HomeA la uneINVESTITURE DE KARIM WADE A LA VEILLE DU VERDICT DE LA CREI : La ruse de guerre de papa Wade

INVESTITURE DE KARIM WADE A LA VEILLE DU VERDICT DE LA CREI : La ruse de guerre de papa Wade


Karim Wade vient d’être investi candidat du Parti Démocratique Sénégalais (PDS) pour la prochaine présidentielle qui aura lieu, en principe, en 2019. Ce scrutin pourrait être ramené à 2017 si d’aventure la modification constitutionnelle de la durée du mandat présidentiel, promise par Macky Sall, intervenait et s’appliquait au mandat actuel du président sénégalais. Mais qu’est-ce qui fait courir ainsi les Wade ? C’est la question que l’on se pose, au regard de cet empressement à placer Karim Wade sur la ligne de départ, empressement du reste critiqué par certains cadres du PDS même. A au moins 2 ans du prochain scrutin présidentiel, il n’y avait vraiment pas d’urgence pour le parti de l’ancien président Abdoulaye Wade, à prendre avec un tel empressement, cette décision. Sauf s’il y a des raisons bien peu avouables à cette décision.

Gorgui n’a jamais enterré l’idée de se voir succédé par son fils à la tête du Sénégal

Il est en effet évident que cette décision, prise à la veille du verdict de la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (CREI) dans l’affaire Karim Wade, n’est pas fortuite. Cette investiture est une ruse de guerre de papa Wade. Lui, qui s’est juré de ne pas accepter une condamnation de son fils et qui, à maintes reprises, s’en est pris vertement à son successeur Macky Sall. On a fraîchement en mémoire la sortie de piste du vieux Gorgui qui a traité le président Sall de « descendant d’anthropophage », « d’esclave ». A l’occasion, ceux qui en doutaient encore, ont compris que Abdoulaye Wade est décidément aux antipodes des principes de sagesse qu’exigent son âge et son parcours. Abdoulaye Wade ferait tout et n’importe quoi pour que son fils ne soit pas condamné par la CREI. Mais les carottes sont visiblement cuites. Alors, il ne reste plus à Me Wade qu’à manœuvrer pour donner le sentiment qu’une telle condamnation n’est ni plus ni moins qu’un acharnement politique contre Karim Wade.

Ainsi, il pourra accuser Macky Sall de tout faire pour écarter un concurrent sérieux. Hors, Karim Wade, comme on le sait, du temps du règne de son père, a échoué à se faire élire à la tête de la mairie de Dakar. Cela avait contribué à déjouer les plans de succession dynastique de Wade. Ces manœuvres montrent bien qu’en dépit de cela, Gorgui n’a jamais enterré l’idée de se voir succédé par son fils à la tête du Sénégal, d’où son amertume et sa haine tenace envers tous ceux qui sont pour quelque chose dans cet échec et dans sa perte du pouvoir par la suite. Certes, son attitude est fort compréhensible. N’est-ce pas du devoir d’un bon père de  défendre la cause de son fils en difficulté ? C’est de bonne guerre, dira-t-on.

Seulement, Abdoulaye Wade exagère. Il est évident que Karim Wade, en tant que justiciable, doit avoir droit à un procès équitable. Cela commande certes qu’il n’ait pas moins de droits, mais aussi qu’il ne bénéficie pas de plus de privilèges que les autres justiciables sénégalais. « Dura lex sed lex», disent les juristes. La loi, dans toute sa rigueur, est applicable à Karim pour autant que ce soit la loi.   On ne peut pas accepter qu’en lieu et place des arguments à avancer dans le dossier, on se livre à des manœuvres et contorsions politiques de tout genre pour ne pas répondre à ses juges. Ce n’est pas cela l’esprit de l’Etat de droit et Wade l’avocat le sait très bien. Il est fondé à user de voies de recours devant des juridictions internationales comme la Cour africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, s’il estime que le droit n’a pas été dit dans le procès de son fils. Mais il ne peut pas et ne doit pas exiger que la loi ne soit pas appliquée à Karim Wade, juste parce que c’est son rejeton. La CREI n’a pas été créée par Macky Sall. Elle n’a pas non plus été créée spécialement pour juger Karim Wade à ce qu’on sache. Wade et compagnie devraient donc savoir raison garder et se battre conformément aux règles de droit.

L’ancien chef de l’Etat sénégalais fait courir   à son parti un risque d’implosion

De toute façon, Abdoulaye Wade est mal inspiré de jouer aujourd’hui à la victime. Quand il était tout puissant président, il avait piqué, on s’en souvient, une vive colère quand le président de l’Assemblée nationale d’alors, un certain Macky Sall, avait osé demander des comptes au même Karim Wade sur sa gestion de l’Agence Nationale de l’Organisation de la Conférence Islamique (ANOCI). Cet épisode laissait déjà comprendre que pour Me Wade, son fils est trop grand pour rendre compte de sa gestion. Ce qui se passe maintenant n’est qu’une continuation de cela. Après avoir poussé son fils dans les ennuis en en faisant le ministre du Ciel et de la Terre, l’ancien président sénégalais est maintenant obsédé par l’idée de le tirer des griffes de la Justice, peu importe qu’il soit coupable ou innocent. Pour lui, son fils passe avant toute chose. Même l’intérêt de son parti, de son pays.

Cette volonté de présenter un bagnard à une élection comme l’a tenté le Front Populaire Ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo, ne grandit pas le PDS. C’est à la limite un acte de désespoir. Cette investiture est en fait une imposition de Abdoulaye Wade, sous le couvert de la démocratie. Ce qui donne du PDS, l’image d’un parti familial. Les organes et les cadres du parti sont manipulés par Me Wade qui en fait un instrument pour assouvir ses ambitions personnelles.   Avec une telle patrimonialisation du parti, il faut craindre pour la cohésion et  l’avenir du PDS lui-même. L’ancien chef de l’Etat sénégalais fait courir en effet à son parti un risque d’implosion. Il n’est pas évident en effet que les cadres du parti continuent, encore pendant longtemps, d’accepter de mettre en berne leurs propres ambitions politiques pour donner une chance à la dynastie Wade. Cette investiture du PDS aura certainement du mal à résister à une peine de prison ferme de Karim Wade. En tout cas, ce serait un suicide politique pour les cadres du PDS d’accepter que, du fait de cette affaire, leur parti soit incapable de faire face avec lucidité et réalisme aux échéances électorales à venir, surtout la présidentielle. Ce serait se tirer une balle dans le pied. Les voix discordantes qui s’élèvent déjà dans le parti suite à cette investiture, indiquent qu’au moins certains de ses cadres ne sont pas prêts à suivre Wade en mouton de panurge. Loin s’en faut. Et si Wade persiste dans ses manœuvres, la clameur des mécontents risque de monter crescendo et il va prendre cette vague de désapprobation en pleine figure.

 

« Le Pays »


Comments
  • le pouvoir en Afrique,
    tout est possible une fois au pouvoir
    ce qui fait que je tremble généralement devant les urnes
    je me rends compte o finish q ni paul ni pierre ne mérite ma voix
    mais qu’ils n’oublient pas que tout se paye sur terre.

    24 mars 2015
  • Je ne suis pas de la famille Wade et je ne les soutient pas du tout. Surtout leur volonte de gouverner un pays de cette facon. Seulement je trouve que la famille a le droit d’avoir une strategie de defense. Elle a aussi le droit d’avoir un bon avocat et la Loi n’interdit pas cela. Alors, votre analyse, si vous etiez Karim WADE auriez vous accepter descendre crescendo aux enfers, meme si c’est pour une seconde aalors que toutes les cartes sont dans vos mains ?

    1 mai 2015

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