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LIBERTE DE LA PRESSE ET COVID-19


Le 3 mai dernier, a été célébrée, à travers la planète, la Journée mondiale de la liberté de la presse. Si d’ordinaire, l’événement est marqué par une série d’activités organisées par les professionnels des médias, il en va autrement, cette année, au Burkina Faso; pandémie du coronavirus oblige. Les rassemblements et autres regroupements étant interdits, la Journée mondiale de la liberté de la presse est presque passée inaperçue même si Reporters sans frontières (RSF) n’a pas manqué, à l’occasion, de se rappeler aux bons souvenirs de certains prédateurs qui, pour un rien, n’hésitent pas à envoyer des journalistes derrière les barreaux. C’est le cas, par exemple, du Maroc et de l’Algérie où sont régulièrement enregistrées des interpellations et détentions provisoires prolongées de journalistes pendant que des médias libyens, eux, se transforment en acteurs du conflit armé qui déchire le pays depuis bientôt une décennie. Quant au Burkina, même s’il a perdu deux points par rapport à son rang en 2019, il reste dans le top 5 des pays africains qui mettent un point d’honneur à respecter la liberté de la presse. Certes, des problèmes traditionnels subsistent mais la presse burkinabè, de façon générale, arrive à garder la tête hors de l’eau même si, il faut le reconnaître, son travail est rendu parfois difficile, depuis quelque temps, par un contexte sécuritaire délétère. Et c’est sur ces entrefaites qu’est arrivé le coronavirus qui a pratiquement mis tout ou presque sous coupe réglée. Tant et si bien que bien des médias, comme tant d’autres entreprises, connaissent aujourd’hui des tensions de trésorerie et autres problèmes.

C’est à se demander si certains dictateurs ne se servent pas désormais du Covid-19 comme d’un allié pour mieux embastiller les journalistes

Pouvait-il en être autrement quand on sait que du fait des mesures drastiques prises contre le Covid-19, tout est à l’arrêt ? C’est peut-être le lieu de déplorer le manque d’accompagnement ou du moins pour ce qu’il en est jusque-là, des médias par les pouvoirs publics qui, mieux que quiconque, savent que les journalistes, après le personnel soignant, jouent un rôle de premier plan dans la lutte contre le Covid-19 à travers la sensibilisation et la conscientisation des populations. Certes, au Burkina Faso, par exemple, la presse bénéficie d’un appui financier de l’Etat mais c’est peu dire que c’est insignifiant au regard du contexte actuel. Cela dit, non contents de ne rien faire pour soulager les peines des médias, certains dirigeants africains, eux, ont préféré en rajouter à leur galère. C’est le cas, par exemple, de la Somalie où, en plus d’avoir ordonné la fermeture d’un organe de presse, les autorités ont procédé à l’arrestation de cinq journalistes qui couvraient la pandémie du Covid-19. C’est à se demander si certains dictateurs ne se servent pas désormais du Covid-19 comme d’un allié pour mieux embastiller les journalistes. A ce problème de gouvernance politique, s’ajoute la dictature des réseaux sociaux sur fond de désinformation à laquelle devront faire face les journalistes dans l’exercice de leur métier, au risque d’entamer leur crédibilité vis-à-vis du lecteur. Surtout dans ce contexte de crise sanitaire où les fake news inondent la toile.

Boundi OUOBA


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