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ELECTION DU MAIRE DE LA COMMUNE RURALE DE OURI : Quand des conseillers MPP en viennent aux mains !


Convoqués par le préfet de Ouri pour la mise en place des organes dirigeants du Conseil municipal de la commune rurale de Ouri, localité située à quelque 30 km de Boromo (province des Balé), des conseillers MPP en sont venus aux mains. Faute d’entente militante sur les postes à pourvoir, leur fragile majorité a rapidement volé en éclats.

La commune rurale de Ouri (localité située à environ 30km de Boromo) dans la province des Balé compte 19 villages. Les résultats des élections municipales du 22 mai dernier ont donné 25 conseillers au MPP, 12 conseillers à l’UPC et 1  conseiller au CDP. Le 12 juin 2016, une mission interne de « supervision de désignation des candidats » MPP  conduite par  Leatare Bazile Guissou arrive à Ouri pour examiner, expliquer et partager la teneur d’une Directive (une sorte de code de bonne conduite militante interne) à tous les 25 conseillers MPP de la commune de Ouri. La Directive indique que les conseillers MPP privilégient d’abord et surtout la voie du « consensus » pour désigner les candidats aux postes à pourvoir dans les futurs organes dirigeants du Conseil municipal.  Toutefois, des élections peuvent être organisées si par exemple la réalité du terrain le recommande. En fait, c’est ce qu’on appelle les primaires au sein d’un parti. Du reste, quel qu’en soit le mode de désignation, la Directive précise qu’il « devient impératif » pour tous les conseillers de respecter les désignations entérinées par les conseillers eux-mêmes. Et la Directive prévient que les conseillers et même les membres de la mission de supervision  encourent des « sanctions disciplinaires si des comportements contraires aux décisions communes étaient observées ». Après donc ces élections primaires entre les conseillers MPP, les noms  des militants MPP devant occuper les postes dans les organes dirigeants du Conseil municipal ont été rendus publics et approuvés par tous en présence de la mission.

Et vint le jour des élections ouvertes

Le 20 juin 2016, les conseillers MPP, les conseillers UPC et le conseiller CDP de la commune rurale de Ouri ont été convoqués par le préfet pour la mise en place des organes dirigeants du Conseil municipal. Les conseillers MPP entrent dans la salle, avec dans leurs poches, la feuille portant les noms des membres de leur « gouvernement local » constitué et accepté par eux-mêmes. Le MPP a la majorité. Dès le premier vote, le parti au pouvoir gagne in extremis le poste de maire de Ouri (Daouda Barry avec 25 voix sur 25). Vient ensuite le vote pour l’élection du premier adjoint au maire. Et coup de théâtre ! Les conseillers MPP vont découvrir une série de surprises désagréables tout aussi incongrues qu’inopportunes : le conseiller Robert Loué du MPP incite le conseiller Kodio Aka du MPP  à se présenter contre la conseillère Bibata To, elle-aussi du MPP. C’est bien cette femme-là que les élections primaires tenues antérieurement ont retenue au poste de première adjointe au maire. Donc 2 candidatures MPP encouragées par Robert Loué sont enregistrées pour un même poste. Et comme pour confirmer que la politique est un jeu des imbéciles, au décompte des suffrages, Kodio Aka celui-là même à qui s’impose pourtant la discipline militante et les dispositions de la Directive est curieusement élu premier adjoint au maire (23 voix contre 15) ruinant ainsi l’espoir commun porté par Bibata To. Alors que le MPP a bataillé fermement pour l’émergence des candidatures féminines, voilà que l’appétit primaire des uns et l’indiscipline contagieuse des autres annihilent la « promotion » politique des femmes leaders à la base. Ahuris, des conseillers MPP, en l’occurrence, Abdoulaye Mien, par ailleurs membre du Bureau politique national (BPN), demandent une motion de suspension de séance de 5 minutes pour concertation. Les conseillers MPPistes sont invités à vider la salle. Dehors, les débats achoppent : « un coup d’état électoral » est en train d’être perpétré par des conseillers MPP contre ces conseillers MPP, protestent les uns ; le traitre Kodio Aka doit retirer sa candidature car cette attitude est contraire à la discipline et aux principes du parti, rappellent les autres. Le conseiller Abdoulaye Mien se montre des plus virulents. Il charge le conseiller Robert Loué d’être l’instigateur des démarches de couloirs et dit le tenir pour responsable de cette indiscipline organisationnelle et surtout de ce surprenant revirement de situation pernicieuse. Il est décidé de ne plus regagner la salle tant que promesse  de respecter et de faire respecter les dispositions de la Directive n’est pas obtenue. Aussitôt la tension gagne les MPPistes. Des voix sont élevées. Des injures fusent de partout. Robert Loué, aidé en sous main par Adama Tomé, se rue sur Abdoulaye Mien pour lever la main sur lui. Des conseillers, et même le public tassé dehors, s’interposent. Le coup effleure physiquement de justesse Abdoulaye Mien. On se pourchasse néanmoins. Les principes élémentaires de discipline du MPP sont à terre, sous le regard opportuniste du parti adverse, l’UPC, qui sait le parti majoritaire désormais « vulnérable ». Dépassé, le petit nombre de policiers est vite renforcé par une horde de gendarmes venus rapidement de Boromo. Après une trentaine de minutes perdues, tous les conseillers rejoignent la salle. Mais la politique a la vie dure. Le même Robert Loué souffle au candidat MPP (Yaya Yoin)  de retirer sa candidature au profit du candidat UPC déclaré (Boureima Barry) tous candidats au poste de 2e adjoint au maire. La candidature de l’UPC est évidemment passée comme une lettre à la poste ! Toutes les candidatures MPP se dilueront ensuite progressivement et rapidement les unes après les autres dans  les eaux perverses de l’UPC, avec la complicité marquée de Robert Loué qui a choisi de brader la discipline de son parti pour assouvir ses appétits voraces nombrilistes. Tout a été fondamentalement chamboulé. Tout est à refaire dans la tête des conseillers et dans la tête des militants du MPP dans la province des Balé et particulièrement dans la commune de Ouri.

Indiscipline contagieuse

A Boromo, le maire MPP, Adama Yao, a « vendu » son parti à l’UPC qui, en contrepartie, l’a fait roi au détriment du MPP assis, à présent, sur une coquille vide. Sur le chemin de retour, nous sommes tombés le 20 juin 2016 dans un bouchon routier à Tita sur plus de 200 mètres et pendant 2 heures. L’élection du maire MPP y a dégénéré. La ville de Tita avait son candidat MPP ; le département de Poui avait son candidat MPP. Conséquence : la résidence du maire MPP élu et contesté aurait été incendiée. La police et la gendarmerie ont assiégé Tita. Force doit rester tout simplement à la loi au MPP. Le respect du résultat des élections primaires à l’intérieur du MPP est politiquement une nécessité absolue. Et pour le démontrer, les comportements fractionnistes doivent être sanctionnés pour stopper ce brouillon d’indiscipline qui gangrène le MPP, un parti très attaché au respect des valeurs et des principes organisationnels.

Idrissa NOGO (Correspondance particulière)

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Comments
  • Voila ce qui arrive quand on ramasse par tous les moyens tout ce qu’on trouve sur son passage pour faire grossir son parti. Le butin est très difficile à partager car il y a trop de prétendants. Beaucoup sont des prétendants sans aucun scrupule. Aucun intérêt pour la collectivité, seuls les intérêts individuels comptent. Aucune idée pour le développement de la commune, le seul objectif c’est arriver au pouvoir. Le parti majoritaire qui devait montrer l’exemple, montre plutôt qu’il est irresponsable. Où se trouve donc la démocratie?

    23 juin 2016

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