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L’OPPOSITION CONGOLAISE AU CONGRES NATIONAL AFRICAIN


 Un soutien qui peut compter

Le 18 septembre dernier, l’opposition congolaise était en Afrique du sud pour rencontrer les leaders de l’ANC, le Congrès national africain. Si la plupart des grandes figures de cette opposition se sont fait représenter à cette réunion, Moïse Katumbi et Adolphe Muzito étaient, eux, physiquement présents au siège de l’historique parti de lutte contre l’apartheid, qui est aux commandes de la Nation Arc-en ciel depuis l’ouverture démocratique en 1994.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’opposition Congolaise, dans sa lutte pour le changement,  veut s’inspirer de l’expérience du parti de Nelson Mandela. Et le timing ne semble pas anodin, puisqu’il intervient à un moment où on note un changement de ton de Pretoria vis-à-vis de  Kinshasa.

L’opposition congolaise semble avoir frappé à la bonne porte

En effet, le chef de l’Etat sud-africain, qui ne voit pas du même œil la crise congolaise que son prédécesseur, Jacob Zuma, semble avoir pris ses distances vis à vis de Kinshasa. De fait, alors que Jacob Zuma ne cachait pas son soutien indéfectible au maître de Kinshasa, Cyril Ramaphosa, lui, est allé jusqu’à faire le déplacement de la capitale congolaise pour encourager Joseph Kabila à ne pas briguer un troisième mandat. C’est dire si en se tournant vers l’Afrique du sud, l’opposition congolaise semble avoir frappé à la bonne porte. Et c’est un soutien qui peut compter. Car, non seulement leur hôte d’un jour est une personnalité qui ne recule devant rien et qui a une forte envie de se démarquer de son prédécesseur, mais aussi, dans cette région de l’Afrique et même sur le continent tout entier, l’Afrique du Sud n’est pas n’importe qui. C’est une voix qui compte et qui peut peser dans bien des décisions. Et Cyril Ramaphosa est conscient que s’il réussit à manœuvrer habilement dans la résolution de cette crise congolaise, il frappera indéniablement un grand coup pour le retour de son pays dans la médiation des conflits sur le continent. D’autant plus que la paix dans ce pays-continent serait synonyme de quiétude pour tous ses voisins qui suivent de près ce qui se passe à Kinshasa.

Cela dit, l’on peut tout de même s’interroger sur l’absence des autres poids lourds de l’opposition congolaise à cette réunion de haute importance au pays de Madiba. Cela est-il révélateur d’un malaise qui ne dit pas son nom ? En tout cas, si au sein de l’opposition, tout le monde est  conscient de la nécessité d’aller en rangs serrés à cette compétition électorale, la question du choix du futur candidat unique semble loin d’être tranchée. Et tout porte à croire qu’il se joue, en sourdine, une sorte de rivalité qui ne dit pas son nom et qui est à la limite malsaine entre les opposants qui semblent dormir sur la même natte sans pour autant faire les mêmes rêves. Car, on a le sentiment qu’en professant l’évangile de la candidature unique, chacun des leaders espère être le messie, l’élu derrière lequel s’aligneront les autres pour faire le plein des voix. Mais cela veut-il dire que chacun est véritablement prêt à s’effacer pour l’autre ? Rien n’est moins sûr. Et entre la parole et l’acte d’un politicien, il y a un pas qu’il ne faut pas trop vite franchir. Ceci pourrait donc expliquer cela et justifier l’absence de toutes ces grandes figures qui, déjà assurées que leurs candidatures ne sont pas menacées, ont préféré se faire représenter.

La compétition électorale risque de ne pas donner lieu aux empoignades épiques auxquelles l’on aurait été en droit de s’attendre

Aussi, si par la force des événements on a assisté à une première décantation avec l’invalidation de la candidature de Jean-Pierre Bemba et la mise hors course de Moïse Katumbi, l’équation reste malgré tout encore posée avec les candidats toujours en lice pour la conquête du Saint Graal. Mais l’opposition se tirerait une balle dans le pied, si elle était dans le scénario d’une union de façade. C’est Kabila qui se frotterait les mains, lui qui a déjà travaillé à déblayer le terrain pour assurer la victoire à son poulain. Du reste, Kinshasa a clairement mis en garde contre toute ingérence extérieure dans le processus électoral en RD Congo. C’est dire qu’en  plus de la fameuse machine à voter ironiquement appelée « machine à voler » par l’opposition qui est vent debout contre son utilisation, Kabila tient à avoir le contrôle total de la situation, pour éviter toute surprise désagréable.

En tout état de cause, avec la publication de la liste définitive des candidatures retenues, les dés sont jetés. Et c’est sans surprise que le candidat de la majorité part avec les faveurs des pronostics. Car, en l’absence de Jean-Pierre Bemba, Moïse Katumbi et même de Joseph Kabila, la compétition électorale risque de ne pas donner lieu aux empoignades épiques auxquelles l’on aurait été en droit de s’attendre si ces personnalités avaient été de la partie. Quoi qu’il en soit, la question est de savoir maintenant si l’opposition parviendra à créer la surprise en l’emportant devant le candidat du parti au pouvoir. Elle essaie visiblement de s’en donner les moyens, mais la balle est dans son camp et l’on attend de voir.

 

« Le Pays » 


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