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LES ACTES DE KABILA ET CEUX DE MUKWEGE


 Le premier déshonore la RDC, le second l’honore

Une délégation du Conseil de sécurité de l’ONU séjourne en RDC depuis le vendredi 5 octobre 2018. Cette mission a rencontré les responsables de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), la Majorité présidentielle, le gouvernement, l’opposition et la CENCO avant d’être reçue samedi par le président Joseph Kabila. L’objectif de ce déplacement onusien est de proposer son aide à la RDC, pour une organisation  réussie de la présidentielle de décembre 2018. L’opposition a profité de l’occasion pour poser des préalables pour sa participation aux prochaines élections. Il s’agit notamment du retrait de la machine à voter et de l’assainissement du fichier électoral. Quant à Joseph Kabila, et conformément à ses habitudes,  il s’est gardé de tout commentaire à l’issue de l’audience qu’il a accordée à la délégation du Conseil de sécurité. Cette attitude cache mal le mépris du locataire du palais de la Nation vis-à-vis de l’ONU.

La mission du conseil de sécurité se terminera par un échec retentissant

D’ailleurs, il ne manque jamais l’occasion de signifier à celle-ci son désir de   voir sa mission pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) plier bagage pour quitter son pays. C’est dans cette logique que le Maître de Kinshasa refuse toute implication onusienne dans le processus électoral en cours en RDC. De ce point de vue, l’on peut décrypter le silence de Joseph Kabila relativement à la mission du Conseil de sécurité, de la façon suivante : Kabila persiste et signe, il ne veut point de l’ONU dans les affaires domestiques de son pays. Ce message est clair et l’ONU doit en tirer toutes les conséquences. En tout cas, dans la situation actuelle, Joseph Kabila est le maître du jeu et c’est lui qui dicte ses règles à l’ONU. Cette dernière donne l’impression qu’elle a adopté un profil bas face au dictateur au point qu’elle est prête à le caresser dans le sens du poil. C’est du moins l’image que l’ONU laisse voir à propos des excès de l’homme fort de Kinshasa. Mais cette posture peu honorable de l’ONU, ne doit étonner personne. En effet, ce « machin », pour reprendre le qualificatif du Général De Gaulle, est un véritable tigre en papier. Et les dictateurs en sont conscients. En dehors des 5 pays membres du Conseil de sécurité qui disposent du droit de veto, les autres comptent pour du beurre. Et la géopolitique actuelle fait que ces 5 pays qui comptent, peuvent difficilement dégager une unanimité pour sévir contre un dictateur qui prend en otage son peuple. Kabila, qui est en train de brader  les richesses de son pays à la Chine, est également conscient qu’il ne risque rien de la part de l’ONU, de nature à ébranler son trône tant qu’il continuera à accorder la part du lion dans l’exploitation des immenses minerais de la RDC au pays de Mao. De ce qui précède, il ne fait pas de doute que la mission du conseil de sécurité se terminera par un échec retentissant. En tout cas, Joseph Kabila restera droit dans ses bottes. Il organisera comme il veut son scrutin et son dauphin l’emportera haut la main. Et si pour cela, il doit brûler le pays, l’on peut parier que Joseph Kabila ne se fera aucun scrupule. Car tous les actes qu’il pose depuis qu’il est aux commandes de ce pays continent, sont aux antipodes des intérêts véritables du peuple congolais.

Le gynécologue représente leur mauvaise conscience

Et les immenses fonds qu’il entend injecter dans l’organisation des élections à venir, pendant que le pays est confronté à une résurgence du virus Ebola, en sont une des preuves. Au moment où Joseph Kabila s’illustre par des actes qui déshonorent la RDC, son compatriote, Denis Mukwege, lui, brille par des actes qui tirent le Congo vers le haut. Et c’est pour l’ensemble de ses bonnes œuvres en faveur des femmes victimes de viol dans son pays que le prix Nobel vient de lui être octroyé. Quant au choix porté sur la personne de Denis Mukwege, l’unanimité peut être faite. En effet, ce chirurgien, fondateur de l’hôpital de Panzi, soutient depuis plus de 20 ans les femmes violées de l’Est de la République démocratique du Congo. En 1952, un humanitaire, comme lui, en la personne d’Albert Schweitzer, avait été honoré du même prix pour ses œuvres à l’hôpital de Lambarené au Gabon, en Afrique centrale. Mais le mérite de Denis Mukwege est d’autant plus grand qu’il intervient dans un pays où toutes les forces du mal, ainsi que les soldats gouvernementaux, ont mis un point d’honneur à l’empêcher, par tous les moyens, d’officier sereinement. Car, le gynécologue représente leur mauvaise conscience. En effet, les groupes rebelles qui écument l’Est de la RDC, de même qu’un dictateur comme Kabila, ne peuvent pas s’accommoder d’un homme dont la renommée nationale et internationale réside dans la réparation des dégâts qu’ils commettent  par le viol et par la mauvaise gouvernance. Denis Mukwege, à force de témérité et d’engagement pour la bonne cause, vient, par ce Nobel, d’intégrer pour l’éternité, la cour des grands. En Afrique, l’on peut les compter sur le bout des doigts.

A contrario, des individus comme Kabila, c’est-à-dire, des individus qui se délectent de la souffrance des autres, on en rencontre très souvent sous nos tropiques.

Et quand par effraction, ils s’emparent des rênes d’un pays, ils ne se donnent aucune limite dans leurs excès. C’est le cas aujourd’hui de Joseph Kabila. Et il est encouragé dans sa folie non seulement par ses pairs de l’Afrique centrale mais aussi par le goût immodéré de ses compatriotes pour les choses mondaines et festives. A cela, l’on peut ajouter l’atonie et  la grande hypocrisie de la communauté internationale. Et la mission que la délégation du Conseil de sécurité vient d’effectuer en RDC, en est une des illustrations.

« Le Pays »


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