environ – devrait bientôt dépasser le nombre de consommateurs d’opiacés et de cocaïne réunis. Au niveau national, cette tendance devrait se confirmer. L’alerte est ainsi donnée quant à la consommation de la drogue par les enfants. Et le secrétariat permanent du Comité national de lutte contre la drogue interpelle l’ensemble des acteurs car l’usage de drogues et la toxicomanie constituent un problème de santé publique ayant des conséquences graves sur le développement et la sécurité.
Pour la 27e Journée mondiale de la lutte contre la drogue, le programme d’activités du secrétaire permanent a prévu principalement des séances de sensibilisation grand public, des émissions audio-visuelles et une cérémonie d’incinération des drogues saisies au cours de l’année 2016.
Michel NANA en collaboration avec Afronline (Italie)
Statistiques des drogues saisies au Burkina ces trois dernières années
– Cannabis : 123,332 tonnes
– Cocaïne : 51,048 kilogrammes
– Héroïne : 0,826 kilogrammes
– Médicaments de la rue : 36,173 tonnes
– Patients pris en charge pour abus de drogues : 791 personnes
– Enfants et jeunes en conflit avec la loi car ayant des problèmes de toxicomanie : 1 975 personnes