COUP DE GUEULE DE MOHAMMED VI SUITE AUX MANIFS DANS LE RIF : Mais où était donc le roi ?
Depuis bientôt plus de 6 mois, la contestation dans le Rif marocain avec pour épicentre Al-Hoceima, ne désenfle pas. Les tentatives de décapitation du mouvement à travers l’arrestation de son principal leader, Nasser Zefzafi, et de plus d’une centaine d’autres meneurs, ne semblent pas pouvoir venir à bout de la fronde. Face à cette situation, le souverain chérifien, Mohammed VI, s’est donc vu contraint de sortir de sa tour d’ivoire, avec sans doute l’espoir de faire baisser la fièvre qui s’est emparée du pays. Dans un récent communiqué, le roi a ainsi fait le procès de ses ministres qu’il tient pour responsables de la “non-exécution dans les délais impartis“, des projets inscrits dans le programme “Manarat Al Moutawassit” (2015-2019) dédié à Al-Hoceima.
Le coup de sang royal sonne comme un aveu qui donne raison aux frondeurs
Ce vaste programme de projets d’infrastructures doté d’une enveloppe de 600 millions d’euros, faut-il le rappeler, était destiné à satisfaire en accéléré les revendications des contestataires. En sus de ce communiqué, l’on rapporte que le souverain marocain a aussi sévèrement tancé ses ministres, le 25 juin dernier, lors d’une réunion qu’il aurait présidée à Casablanca, leur signifiant sans détour « sa déception, son mécontentement et sa préoccupation » par rapport à ce dossier pour le moins brûlant. Il a, de ce fait, ordonné aux ministres de l’Intérieur et des Finances de “mener les enquêtes nécessaires à ce sujet“, afin qu’ils “fixent les responsabilités et établissent un rapport dans les plus brefs délais ». Il a aussi décidé de “ne pas autoriser les ministres concernés à bénéficier du congé annuel afin qu’ils assurent le suivi des projets mentionnés“. Il a enfin “mis l’accent sur la nécessité d’éviter la politisation des projets sociaux et de développement réalisés ou leur exploitation à des fins étroites“. Même si la divine colère de Sa Majesté ne suffit sans nul doute pas à régler d’un coup de baguette magique les préoccupations de ses sujets du Rif, l’on peut se réjouir qu’il semble avoir enfin pris la mesure réelle de la situation. C’est en cela que l’on peut dire que ce coup de gueule du roi est déjà un bon point pour les manifestants, car comme le dit l’adage, « mieux vaut tard que jamais ». L’on peut d’autant plus se réjouir que le coup de sang royal sonne comme un aveu qui donne raison aux frondeurs. On peut donc, par effet induit, espérer voir s’arrêter la vague de répression qui s’abat sur les manifestants et la relaxe pure et simple des meneurs de la contestation, qui croupissent en prison. Même si l’on peut prétexter que ces arrestations sont fondées sur les lois marocaines, le roi ne peut logiquement pas se dérober au devoir d’user de sa grâce pour amnistier des sujets entrés en rébellion pour une cause que lui-même reconnaît implicitement comme juste. En le faisant, il réussirait d’ailleurs une formidable opération de communication politique en se posant comme le garant des valeurs de justice de la société marocaine et en affichant sa proximité avec son peuple. Toutefois, la sortie de Mohammed VI a tout de même de quoi estomaquer plus d’un observateur de la scène sociopolitique marocaine. Même à lui accorder le bénéfice du doute, comme de nombreux dirigeants sur le continent, son attitude pue la mauvaise foi. Et pour cause. Les manifestations ne datent pas d’aujourd’hui et leur écho est sans doute parvenu même aux confins les plus reculées du royaume. Elles se sont étalées sur plus d’un semestre et à moins de penser qu’il sommeillait, le roi peut difficilement convaincre qu’il n’était pas informé de la précarité des conditions de vie des populations du Rif.
Il urge qu’au-delà de l’effet d’annonce, le coup de gueule royal soit suivi d’actions concrètes
A ce propos, il faut d’ailleurs le rappeler, les problèmes du Rif remontent à très loin dans l’histoire du royaume. Dès 1958, dans le sillage des indépendances, les velléités indépendantistes de la région avaient été noyées dans le sang de la répression menée par le roi Mohammed V et le prince Moulay Hassan, le futur roi Hassan II et père de l’actuel souverain. En 1984, le Rif avait aussi connu ce que l’on a appelé « le soulèvement de la faim », réprimé dans le sang par le même Hassan II qui n’avait pas hésité à traiter les Rifains « d’apaches » et « de contrebandiers ». C’est donc dire que le legs du passé a lourdement pesé dans la gestion que le roi a eue de la crise et cet état de faits est bien perceptible dans la répression que le gouvernement a d’abord opposée aux manifestants. Il a poursuivi la guerre de ses pères et c’est une bien mauvaise lecture de la situation. De ce qui précède, il est évident que ce n’est pas de gaieté de cœur que le roi a daigné enfin se pencher sur le problème rifain. Acculé par l’ampleur que prennent les manifs et le poids de l’histoire, Mohammed V s’est aménagé bien opportunément une porte de sortie et ce d’autant plus qu’une bonne partie de la classe politique, notamment les parlementaires, a pris fait et cause pour les manifestants. Il faut tout de même déplorer que sa longue apathie face à la crise sociale dans le Rif, ait eu le temps d’empuantir le climat social du royaume, dans un contexte régional et international caractérisé par les tentatives d’infiltration des mouvements extrémistes. L’on peut donc légitimement se poser la question de savoir si la sortie du souverain aura l’effet escompté et s’il pourra ainsi se dédouaner à si bon compte. En tout cas, même si l’on ne peut mettre en doute la parole du roi, il est fort difficile de parier sur le fait que le peuple rifain morde à l’hameçon, surtout si les paroles ne sont pas suivies de gestes de bonne volonté. Il urge donc qu’au-delà de l’effet d’annonce, le coup de gueule royal soit suivi d’actions concrètes.
Et s’il y a bien un enseignement que le roi doit tirer de cette crise, c’est qu’il devra à l’avenir éviter de voir les réalités de son peuple à travers la lorgnette de ses ministres. Il importe qu’il quitte souvent ses appartements royaux pour aller au contact de son peuple avec le compas bien dans l’œil, au risque de voir se muer en éléphants blancs ses efforts de développement en faveur des populations et de voir ainsi se rapprocher des limites du royaume, le sceptre du printemps arabe qu’il avait jusque-là réussi à éviter.
« Le Pays »
Kouider le RIFI
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Depuis l’arrivé des alaouites au pouvoir en 1666 , le Maroc a regressé de empire puissant à une petite monarchie minable .
28 juin 2017Regressé de dominant à dominer .
Même notre drapeau qui existait depuis 1000 ans , par un drapeau que le maréchal Pétain nous a refilé et que Mohamed 5 a signé comme l’habitude , il signe tout ce qu’on lui présente sous la main rien que pour qu’il reste prince .