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CRISE POLITIQUE EN GUINEE-BISSAU


Va-t-on vers un dénouement de la crise politique en Guinée-Bissau ? C’est la question que l’on pourrait se poser au regard de l’évolution de la situation. En effet, sous la pression de la CEDEAO qui lui avait lancé un ultimatum sous peine de sanction, le Premier ministre, Faustino Imbali, irrégulièrement nommé, selon l’institution sous-régionale, par le président José Mario Vaz, en remplacement de Aristide Gomes soutenu par la communauté internationale, a rendu sa démission au lendemain du sommet de Niamey sur la situation en Guinée-Bissau, tenu le 8 novembre dernier dans la capitale nigérienne. Un véritable camouflet pour le président bissau-guinéen qui n’avait pas hésité à engager son pays dans une situation inédite avec deux Premiers ministres et deux gouvernements, dans sa volonté d’aller au bras de fer avec la CEDEAO, dans la perspective de la présidentielle du 24 novembre prochain qui aiguise son appétit.

Vaz est tombé sur plus fort que lui

 

Or, en se portant garante de la stabilité de ce pays, l’institution sous-régionale ne pouvait décemment laisser le président Vaz biaiser le jeu démocratique en installant à la tête de l’Exécutif, un gouvernement d’obligés pour organiser des élections auxquelles il est lui-même candidat, après qu’il a rompu les ponts avec sa formation politique, le PAIGC au pouvoir.On peut déjà saluer la fermeté de la CEDEAO qui a une fois de plus su se faire respecter dans son espace ; ce qui a abouti à la démission du nouveau Premier ministre nommé au forceps par le président Vaz. C’est la preuve que l’institution sous-régionale n’est pas une coquille vide, contrairement à bien des institutions du continent qui brillent par leur inefficacité en pareilles situations. En tout cas, c’est une victoire d’étape qui vient renforcer son image et sa crédibilité auprès des démocrates du continent.  Nul doute que cela contribuera, si ce n’est déjà fait, à déjouer les plans du président bissau-guinéen qui avait fini par adopter une posture de bravade vis-à-vis de l’institution sous-régionale, oubliant que cette dernière a  contribué à créer les conditions de son accession au pouvoir, par le déploiement d’une force dissuasive qui a su tenir une soldatesque particulièrement bien nourrie à la sève des coups d’Etat, à distance du pouvoir. Malheureusement, pour Vaz, il est tombé sur plus fort que lui. Et c’est tant mieux, si cela peut contribuer à sauver la démocratie dans ce pays ! Car, en multipliant les actes de défiance vis-à-vis de la CEDEAO,  le chef de l’Etat bissau-guinéen tentait de donner de lui, l’image d’un dur à cuire. Mais il se révèlera finalement un tigre en papier. C’est pourquoi, en attendant qu’il rompe le silence de la honte face à la nouvelle donne, l’on est porté à croire que Vaz n’a plus de carte crédible à abattre face à la CEDEAO. Il a joué et il a perdu. En tout cas, en se désolidarisant de lui et en se pliant aux injonctions de la CEDEAO, le gouvernement qu’il avait si inopportunément nommé à la veille de la présidentielle, a fini de fragiliser sa position. D’ailleurs, on se demande si le chef de l’Etat a encore une marge de manœuvre pour continuer à raidir la nuque. Désormais isolé par la communauté internationale après avoir perdu le soutien  de son parti, il ne lui reste plus qu’à tirer les conséquences de ses actes.

 

Il faut espérer que cette action vigoureuse de la CEDEAO permette de ramener le calme dans le pays

 

Mais que va-t-il faire, surtout que toute la communauté internationale a les yeux rivés sur son pays? Va-t-il se résoudre à rentrer dans les rangs ou bien sortira-t-il un autre lapin de son chapeau, qui aura pour effet de faire perdurer la crise ?  Quoi qu’il en soit, tout porte à croire que le président Vaz n’a plus rien à espérer car la CEDEAO semble décidée à prendre ses responsabilités jusqu’au bout. En effet, dans la foulée du sommet de Niamey qui a abouti au jet d’éponge du Premier ministre Faustino Imballi, l’institution sous-régionale a non seulement décidé de dépêcher, le 16 novembre prochain, une délégation de chefs d’Etat à Bissau, mais aussi de renforcer sa force militaire sur place par l’envoi d’un contingent supplémentaire.   C’est dire si elle tient non seulement au respect de son calendrier qui prévoit la tenue de l’élection présidentielle le 24 novembre prochain, mais elle veut aussi se donner les moyens de « faire face aux défis avant, pendant et après les élections » pour parer aux « risques de guerre civile ».   « Jomav » est donc prévenu. D’autant qu’une mission des chefs d’état-major de la CEDEAO est attendue dans la capitale bissau-guinéenne dans les jours à venir.En tout état de cause, il faut espérer que cette action vigoureuse de la CEDEAO permette de ramener le calme dans le pays, pour aider sereinement au rétablissement de l’ordre constitutionnel dans cet Etat qui a longtemps souffert des pouvoirs sous influence de narcotrafiquants et qui a aussi été sous le joug d’un pouvoir kaki toujours aux aguets.

« Le Pays »


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