HomeA la uneDr DOMINIQUE GNISSI, SG UNDD/RCI : « L’UNDD n’a jamais soutenu le déverrouillage de l’article 37… »

Dr DOMINIQUE GNISSI, SG UNDD/RCI : « L’UNDD n’a jamais soutenu le déverrouillage de l’article 37… »


Il s’appelle Dr Gnissi Dominique, secrétaire général de l’Union nationale pour le développement et la démocratie (UNDD), section Côte d’Ivoire. En plus de son engagement politique, il est médecin consultant à la clinique Robinson Pharma, située à Abidjan-Angre 7e  tranche, et président du COJA/MS, un mouvement politique  d’obédience socialiste en Côte d’Ivoire. C’est lui, l’invité de « Mardi Politique » de ce jour. Alors que l’UNDD semble être dans la léthargie et que son président, Hermann Yaméogo, est jugé pour sa supposée implication dans le putsch manqué du 16 septembre 2015, Dr Gnissi est convaincu que son parti n’est pas mort.

 

Votre parti, l’UNDD, semble avoir disparu « de la circulation » sur le plan politique. Que se passe-t-il ?

 

Comme dit un proverbe africain bien connu, « L’huile dort, mais n’est pas morte ». Ceci étant, l’UNDD est bien visible à travers la CODER dont on sait de qui vient l’idée. Le parti se manifeste également à travers les écrits, ouvrages et conférences de presse de son président au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire avec ma modeste, mais efficace contribution.

 

Selon vous, quel est le poids politique actuel de l’UNDD sur l’échiquier politique ?

 

Le parti, plus qu’aucun autre, j’ose le dire, a eu des propositions politiques qui ont démontré sa force de proposition. Il a eu aussi des initiatives qui ont contribué tant à la construction démocratique qu’à la paix qui a longtemps prévalu dans le pays, et a participé à la croissance dont il est par conséquent au moins indirectement l’un des ouvriers. Ce sont autant d’investissements qui comptent en politique et qui peuvent constituer des rentes. On ne peut pas, aujourd’hui, dans les débats qui se mènent sur la réconciliation, la justice transitionnelle, la justice militaire, le vote des Burkinabè de l’extérieur, la parité, occulter la voix de notre parti qui, sur tous ces points, aura levé le lièvre. Vous reconnaîtrez que même sans démonstrations tapageuses, le parti n’est pas absent du débat politique. Combien sont-ils les responsables d’un parti qui, dans l’espace quasiment d’un semestre, sont passés à Mardi politique, votre rubrique très appréciée de tous ? Le Président du parti et moi sommes dans le lot rare.

 

Quelle est la situation exacte du parti en termes de militantisme et de mobilisation des militants à Koudougou, fief de l’UNDD ?

 

Sur le plan national comme local et particulièrement à Koudougou, le parti n’a pas de visibilité électorale, pour n’avoir pas participé aux consultations depuis un certain temps en raison des persécutions dont ses militants, responsables et particulièrement son président, ont été l’objet. Mais nul doute que si le président, Me Hermann Yaméogo, est libéré de ses contraintes judiciaires, comme le phénix, le parti reprendra toutes ses couleurs.

 

D’aucuns disent que l’UNDD ne fait que « récolter ce qu’elle a semé » pour avoir soutenu le régime de Blaise Compaoré dans son projet de révision de l’article 37 en 2014. Qu’en dites-vous ?

 

Certains politiques, pas francs du collier, sachant que le Burkinabè n’aime pas lire, se documenter, en profitent pour travestir les faits et les vendre à bon marché aux innocentes consciences. Sinon, l’UNDD n’a jamais soutenu le déverrouillage de l’article 37… Le parti a beaucoup souffert de cette prise de position. Durant la crise et compte tenu de la cristallisation des antagonismes menaçant de faire basculer le pays dans la violence, le parti a demandé le référendum pour départager les deux camps, instruisant ses militants de voter pour le non en cas d’acceptation. Sachez aussi que c’est grâce notamment aux efforts de l’un de ses responsables à la commission constitutionnelle d’alors, Dabo Amadou, que la limitation du mandat à deux, a été inscrite dans la Constitution de la IVe  République. Sachez aussi que Me Hermann Yaméogo avait obtenu un verrouillage de l’article 37, durant les concertations consécutives au drame de Sapouy. Il raconte dans son dernier ouvrage, « Semences et moissons », comment un commando a empêché à la dernière minute la modification de la Constitution en ce sens. Ceux qui disent et jurent que l’UNDD a soutenu la révision de l’article 37 pour permettre de se passer de la limitation, ne diffament pas seulement le parti, ils diffament la mémoire nationale.

 

On n’entend pas l’UNDD au niveau du CFOP. Y a-t-il une explication à cela ?

 

Bien qu’ayant été l’acteur majeur du statut de l’opposition dont on lui a refusé le privilège de chef de file à l’époque à son président, le parti n’a jamais adhéré au CFOP. La démarche que ne partageait pas l’UNDD, c’était celle qui voulait créer un bipartisme artificiel par la force de lois autoritaires. Nous pensons qu’il faut rester dans le cadre du multipartisme intégral et laisser, comme dans les pays de bipartisme, les réalités politiques et électorales faire leurs œuvres.

 

Pensez-vous que les ennuis judiciaires du président, Me Hermann Yaméogo, soient un facteur handicapant pour l’UNDD ?

 

Si ce n’était pas le cas, il n’aurait pas tous ces ennuis.

 

 A ce propos, quels commentaires faites-vous des poursuites contre Me Hermann dans le dossier du putsch manqué du 16 septembre 2015 ?

 

Comme beaucoup, je crois que son dossier est vide. Il a été jeté dans ce dossier parce qu’il est un politique qui dérange par ses prises de positions et par ses écrits. Pour mener à terme la Transition-transmission, il a fait partie de ceux qui devaient être gardés au frais. Que l’on pense, comme en RDC Congo, à un système de blocage pour l’empêcher d’être sur le terrain en 2020, c’est possible.

 

 Quelles sont les perspectives de votre parti en termes d’ambitions politiques ?

 

L’ambition partisane peut se réaliser grâce à une stratégie individuelle ou collective. De plus en plus, en Afrique, c’est l’option collective qui tend à s’imposer. Au Sénégal, les politiques ont eu l’intelligence et le courage de s’y plier avec succès. En RD Congo, on semble être sur la même voie. Je ne sais pas ce qu’il en sera au Burkina Faso, mais depuis longtemps, l’UNDD est sur cet axe. Que ce soit sous l’angle des mandats ou des propositions, c’est dans la quête collective organisée que chacun  trouvera son bonheur.

 

Que pensez-vous de l’animation de l’espace politique par les partis politiques ?

 

Je trouve qu’elle n’est pas au top. Elle reste affligée des sectarismes de toujours auxquels il faut ajouter ceux issus de l’insurrection. Les partis politiques subissent les évènements, ils ne savent pas bien les exploiter ni les provoquer. Ce qui provoque une méfiance à la base.

 

Pensez-vous que l’opposition joue correctement son rôle?

 

Elle reste à convaincre. Et quoi qu’on dise sur ce plan, c’est sur le terrain qu’on jugera.

 

 D’aucuns estiment que le Burkina Faso est dans l’œil du cyclone sur plusieurs plans : sécuritaire, politique, économique,… Partagez-vous cet avis ?

 

Absolument. Le pouvoir, en refusant de prendre, dès le début, le taureau par les cornes et en ne pensant qu’à 2020, a mis trop de retard. Les efforts entrepris vers la Chine, l’Inde et la Russie mettront du temps avant de produire éventuellement des résultats. Pendant que les échéances électorales arrivent à grands pas, les gangrènes des maux que vous évoquez, se généralisent.

 

Certains considèrent les attaques dans l’Est et le Sud-ouest du pays comme des signes de rébellion armée. Etes-vous de cet avis ?

 

La question, beaucoup se la posent avec d’autant plus d’inquiétudes que si c’est le cas, le pouvoir semble incapable de faire face à cette rébellion armée ayant le modus operandi des commandos invisibles aux méthodes de guerres asymétriques aussi efficaces que celles des djihadistes .

 

Selon vous, comment peut-on positionner ou repositionner le pays sur la bonne voie ?

 

Notre parti n’a jamais cessé de conseiller de recourir à la réconciliation, le retour de l’ancien président Blaise Compaoré et de tous les exilés, la Justice transitionnelle au lieu de la Justice militaire inféodée. C’est ce même conseil que le prédisent du parti avait, au début du Front populaire, donné au président Compaoré qui l’avait accepté en permettant le retour des exilés. C’est toujours le même conseil que l’UNDD ne manquait pas de donner aux Ivoiriens, sous des insultes mémorables. Pour avoir déjeuné avec l’ex-Première dame, Simone Gbagbo, son parti a été déstabilisé. Regardez aujourd’hui ceux qui accourent chez elle après ce que le prédisent Ouattara a fait et qui profite tant au pays. Cela est la preuve que Me Hermann avait raison.

 

Comment jugez-vous la gouvernance du régime de Roch ?

 

Cette gouvernance n’est pas pacifiée. Elle se construit sur le seul rapport de forces, quand l’autorité de l’Etat se cherche sous les coups conjugués de l’incivisme, de la crise économique et sociale et surtout des guerres asymétriques multiples contre notre pays.

 

Si vous étiez à la place du MPP et de ses alliés au pouvoir, que feriez-vous en termes de gestion et de gouvernance du Burkina Faso ?

 

Je convoquerais – c’est encore une proposition du président Hermann – des états généraux de la Nation (ou Assemblée nationale constituante et refondatrice), pour poser cette même question directement au peuple, avec bien sûr un engagement solennel d’en appliquer les décisions.

 

Interview réalisée par Michel NANA

 

 

 

 

 


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