HomeA la uneDEGRADATION DE LA SANTE DE L’EX- PRESIDENT BENINOIS

DEGRADATION DE LA SANTE DE L’EX- PRESIDENT BENINOIS


Cela fait plus de trente jours que l’ancien président béninois, Boni Yayi, vit reclus à son domicile. En effet, depuis les incidents meurtriers consécutifs aux élections législatives les plus contestées de l’histoire du Bénin, un dispositif policier mis autour de sa résidence, prive l’ancien chef de l’Etat béninois de sa liberté de mouvements. Et pendant ce temps, comme pour donner raison à l’adage selon lequel «le malheur n’arrive jamais seul », son état de santé n’a cessé de se dégrader au point de donner de sérieuses inquiétudes à ses avocats que sont Me Kato Atita et Me Renaud Agbodjo qui ont donné de la voix au cours d’une conférence de presse, le week-end écoulé. « Sa santé, disent les hommes en robe, s’est sérieusement dégradée. Sa tension artérielle est de 17 sur 10. Ses médicaments sont épuisés. Monsieur Yayi Boni ne dort plus en raison d’une crise sciatique…»
De quel crime Boni Yayi s’est-il rendu coupable pour mériter, dans son propre pays, pareille galère ? Telle est la question que l’on pourrait se poser.

Il faut chercher la cause des ennuis de Boni Yayi dans la vieille querelle qui l’oppose au président Patrice Talon

Officiellement, pour l’instant, aucune charge ne lui a été notifiée même si l’on sait qu’un juge instructeur devait l’entendre à son domicile le 7 juin dernier et que l’audience n’a pas eu lieu en raison de son état de santé. Mais l’on se doute bien que cette mise en résidence surveillée qui ne dit pas son nom, est en lien direct avec les propos que l’ex-chef d’Etat avait tenus au temps fort de la contestation électorale. L’on se souvient, en effet, que l’ex-président avait appelé à l’annulation du scrutin et mis en garde le président Talon. Mais, le moins que l’on puisse dire, c’est que la démarche paraît des plus curieuses dans un Etat de droit, tant elle donne l’impression que l’accusé a été condamné avant même d’être entendu. Pire, l’on a le sentiment du deux poids deux mesures, étant donné que Boni Yayi n’était pas seul dans sa position comme d’ailleurs le rappellent ses conseils : « Yayi Boni n’était pas le seul à aller tenir des réunions au siège de la résistance. » L’autre ancien chef de l’Etat béninois, Nicéphore Soglo, était du même combat mais il n’a pas été, jusque-là, inquiété outre mesure. Talon veut-il le scalp de Yayi ? En réalité, il faut chercher la cause des ennuis de Boni Yayi dans la vieille querelle qui l’oppose au président Patrice Talon et qui continue de couver comme du feu sous des cendres. L’on se souvient qu’accusé de tentative d’empoisonnement, Talon, frappé d’ostracisme au Benin, avait dû se refugier en France. Même si le peuple béninois avait arbitré le conflit en sa faveur et l’avait réhabilité en le plaçant sur la plus haute marche du pays, l’affaire est restée comme un os en travers de la gorge de Talon dont on peut dire, au regard de l’évolution de la situation aujourd’hui, qu’il a la rancune tenace. L’on ne peut, en effet, qualifier autrement la situation qu’en disant que Talon veut faire rendre gorge à Boni Yayi. Le hic dans cette affaire, c’est que ce sont les moyens de l’Etat qui sont utilisés pour régler des comptes personnels et cela, en violation des lois de la République. En tout état de cause, l’on peut dire qu’en agissant de la sorte, le président Talon donne raison à son prédécesseur qui l’accusait de « sorcellerie ».

Talon risque de faire regretter aux Béninois leur choix

En effet, quelle autre appellation peut-on donner à cette attitude qui consiste à asphyxier un être humain pour le laisser mourir à petit feu en le privant de soins ? En tout cas, Patrice Talon vient confirmer tout le mal que l’on pensait de lui. L’homme, comme il a déjà donné à le voir, est un dictateur en herbe. Car, il faut le dire, lentement mais sûrement, il a non seulement vendangé l’héritage démocratique d’un pays qui était l’un des phares de la démocratie en Afrique, mais aussi il a contribué à assombrir l’horizon au-dessus du Bénin. De ce fait, il risque, si ce n’est déjà fait, de faire regretter aux Béninois leur choix en imprimant de la plus mauvaise des manières, sa marque dans l’histoire du pays. Cela dit, dans cette affaire, l’on peut saluer la mobilisation des organisations de la société civile (OSC) pour la cause de Boni Yayi. En effet, plusieurs OSC burkinabè, nigérienne et sénégalaise ont, dans un communiqué, appelé les acteurs politiques béninois à la retenue. Mais autant l’on peut se féliciter de cette sortie de la société civile ouest- africaine, autant l’on peut se désoler du silence des chefs d’Etat dont le concours a pourtant été sollicité par Boni Yayi pour aider à résoudre cette crise politique qui secoue l’ancien Dahomey et dont l’une des manifestations est cette affaire sordide de séquestration à domicile. En tout cas, les OSC n’ont pas manqué de relayer l’appel de Boni Yayi en appelant la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à œuvrer pour restaurer un climat de dialogue entre toutes les parties au Bénin. Et c’est maintenant qu’il faut le faire pour éviter le pire.

«Le Pays »


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