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INSECURITE AU BURKINA


La région de l’Est n’est pas seulement particulière pour l’immensité de sa superficie. Elle l’est aussi pour l’immensité des défis à relever pour lui permettre d’amorcer son développement. L’un de ces défis aujourd’hui est sans conteste l’insécurité qui y règne. Les terroristes en l’occurrence y ont tellement pris pied que beaucoup se posent la question suivante : après avoir perdu le Nord, est-on en train de perdre l’Est ? En tout cas, les faits parlent d’eux-mêmes. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne permettent pas de répondre par la négative. En effet, des communes comme Matiacoali, Yamba, Foutouri, Bartiébougou, Madjoari et Logobou sont devenues pratiquement acéphales, puisque les maires, les conseillers municipaux et les préfets se sont réfugiés à Fada, chef-lieu de la région, sous la menace des terroristes. Et cet abandon massif de postes pour échapper à la mort certaine, dure depuis deux ans. Ensuite, l’Est du Burkina rime depuis le début du mois de janvier avec viols, attaques armées, tueries, menaces, chantages, intimidations et l’on en oublie. Enfin, les terroristes ont poussé l’outrecuidance jusqu’au bout en installant par endroits, leur fanion et en procédant à des contrôles de pièces d’identité. Il faut noter que l’opération de contrôle des pièces d’identité a pour objectif de leur permettre de repérer et d’identifier les agents de l’Etat à l’effet de les châtier pour avoir fait le choix de servir « l’Etat mécréant ». Le message est facile à décrypter. Les attributs du califat sont en train d’être réunis à l’Est. Et il n’est pas exclu que très bientôt, ils en matérialisent les frontières par des bornes et choisissent leur Raqqa, entendez par-là, leur capitale en référence à cette ville syrienne qui fait office de capitale de l’Etat islamique. Lorsque l’on est loin des réalités de l’Est, l’on peut croire que cette présentation des faits relève de la caricature. Et pourtant ! Lorsque l’on approche les fils et les filles de la région, l’on se rend compte, pour parler comme les Ivoiriens, que « c’est ça qui est la vérité ». La grande question dès lors, qu’il faut se poser, est la suivante : comment en est-on arrivé là ? La réponse est simple.

L’Etat a capitulé face aux terroristes

En effet, après l’opération « Otapoanu » qui avait sérieusement blessé la bête immonde et qui, de ce fait, avait permis aux populations de jouir de quelques moments de répit, l’on a assisté à une sorte de relâchement voire de laxisme des autorités tant au plan national que régional. Résultat : les terroristes en ont profité pour signer leur retour. Et cette fois-ci, il faut plus qu’une opération de l’envergure « d’Otapoanu » pour les en déloger. En effet, ils ont eu tout le temps de s’installer confortablement dans une bonne partie de la région. Et en bons opportunistes, peut-on dire, ils ont jeté leur dévolu sur les zones forestières et aurifères. Du coup, leur alimentation et leur argent de poche sont assurés. En outre, ils se donnent les moyens pour appâter les jeunes. En réalité, les terroristes sont tellement sûrs de maîtriser la situation qu’ils ne prennent même plus la peine d’agir en portant des masques. Et dans cette insolence, ils se permettent par endroits de prélever les impôts et de procéder à des prêches publics dont la violence du ton n’a d’égal que leur mépris pour la République. Et avec la saison des pluies qui se profile, il faut craindre que les terroristes n’en profitent pour conforter leur position dans la région de l’Est. Une autre menace qui y est liée, est la famine.
En effet, dans cette insécurité ambiante et renforcée, l’on peut se poser la question de savoir si les activités de champ ne seront pas compromises. Déjà, les terroristes ont émis certains oukases qui risquent de tirer la production agricole vers le bas. L’on peut retenir, entre autres, l’interdiction faite aux femmes de cultiver et l’interdiction d’utiliser les ânes pour labourer la terre. Bref, l’Est, lentement et sûrement, est en train de basculer sous l’emprise des terroristes. Une des solutions envisagées par les hommes politiques de la région, en l’occurrence ceux de l’UPC, est de monter une opération « Ogapo », c’est-à-dire le dénouement final. Ils proposent, par ailleurs, d’impliquer fortement les détenteurs du savoir traditionnel du Gulmu et d’associer toutes les forces vives de la région. Il revient à l’Est de mettre en musique toutes les propositions pertinentes et d’aller à l’assaut des citadelles des barbus dans la région. Et le plus tôt serait le mieux. Car, il y a véritablement danger à l’Est.

Sidzabda


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