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LEVEE DE LA JOURNEE D’HOMMAGE PREVUE LE 13 DECEMBRE : Le pire a été évité


Depuis l’assassinat odieux du journaliste d’investigation Norbert Zongo et de ses trois compagnons d’infortune, le 13 décembre 1998, cette date est commémorée chaque année par le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques (CODMPP), un regroupement de plusieurs associations et de partis politiques, qui demandent toute la lumière sur cette affaire. Il est vrai qu’avec le temps, la mobilisation a quelque peu faibli, mais ce triste anniversaire n’a jamais cessé d’être commémoré,  car  ils sont nombreux  les Burkinabè qui sont restés sur leur faim, à l’issue du procès ayant abouti à un non-lieu, et qui attendent toujours de connaître le fin mot de l’histoire, pour situer les responsabilités afin que justice soit rendue à Norbert Zongo.

Avec la chute du régime de Blaise Compaoré, beaucoup pensaient le moment venu pour que toute la lumière soit faite sur tous les dossiers pendants que les gouvernements successifs de la IVème République ont soigneusement travaillé à étouffer, parce qu’ils mettaient directement ou indirectement en cause les tenants du pouvoir d’alors.

Aussi l’enthousiasme qui a suivi l’annonce de la réouverture du dossier Thomas Sankara par les autorités de transition, laissait-il présager, pour bon nombre de Burkinabè, la réouverture de bien d’autres dossiers dont celui de Norbert Zongo. C’est pourquoi, en cette veille de la célébration du 16ème anniversaire des horribles assassinats de Sapouy, beaucoup de Burkinabè ne comprenaient pas que cette date fût retenue par les autorités de la transition, pour rendre hommage aux martyrs de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre derniers, et se demandaient si ce n’était pas une façon de vouloir noyer le dossier Norbert Zongo.

Bien plus que le lieu, à savoir la Place de la révolution, c’est le choix de la date même pour la commémoration des deux événements, qui posait problème, car l’un risquait d’être éclipsé par l’autre. Et si le CODMPP a estimé être en droit de revendiquer « sa » commémoration du 13 décembre, il va de soi qu’il voyait derrière le choix des autorités de la transition, une tentative d’entrave à la manifestation de la lumière sur l’assassinat du journaliste Norbert Zongo. Pour la simple raison que dans la conscience collective, ce dossier, qui est intimement lié au clan Compaoré et à son entourage, pourrait directement ou indirectement gêner aux entournures certains artisans de la transition qui leur étaient proches.

Une célébration dans la division aurait pu être nuisible à la transition

C’est pourquoi il faut saluer la décision des autorités de la transition de reporter sine die la journée d’hommage aux martyrs. Cela évite toute confusion. A présent, il faudra, au besoin,  prendre langue avec le CODMPP pour arrondir les angles et rassurer les uns et les autres, si les nouvelles autorités ne veulent pas donner raison à certaines mauvaises langues qui affirment que le dossier Norbert Zongo pourrait être, quelque part, la mauvaise conscience de certains acteurs de la transition, ce qui justifierait que jusque-là, à l’opposé du dossier Thomas Sankara, l’on n’ait entendu aucun engagement de l’Exécutif concernant l’affaire Norbert Zongo.

Le peuple a manifesté un élan de solidarité envers les martyrs du soulèvement populaire. Il s’est massivement mobilisé pour les accompagner à leur dernière demeure.  On peut donc s’attendre à ce que,  chaque année, ce jour de commémoration draine du monde.  Tout comme la journée des événements de Sapouy promet encore de faire sortir une population toujours assoiffée de justice pour ce qui est de l’affaire  Norbert Zongo.

En tout cas, il était difficile de croire que le choix de cette date par les autorités de la transition était une simple coïncidence tant, depuis 1998, la date du 13 décembre est ancrée dans la mémoire des Burkinabè.  Cette date symbolique a contribué à l’éveil de bien des consciences. L’on peut même dire qu’elle a été le point de départ de la prise de conscience du peuple, et que, quelque part, il a été l’élément déclencheur du soulèvement de ce peuple, pour plus de liberté et de justice, qui a connu son couronnement avec les événements des 30 et 31 octobre derniers.

Au demeurant, le nouveau visage que le Burkina présente aujourd’hui en termes de libertés individuelles et collectives, notamment de presse, d’expression, de manifestations, en somme de certaines réformes salutaires et même l’élargissement de la représentativité de l’opposition au sein du parlement, tire, quelque part, sa source du drame de Sapouy et du sacrifice de Norbert Zongo. Vouloir donc faire tomber dans l’oubli une telle manifestation, pouvait mettre à rude épreuve la cohésion nationale. Est-ce l’objectif recherché ?

En tout cas, une célébration dans la division aurait pu être nuisible à la transition elle-même. Car si elle n’y prenait garde, l’effet boomerang pouvait lui revenir à la figure, alors que la journée d’hommage aux martyrs n’a pas besoin d’être entachée, de quelque façon que ce soit.

Outélé KEITA


Comments
  • IL FAUT QUE LES PREMIERS RESPONSABLES DE LA TRANSITION EVITENT DE LOUVOYER AVEC LE PEUPLE, CAR UN OU DEUX INDIVIDUS NE PEUVENT PAS ETRE PLUS INTELLIGENT QUE TOUT UN PEUPLE.
    En effet, depuis l’annonce de la date du 13 décembre pour célébrer nos martyrs, j’avais déjà émis des inquiétudes, non pas sur le principe, mais sur la date. A l’époque, on m’a laisser croire que rien ne sera entrepris pour nuire à la manifestation de la vérité dans le dossier NORBERT ZONGO. Parce que pour moi, on ne peut pas élever quelqu’un au rang de Héros national, avant de savoir de quoi il est mort et qui est responsable de cette mort. Donc de mon point de vue, cette précipitation cache une intention malsaine. En effet, après avoir élevé les morts des 30 et 31 octobre 2014 au rang de Héros Nationaux, l’argument sera de nous dire “Ils ont déjà été élevés au rang de Héros Nationaux, donc, au nom de la Réconciliation Nationale, il faut avancer, il faut se pardonner, et patati patata”. Maintenant qu’il y a un organe législatif de Transition, à savoir le CNT, il revient à cet organe, qui est beaucoup plus représentatif du peuple, de déterminer les modalités (y compris la date) de célébration de nos martyrs, sans aucune exception.
    Il est important pour tous ceux qui ont un quelconque rôle de premier plan à jouer dans cette Transition, de comprendre qu’il ne sert à rien de vouloir jouer au plus malin avec la soif de justice du Peuple Burkinabè. Je l’ai déjà dit et je le répète : si certains ont rejoint le train de l’anti pouvoir à vie de Blaise, il faut qu’ils comprennent que des milliers d’autres Burkinabè les y ont devancé depuis des décennies. Et pour nous, ce que nous avons subi comme brimades, torture (morale, physique, économique, financière) est tellement important que ce ne sont pas quelques individus, qui d’ailleurs sont venus au devant de la scène grâce à notre persévérance, qui vont nous détourner de notre soif de justice. Il faut que cela soit claire pour toujours, car, les propos des uns et des autres commencent à semer le doute et nous nous ferons le devoir d’analyser au peigne fin tout ce qui sera désormais dit et entrepris pendant cette Transition. Il faut que les uns et les autres comprennent que nous ne sommes pas dupes : certains acteurs actuels de la Transition ont des intérêts particuliers à défendre dans certains dossiers, et nous le savons, car on se connaît bien au Faso. C’est, sous le régime de Blaise, ils avaient le pouvoir d’empêcher la justice des juges acquis de dire le Droit, ils n’avaient pas le pouvoir de nous empêcher de savoir qui a fait quoi dans quel dossiers. Blaise n’a pas physiquement assassiné les morts dont il est accusé. Cela veut dire qu’il avait donc des complices dont bon nombre vivent et jouissent encore des délices du pouvoir pendant cette Transition. Et nous savons qu’ils tenteront d’entraver la manifestation de la vérité dans tous les dossiers pendants devant la Justice. Mais qu’ils se rassurent, nous irons jusqu’au bout pour que JUSTICE SOIT RENDUE A NOS MARTYRS, SANS HAINE, SANS VENGEANCE. Le Droit va désormais prévaloir dans notre Burkina Nouveau. Alors, que ceux qui ont eu par le passé des comportements sauvages et brutaux se rassurent : s’ils n’ont pas réussi hier à nous intimider et à nous empêcher de lutter, ce n’est pas aujourd’hui qu’ils pourront quoi que ce soit. MAINTENANT, LE TEMPS EST CELUI DU DROIT, DE LA JUSTICE, DE LA CIVILTE ET NON DE LA BARBARIE ET DE LA SAUVAGERIE!!!

    10 décembre 2014
  • N’ est ce pas une mauvaise manœuvre politique de la Transition qui cache mal des ambitions inavouées? J’avais des doutes et ils semblent se confirmer.

    10 décembre 2014
  • Très sage décision des autorités de la transition. Car en effet choisir le date du 13 décembre comme la journée de nos martyrs viendraient effacer les manifestations de la mort de NORBERT. Alors que qu’ on dise, il est le premier martyr du BURKINA

    10 décembre 2014
  • Dommage que les gens n’ont pas compris le gouvernement de transition. NZ est un martyr autant que ceux du 30-31 octobre. C’est très triste cette malentendu !

    Qu’allons-nous faire ? Il faut cas même arrivé à un moment ou on contribue au moins.

    Il y a des anciens et des nouveaux martyrs du même régime avec des dates très proches.

    Le bon sens aurait souhaité une union des commémorations !

    10 décembre 2014
  • Les gens n’ont encore rien compris du jeu de pouvoir qui se dessine. Nous, nous trouvons exactement dans une situation à la Poutine. En réalité, tout part de Zida et revient à Zida. Il exerce ce qu’on appelle la “verticalité du pouvoir” et cela grâce aux réseaux qu’il est entrain d’installer. Nous sommes dans une phase de modernisation sans la modernité. On veut nous faire croire que tout va changer alors que rien ne change. Pour l’instant, c’est la carotte que le couple de l’exécutif nous sert. Le bâton viendra plus tard après les fêtes de fin d’année et cela, dès février 2015, le temps de laisser à tout le monde de digérer janvier (au propre comme au figuré).
    Les fausses notes sont tellement nombreuses que cela m’étonne qu’aucun parti politique ne prenne position. Pourquoi démettre de ses fonctions, l’arrêter et l’emprisonner sans poursuite judicaire l’ancien DG de la Sonabel? Pourquoi l’ancien DG de la Sonabhy n’a-t-il eu la même fatwa? Pour les autres DG des sociétés d’état sont-ils toujours en place? Pourquoi appâter le peuple sur les questions de Sankara, Norbert Zongo sans pipo mot de la récente mort atroce du juge Nébié? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Il y a trop de pourquoi et nous les comprendront en 2015.

    Bref, Kafando est là juste pour berner la communauté internationale et permettre que le robinet ne nous soit pas coupé. La seule bonne nouvelle, c’est l’ambassadeur américain qui veille au grain et qui sait ce que Zida et Blaise se disent au téléphone.

    10 décembre 2014

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