HomeA la uneGREVE DU SYNTSHA

GREVE DU SYNTSHA


Comme annoncé, le Syndicat national des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA) a mis à exécution son mot d’ordre de grève qui est entré en vigueur hier, 21 mai 2019, pour une durée de 96 heures. Une chose est sûre, la grève  était  bien suivie au Centre hospitalier universitaire de Bogodogo (CHU-Bogodogo) et au Centre hospitalier universitaire  Yalgado Ouédraogo où nous sommes allé faire le constat sur le terrain.  Malgré le service minimum assuré,  la tristesse se lisait sur les visages des malades et leurs accompagnants.  

 

« Nous avons effectivement constaté un arrêt de travail par ceux qui désirent observer le mouvement du SYNTSHA. Le mot d’ordre de grève est effectif au CHU de Bogodogo. La première ronde effectuée depuis 7h, nous permet de dire qu’au-delà de ce mot d’ordre qui est assez suivi, le minimum est fait… Au niveau des services d’urgences jugés comme étant des services vitaux, vous avez des équipes minimales qui sont là et qui assurent la continuité des soins. Le service minimum est assuré, malgré toutes les difficultés que nous traversons en ce moment ». Ces propos sont de la directrice générale du Centre hospitalier universitaire de Bogodogo (CHU-Bogodogo), Diane Kaboré, prononcés à l’issue d’une visite effectuée aux urgences médicales, chirurgicales et  pédiatriques dudit CHU,  en compagnie du secrétaire général du ministère de la Santé, Dr Landaogo Lionel Wilfrid Ouédraogo, et son staff, hier 21 mai. Mais du côté des  accompagnants des malades,  c’est un autre son de cloche. Mohamed Kouraogo fait partie de ceux-là. Celui  que nous avons rencontré aux urgences médicales,  au chevet de son grand frère malade depuis trois jours,  ne partage pas cet avis. « Depuis avant-hier (NDLR : nous l’avons rencontré le 21 mai), il recevait les soins. Mais depuis ce matin, il n’y a personne pour lui administrer des soins. On n’a pas encore vu de médecin. Sincèrement, nous ne sommes pas contents. Tu viens avec ton malade pour qu’il recouvre la santé, mais  quand il y a ce genre de situation, tu ne sais plus où donner de la tête », a affirmé M. Kouraogo qui a soutenu  avoir été  surpris   par ladite grève car n’ayant eu aucune information avant. Au regard de la situation, il a invité le gouvernement à « trouver une solution » pour mettre fin à la souffrance des populations.  Aux  mêmes urgences médicales, nous avons également rencontré un agent de santé (qui a requis l’anonymat)  venu de l’intérieur du pays avec  sa mère malade,  depuis trois semaines. Loin d’être contre cette grève, il déplore le manque de service minimum. « Je suis moi-même un agent de santé et cela fait trois semaines que je suis là avec ma mère.

 

Le service minimum assuré

 

Je ne suis pas contre la grève, mais quand il n’y a pas de service minimum, cela complique les choses. Des stagiaires sont venus voir ma maman et sont repartis, promettant de revenir. Donc, je les attends.  Il est vrai que le mouvement vise à exiger l’amélioration des conditions de vie et la qualité des soins, mais depuis que je suis là, il y a eu beaucoup de  morts sortis de cet hôpital. S’il n’y a pas un service minimum, c’est la catastrophe. Je suis aujourd’hui une victime, mais rarement je vais en grève », a déclaré l’agent de santé. A son avis, la situation est moins déplorable  en ville qu’au village. « En ville ici, ça va, car tu peux aller en clinique si tu as les moyens, mais imaginez quelqu’un qui est au village où il n’y pas de clinique, il fait comment ? Ou encore une femme qui vient pour accoucher et s’il n’y a personne pour l’aider, voyez ce que cela représente.  Si les gens mesuraient la chose, cela ne devrait pas arriver. Quand j’ai appris l’annonce de la grève pour 96 heures, j’ai eu un pincement au cœur. Et quand on parle de boycotter les permanences et les gardes, je pense  que c’est encore grave », a-t-il regretté.  Des urgences médicales aux urgences chirurgicales en passant par celles pédiatriques du CHU-Bogodogo, nous avons constaté la présence d’internes ou « volontaires » venus prêter main forte, dans ces services vitaux.  « Que ce soit au niveau des urgences chirurgicales, nous avons trouvé le chirurgien avec un certain nombre d’internes ;  au niveau des urgences chirurgicales, nous avons trouvé un certain nombre d’infirmiers et d’internes au nombre de trois. Aux urgences pédiatriques, il y a une pédiatre qui assure la consultation externe avec un certain nombre d’internes pour la prise en charge essentiellement des urgences pédiatriques », a rassuré la DG du CHU-Bogodogo. Après la visite, le SG ministère de la Santé,  Dr  Landaogo Lionel Wilfrid Ouédraogo,  a indiqué que l’objectif était de s’assurer, sur le terrain, de  la continuité des services, en particulier ceux vitaux dans les structures de soins. « Nous nous réjouissons du fait qu’il y a un minimum qui est assuré afin que les patients qui s’y rendent pour des soins, puissent trouver des agents de santé pour les satisfaire. C’est le lieu de remercier les agents de santé qui ont fait l’effort de venir travailler et faire en sorte que le service continu soit assuré », a laissé entendre le SG selon qui un dispositif a été mis en place à cet effet. Au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO) où nous avons été, nous avons souhaité rencontrer  les premiers responsables. Mais ces derniers étaient en réunion, au moment de notre passage. Néanmoins, nous avons été  au service de la maternité où nous avons rencontré  le chef de département de Gynécologie obstétrique, Pr Blandine Thiéba/Bonané. Quand bien même elle ne voulait « pas parler à la presse aujourd’hui », elle a confié que  « la grève est bien suivie,  mais la prise en charge des urgences au niveau de la maternité est effective ». « Nous avons reçu l’appui  des militaires. Nous avons l’habitude de travailler sous pression et depuis, nous arrivons à gérer la situation.  Car il y a des gens qui sont en formation, qui nous appuient. C’est un milieu sensible où il faut sauver deux vies. Donc, nous mettons tout en œuvre pour gérer les urgences à la maternité », a avoué Pr Thiéba.

Colette DRABO

 

 


No Comments

Leave A Comment