HomeA la uneGREVE DES TRAVAILLEURS DU MINEFID : Le gouvernement va-t-il se raviser pour le dialogue ?

GREVE DES TRAVAILLEURS DU MINEFID : Le gouvernement va-t-il se raviser pour le dialogue ?


 

Les travailleurs du ministère de l’Economie, des finances et du développement (MINEFID) sont en grève  du 21 au 26 mai 2018. Une grève de 5 jours, soit 120 heures, à compter du 21 mai 2018. En début de matinée, nous avons fait le déplacement devant le MINEFID où se sont massés les grévistes déterminés à défendre leur plateforme revendicative. En face, des agents de sécurité assuraient la sécurité des lieux, érigeant çà et là une sorte de barrière de protection devant le ministère interdit d’accès aux grévistes  pour permettre à ceux qui veulent travailler de le faire tranquillement.

 

Ce 21 mai 2018, les travailleurs du MINEFID se sont matinalement massés devant la RTB, côté Est, non loin de leur ministère,  pour la grève de 5 jours dont le préavis avait été déposé le 4 mai dernier, selon Mathias Kadiogo, secrétaire général de la Coordination des syndicats du MINEFID.  Devant le ministère, les policiers sont visibles. Postés à côté de leurs véhicules, ils assurent la sécurité des lieux, filtrent les passages en direction du bâtiment. Impossible d’accéder au ministère quand on part du Premier ministère, sauf les détenteurs de réquisition. Armés de gaz lacrymogènes, les CRS observent le moindre geste des syndicalistes. Ces derniers, très remontés contre le gouvernement, n’hésitent pas à lui faire porter l’entière responsabilité  des conséquences de la grève sur l’économie nationale. « Personne ne doit parler à la presse, en dehors des responsables de la coordination », entend-on dire dans la foule des grévistes, à l’aide d’un micro amplificateur.  Comment en est-on arrivé à la grève comme recours final dans le bras de fer gouvernement-syndicat ? Pour le SG Mathias Kadiogo, c’est l’attitude du gouvernement qui a poussé les syndicalistes à recourir à la grève. Ira-t-il jusqu’au terme des 120 heures prévues ? Pour le SG, les travailleurs sont disposés au dialogue et tout dépendra du comportement du gouvernement. « Nous n’avions aucune intention d’aller en grève même pour 2 heures de temps », a confié Mathias Kadiogo, puisque, dit-il, « nous mesurons pleinement les conséquences de la grève pour notre pays. C’est à défaut de solutions que nous sommes allés en grève, a-t-il ajouté. Au  cas où le gouvernement se raviserait et se soumet au dialogue, le syndicat est prêt à surseoir à la grève »,  selon le SG Kadiogo. Les points de la plateforme revendicative concernent, entre autres, la restauration du Check off suspendu par le ministère, l’allocation du carburant aux travailleurs pour l’exercice de leur fonction, le respect des protocoles d’accord signés entre le gouvernement et les syndicats membres de la coordination syndicale ainsi que les réformes dont la transformation de la Direction générale des impôts (DGI) en Etablissement public de l’Etat (EPE) qui, de l’avis du SG de la CS-MINEFID, va consacrer la privatisation de la DGI, la reconversion d’une partie du personnel et il faut s’attendre à une sorte de compression des agents. Ce que le syndicat ne va jamais permettre, à l’entendre. Il exige l’arrêt des contrats de vérification accordés par l’Etat aux sociétés privées d’inspection des marchandises importées, à savoir notamment COTECNA et le CCVA pour les véhicules automobiles. Ces sociétés privées, selon les syndicalistes, ont pris entièrement les attributions des vérificateurs des douanes. Le statut sécurisant auquel tient fermement le syndicat va, selon le SG Kadiogo, couvrir les avantages et motivations financiers des travailleurs.  Raison pour laquelle le mouvement syndical veut un document législatif à ce propos. Quel est le compromis possible auquel le syndicat est prêt ?

 

Réponses significatives du gouvernement aux préoccupations des syndicats

 

Pour le SG de la Coordination syndicale, cela réside dans l’examen, avec sérénité, par le gouvernement des points qui figurent dans le préavis de grève et y apporter des éléments de réponse acceptables par le syndicat. Le Secrétaire général du ministère, Dr Abel Séglaro Somé, a confié que le gouvernement a apporté, le 19 mai dernier, les réponses aux points inscrits sur le préavis de grève du syndicat, au terme d’une rencontre avec les responsables syndicaux. Si la grève se maintient, selon lui, c’est parce que la Coordination des syndicats n’est pas satisfaite des réponses du gouvernement à leurs doléances. Ce qui, pour lui, traduit une incompréhension au niveau des différentes préoccupations et des réponses apportées.  A l’entendre, les réponses apportées par le gouvernement aux différentes préoccupations des syndicats, sont assez significatives. Si les syndicalistes se sont réjouis du succès de la grève au premier jour, le SG du ministère a confié que le service minimum est bien assuré avec les agents réquisitionnés, les non-grévistes et ceux qui n’ont pas de réquisition ayant choisi de venir travailler. La présence des policiers devant le ministère vise à éviter que les grévistes occupent les espaces et dérangent ceux qui travaillent dans le ministère, et à assurer aux usagers l’accès aux services.

Lonsani SANOGO

 Communiqué du gouvernement sur la grève du 21 au 26 mai 2018 des syndicats du Ministère de l’économie et des finances

 

La Coordination des syndicats du Ministère de l’économie et des finances (CS-MEF) annonce une grève du 21 au 26 mai 2018.

Le Gouvernement informe l’opinion nationale, que dans sa volonté de cultiver et de maintenir le dialogue social, il a rencontré les syndicats à plusieurs reprises et à présenter ses réponses à leur plateforme revendicative.

Ces rencontres se sont tenues les 28, 29 et 30 mars 2018 puis le 24 avril 2018 au ministère de la Fonction publique, du travail et de la protection sociale et ont connu la présence effective de tous les secrétaires généraux des syndicats membres de la coordination.

La dernière en date, initialement prévue pour le 18 mai 2018 à 9 heures, s’est tenue le 18 mai 2018 à 14 heures pour donner suite à une demande de report d’heure exprimée par la Coordination des syndicats du Ministère de l’économie et des finances (CS-MEF).

Le Gouvernement tient à rappeler que sur les points de la plateforme les réponses apportées aux syndicats sont les suivantes :

Sur la reconduction du check off.

Concernant cette revendication, les syndicats demandent au gouvernement de prélever d’office les cotisations des agents à leur reverser quitte pour les non syndiqués à faire les réclamations ultérieures.

Le Gouvernement note qu’il ne s’agit nullement d’une remise en cause du principe du check off consacré par le décret n°2012-525/PRES/PM/MEF/MFPTSS du 26 juin 2012 instituant le prélèvement volontaire à la source des cotisations syndicales des travailleurs des secteurs public et parapublic. Le Gouvernement réaffirme son attachement à la cession volontaire préalable des cotisations des agents publics.

Il s’agit pour le Gouvernement de veiller à ce que le principe de la retenue sur le salaire soit conforme avec la liberté de gestion du patrimoine personnel des agents publics et de s’assurer que le mode opératoire s’exerce conformément aux dispositifs prévus en la matière. A cet effet, une fiche de cession volontaire de revenu a été transmise à l’UAS pour observations et le gouvernement en attend le retour.

Sur le carburant

 

La restauration de la dotation en carburant de fonctionnement aux agents, supprimée par Arrêté n°2017-541/MINEFID/CAB du 26 décembre 2017.

Le Gouvernement réaffirme son engagement à respecter les protocoles d’accord signés et en particulier sur ce point, indique sa disposition à poursuivre l’application intégrale des points d’accord relatifs aux questions de dotation de carburant tels que contenus dans les protocoles d’accord. En conséquence l’arrêté n°2017-541/MINEFID/CAB du 26 décembre 2017 ne peut s’appliquer en l’état et devra être relu.

Le relogement des travailleurs du MINEFID dans le bâtiment R+4 du MINEFID.

Prenant en compte l’engagement des travailleurs à réintégrer le bâtiment R+4 du MINEFID, le gouvernement s’engage à les y reloger dans un état fonctionnel au plus tard le 31 décembre 2018.

L’arrêt des réformes entreprises au sein du MINEFID sans adhésion des travailleurs

Le Gouvernement réaffirme que les réformes majeures au sein dudit ministère seront conduites dans un processus participatif avec les partenaires sociaux du ministère.

La résiliation des contrats de vérification des importations avec les sociétés privées

Le gouvernement s’engage à mettre fin au programme de vérification des importations des marchandises avec la société COTECNA SA conformément aux termes du contrat et dans le respect de ses engagements communautaires.

Toutefois le transfert du contrôle de la vérification des importations se fera conformément à la stratégie inclusive de réappropriation des fonctions externalisées de la DGD.

En ce qui concerne la proposition relative au CCVA le Gouvernement s’engage à évaluer le dispositif mis en place avant toute décision. La partie syndicale sera associée à l’évaluation.

L’adoption de statut sécurisant pour tout le personnel du MINEFID

 

Au regard des compléments d’information fournis par le CS-MEF le Gouvernement n’est pas en mesure dans le cadre des présentes négociations de se prononcer sur le contenu à donner à un statut « sécurisant » étant donné qu’un processus qui se veut inclusif est ouvert sur la question de réforme des rémunérations et des avantages complémentaires.

Il invite les partenaires sociaux à s’inscrire dans cette dynamique en suggérant les réformes les mieux adaptées à leur situation.

Le Gouvernement rappelle que les revendications syndicales quelle que soit leur importance, ne sauraient prendre en otage l’ensemble des travailleurs et des producteurs du Burkina Faso.

Il appelle la coordination des syndicats à trouver dans le cadre du dialogue, des solutions qui satisfassent l’intérêt national tout en apportant des réponses aux attentes des syndicats.

Le gouvernement tient à rappeler que les stagiaires et agents du SND n’ont pas le droit de grève et qu’ils ont l’impérieuse obligation de rejoindre leur service pendant la période de grève. Pour organiser la continuité du service public, le gouvernement a procédé à des réquisitions.

En tout état de cause, le Gouvernement invite tous les stagiaires et les personnes réquisitionnées à être présents à leur poste de travail conformément à la règlementation en vigueur.

Les règles encadrant le droit de grève doivent être scrupuleusement respectées et la loi sera appliquée.

 

Ouagadougou, le 19 mai 2018

 

Le Ministre de la Communication et des relations avec le Parlement,

Porte-parole du gouvernement

 

Rémis Fulgance DANDJINOU
Officier de l’Ordre national

 

 


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