EVENTUALITE D’UN 3E MANDAT EN RCI
ADO, un boulanger en herbe
Avant sa réélection en 2015, Alassane Dramane Ouattara (ADO) jurait, la main sur le cœur, qu’il n’irait pas au-delà de deux mandats. Les démocrates de Côte d’Ivoire et d’ailleurs avaient salué, par là, l’attitude d’un homme d’Etat. Trois ans après, il y a de quoi reconsidérer ce jugement. En effet, l’enfant de Kong, dans une interview à notre confrère Jeune Afrique, laisse entendre qu’il n’exclut pas de se présenter pour la présidentielle de 2020 à la fin de son second mandat. Le premier argument qu’il avance pour justifier, peut-on dire, ce rétropédalage, est que la nouvelle Constitution de 2016 l’y autorise. L’autre argument, et celui-ci semble être l’argument fétiche de tous les dictateurs qui peuplent nos tropiques, est le suivant : « La stabilité et la paix passent avant tout, y compris avant mes principes ». Ces propos, qui ne manqueront pas d’alimenter la controverse politique en Eburnie, peuvent être décryptés de deux manières.
Une stratégie pour éviter la chienlit au sein du RHDP
La première est qu’ADO a laissé entrevoir la possibilité pour lui de briguer un troisième mandat, pour tempérer les ardeurs des potentiels candidats à sa succession au sein du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Cette lecture tient d’autant plus la route qu’au sein de cette coalition, les appétits présidentiels des uns et des autres sont tellement gargantuesques qu’ils peuvent, avant 2020, engager la Côte d’Ivoire dans une dangereuse zone de turbulences. Il était donc temps pour Alassane Ouattara de siffler la fin de la recréation. Et la meilleure manière pour lui de le faire, est de signifier à tous ceux qui trépignent d’impatience de déposer leurs valises en 2020 au palais de Cocody, le message suivant : « attention, n’allez pas vite en besogne, car j’ai le droit, en vertu de la Constitution de 2016, de briguer un troisième mandat ». En faisant planer l’hypothèse d’un troisième mandat dans ce contexte, il est fort probable qu’ADO cherche par là à décrisper l’atmosphère au sein du RHDP de manière à y détecter le candidat à son goût, pour lui succéder en 2020 au palais de Cocody. De ce point de vue, l’on peut se risquer à dire que le président Ouattara n’est pas animé par un réel désir de s’accrocher au pouvoir. Seulement, il voudrait s’assurer du contrôle de la situation de son propre camp avant de clarifier définitivement sa position. Ce qui s’apparente à une stratégie pour éviter la chienlit au sein du RHDP, à propos de sa succession. Mais si telle est la visée du président, l’on peut se demander si les choses se passeront au sein de la mouvance présidentielle, comme il le souhaite. En effet, les couteaux sont déjà tirés au sein de son principal allié, c’est-à-dire le PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire). Et tant qu’ADO ne va pas travailler à permettre à ce parti de choisir en son sein un candidat pour défendre les couleurs du RHDP, l’on peut craindre que les couteaux ne soient pas rengainés. Là-dessus, ADO a intérêt à ne pas se méprendre. Sur la question, le PDCI est intraitable. Et ses principaux responsables, à commencer par Henri Konan Bédié, n’entendent pas faire la moindre concession à l’enfant de Kong. Le PDCI est d’autant plus dans cet état d’esprit qu’il estime qu’à deux reprises, il a fait violence sur lui-même pour permettre à ADO de remporter la présidentielle. Ce qui n’est pas faux.
L’hypothèse d’un 3e mandat pourrait être un scénario-catastrophe
Il est donc temps que le président Ouattara lui renvoie l’ascenseur en lui permettant de présenter un de ses militants en 2020 dans le cadre du RHDP. A l’appui de ce scénario, l’on peut évoquer le fameux accord tacite entre ADO et Henri Konan Bédié. Même si un texte dûment signé par les deux hommes y relatif n’existe pas à ce jour, l’on peut dire que moralement, ADO aurait tout à gagner en permettant à son aîné Bédié, comme il l’appelle affectueusement, de sauver la face en présentant un de ses lieutenants en 2020. Ce scénario a non seulement l’avantage de consolider le RHDP, mais aussi celui de préserver la stabilité et la paix en Côte d’Ivoire. L’autre angle sous lequel l’on peut décrypter l’hypothèse d’un troisième mandat pour ADO, est que cette position reflète plus une véritable ambition présidentielle qu’une simple volonté de calmer les ardeurs des potentiels candidats à sa succession au sein du RHDP. En effet, en Afrique, les présidents pouvoiristes, pour s’accrocher à leur trône, se font passer pour des hommes providentiels, pour ne pas dire des messies envoyés par Le Très-haut pour sauver leur pays. Alassane Dramane Ouattara pourrait être dans cette logique. Et quand il dit qu’il prendra une décision en 2020 « en fonction de la situation de la Côte d’Ivoire » et que « la stabilité et la paix passent avant tout, y compris avant mes principes », il semble accréditer cette thèse. Et le clair-obscur qu’il entretient aujourd’hui autour de son éventuelle candidature en 2020, fait partie des ingrédients prisés par les dictateurs pour ruser avec la démocratie. Cela dit, la situation sociopolitique actuelle de la Côte d’Ivoire ne peut pas s’accommoder d’un langage de Normand de la part du président Ouattara, à propos de sa candidature en 2020. Elle ne peut pas non plus s’accommoder d’arguties se fondant sur la Constitution de 2016 qui, d’ailleurs, peut être perçue aujourd’hui comme un acte prémédité tendant à légaliser un 3e mandat. La situation sociopolitique du moment exige de sa part un dépassement et une juste lecture du sens de l’histoire. Et ce sens aujourd’hui honnit le 3e mandat et le parjure. Avant ADO, l’on a vu le triste sort qui avait été réservé à Robert Guei. A l’avènement de ce dernier, il prétendait qu’il était là juste pour « balayer la maison ». Après, il s’est dédit. On connaît la suite. Pour avoir, tel un boulanger, roulé tout le monde dans la farine, il avait pris le risque d’exposer la Côte d’Ivoire à l’enfer. ADO, en révisant sa position par rapport à celle de 2015 où il affirmait, peu avant sa réélection, qu’il quitterait le pouvoir en 2020 pour aller cultiver son champ de cacao, est donc en train de se comporter comme son boulanger en herbe. L’on peut le supplier de trouver au plus vite son chemin de Damas. Car, l’hypothèse d’un 3e mandat pourrait être un scénario-catastrophe non seulement pour lui, mais aussi et surtout pour la Côte d’Ivoire. Et pour s’en convaincre, il pourrait s’inspirer du cas de celui à qui il offre aujourd’hui gîte et couvert, c’est-à-dire Blaise Compaoré.
« Le Pays »
MOREBALLA
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Il sera très sage pour ADO de demander conseil au grand facilitateur du Burkina résident en Côte d’Ivoire: Blaise COMPAORE. Son prédécesseur a une grande change de se retrouver à la CPI, ADO fera de grands et nombreux seront ils de le voir sous dix pieds. Oh! Africain, un éternel grand enfant!
4 juin 2018Anonyme
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“La paix et la stabilité passent avant tout…” En d’autres mots, c’est moi le semeur de trouble en Eburnie. Sans moi, vous n’aurez jamais la paix au bord de la lagune Ebrié…
4 juin 2018Bamba Zahanon Habib
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Rien ne dit qu’il briguera le fameux 3ème mandat. Toutefois pour que le pdci voit son candidat défendre la coalition du rhdp qu’il rejoigne le parti unifié. Il me semble que le vieux Bedié veuille revenir. La ci n’a que faire d’un has been .le pdci regorge de cadre à même de diriger le pays. Si le pdci se désolidarise de la coalition avec bedié comme candidat ce sera un échec.
26 juillet 2018M'condet Maurel
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A l’analyse, le président Alassane Ouattara gagnera à sortir du jeu politique par la grande porte. C’est-à-dire que le mieux pour lui est d’eviter de tenter de briguer un troisième mandat conformément à ce qu’il avait dit en 2015. En effet, force est de constater aujourd’hui en Côte d’Ivoire que le président de la république devient au fil des jours plus minoritaire . ses patisants, pour la plupart les frères du nord , ne sont pas en phase aujourd’hui avec la gestion du pouvoir d’État de celui pour qui, ils ont donné corps et âmes pour lui permettre d’accéder au pouvoir, experant en retour un mieux être.Sans trop parler de ses alliés d’hier , c’est-à-dire le PDCI qui s’attend à reconquérir le pouvoir d’État en 2020. L’ancienne majorité présidentielle quand à elle , est restée hostile au président Ouattara et se frustre de l’incarcération de leurs Leaders l’ancien président Laurent Gbagbo et son ministre Charles Blé Goudé à la Hayé au Pays-Bas.
L’amnistie de 800 prisonniers politiques et d’exilés, même si elle peut être le fait d’une grande pression de l’extérieur sur le président de la république, constitue une grande carte pour ce dernier dans le jeu politique ivoirien et éviter de se présenter à l’échéance de 2020 pourrait lui garantir une certaines admiration pour certains et la clémence pour d’autres. En ce sens que lui et certains de ses partisans qui ont pris une part active dans la crise socio-politique de 2002 ainsi que dans la crise post-electorale soient exempt de poursuites judiciaires et représailles de toutes sortes, d’autant plus qu’on sait que le peuple de Côte d’Ivoire a le sens du pardon et du vivre ensemble.
10 août 2018Kone Mamadou
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De quoi je me mêle. Le PRADO à annoncé publiquement sa volonté de ne pas briguer un 3e mandat. Même si c’était le cas, nous sommes des millions de jeunes ivoiriens à adherer à sa politique, qui en 7 ans, nous fait oublier la grave crise que le pays a traversé, n’en déplaise aux hiboux et d’autres pyromanes. Mes frères burkinabés ont mêmes intérêt à ce que les mêmes causes qui ont produit les effets que nous avons connus ne se reproduisent plus, eux qui ont payé un lourd tribut de la politique ivoiritaire. Alors, priez Dieu que la case du voisin ne prenne feu, car nous seront dans la même galère.
9 septembre 2018