LUDOVIC THIOMBIANO, DEPUTE UPC « Il est temps que le MPP cherche un candidat autre que Roch parce qu’il a échoué »
Votre rubrique « Mardi Politique » de ce jour reçoit l’honorable député Dramane Ludovic Thiombiano de l’Union pour le progrès et le changement (UPC). Avec lui, nous abordons plusieurs sujets : le développement de la région de l’Est, la gouvernance du MPP, l’actualité au sein de l’UPC, les élections de 2020. Le député répond, sans détour, à nos questions. Lisez plutôt.
« Le Pays » : Pourquoi êtes-vous entré en politique au lieu de rester dans le domaine du développement ?
Dramane Ludovic Thiombiano : Pendant longtemps, j’ai été hésitant mais l’appel devenait de plus en plus fort, du côté des populations pour qui nous travaillons. Elles ont souhaité qu’au-delà de tout ce que nous faisons, nous puissions être un jour leur porte-voix auprès des instances supérieures pour mieux continuer à défendre leurs intérêts. Pour être député, nous n’allons pas dire que nous n’avons pas fait beaucoup d’efforts, mais étant donné que c’était une demande au niveau local, les gens n’ont pas hésité à voter massivement pour nous.
Vous venez de dire que c’est la population qui vous a incité à devenir candidat. Est-ce à dire que vous n’êtes pas venu en politique pour vos propres intérêts ?
Nous ne sommes pas venu en politique pour nos propres intérêts.
En général, les politiciens ne visent que leurs intérêts !
Oui. C’est vrai. Mais cela dépend des intérêts qui nous animent. Pour certains politiciens, l’essentiel, c’est d’avoir une bonne maison et un bon véhicule. Nous avions tout cela avant de venir en politique. Nous sommes donc venu en politique par conviction.
Quelles sont vos ambitions en venant en politique ?
A partir du moment où nous avons eu le soutien de la population et celui du parti, notre ambition est de remplir les missions à nous assignées en tant que député : le vote de la loi, le contrôle de l’action gouvernementale, la levée de l’impôt. Il s’agissait de voir au quotidien, comment nous participons à ces missions. Il est clair qu’en venant à l’Assemblée nationale, ce n’est pas pour faire l’école buissonnière. Sauf cas de force majeure, nous sommes tenus d’être présents dans les travaux de commission, d’être présents lors des séances plénières pour participer aux débats et donner notre position. Il faut voir l’intérêt du Burkina Faso. Et pour nous, chaque fois que nous votons une loi, que nous participons activement aux travaux de commission par le partage d’expériences, c’est la région de l’Est qui gagne et c’est le Burkina qui gagne. Mais ce n’est pas toujours facile, parce que nous avons réalisé qu’en politique, c’est une question de rapport de forces. Parfois, nous avons des frustrations. Il est arrivé que l’opposition politique dise non à un projet de loi, par exemple, les PPP, mais du fait que notre nombre n’atteint pas le nombre de députés de la majorité présidentielle, on a assisté impuissamment au vote de cette loi. C’est trop dur. Cela nous amène à poser cette question : la majorité a-t-elle toujours raison ?
Jusqu’où vont vos ambitions politiques ?
C’est une question difficile parce que nous ne pourrons nous réaliser pleinement que si notre parti politique, l’UPC, gagne le pouvoir d’Etat en 2020. Nous sommes convaincu qu’avec les militants qu’on a aujourd’hui et au regard de la gestion chaotique du pouvoir d’Etat par le MPP et ses alliés, nous pouvons nourrir l’espoir qu’en 2020, les Burkinabè feront le bon choix en nous votant.
Si vous deviez faire un bilan de votre mandat, que diriez-vous ?
Nous avons commencé à faire cet exercice avec notre électorat. L’Assemblée nationale reste avant tout une école. En trente mois, nous nous sommes sentis dans une école, à travers les séminaires et les ateliers. Et c’est le lieu de remercier l’ensemble des partenaires de l’Assemblée nationale. Et l’autre aspect, c’est le fait d’accepter la différence parce que ce n’est pas toujours simple de vivre avec quelqu’un qui combat vos idées. Nous constatons qu’à l’Assemblée, beaucoup de lois sont votées mais c’est dans l’application que l’on en voit les limites. Dans tous les cas, à chaque fois que la loi est bien appliquée, nous voyons que cela contribue au bonheur des Burkinabè. Quand ceux qui nous ont donné le mandat sont heureux et que leur situation de vie change positivement, nous ne pouvons qu’être heureux en tant que député, représentant du peuple. Mais si leurs conditions de vie se dégradent, on a envie de cacher notre macaron, parce qu’on est passé à côté.
Qu’est-ce qui fait la force de l’UPC sur l’échiquier politique national ?
La force de l’UPC se situe à quatre niveaux. Le premier niveau, c’est la qualité des hommes et des femmes qui militent à l’UPC. Ce sont des gens qui sont venus dans la politique par conviction. La plupart de nos leaders sont des gens qui ont déjà fait leurs preuves dans la vie, soit dans le milieu professionnel ou ailleurs. Ce ne sont pas des gens guidés par des intérêts égoïstes, même s’il en existe à l’UPC. Mais cette catégorie est très peu, par rapport à ce qu’on voit dans les autres partis. Deuxièmement, c’est la bonne implantation du parti sur le territoire national. Beaucoup de partis ne sont pas présents dans les 45 provinces alors que l’UPC, en tant que deuxième force politique de ce pays, est un parti suffisamment implanté. Et nous avons des structures fonctionnelles qui se renouvellent. Dans la région de l’Est, nous avons renouvelé pratiquement toutes nos structures, entre novembre 2017 et fin mai ; et cela, dans la dynamique du congrès qui s’annonce pour le 20 juillet prochain. Troisième élément, l’UPC est un parti qui a un projet de société et une idéologie qui répond aux attentes des populations. Disons que l’UPC sait là où elle va. Quatrième élément enfin, pour nous qui sommes arrivé sans expérience politique, nous trouvons qu’il y a une vraie démocratie en interne. Nous trouvons même qu’il y a trop de démocratie à l’UPC et il faut réguler un peu. Il faut, à un certain moment, mettre des lignes rouges parce que certains en abusent.
Et quelles sont les faiblesses de votre parti ?
La première faiblesse est que la plupart des gens qui arrivent à l’UPC, sont sans expérience politique. Ils ont la bonne volonté, mais la bonne volonté seule ne suffit pas. Il faut que l’on travaille davantage là-dessus. L’autre faiblesse, c’est le manque de moyens financiers. Beaucoup d’opérateurs économiques veulent venir à l’UPC mais comme c’est un parti d’opposition, ils sont hésitants. Parce que s’ils viennent, ils risquent de perdre leurs privilèges. Il en est de même de certains cadres de l’Administration publique, qui occupent des postes de responsabilités importants. Ils nous le disent : « N’oubliez pas que nous sommes les hommes du mercredi » car s’ils s’affichent, le mercredi qui suit (ndlr : jour du Conseil des ministres), ils sont partis ; ils perdent leur poste. Revenant à la question financière, en dehors des cotisations ordinaires, le président est pratiquement la seule personne qui, par son réseau d’amis, ses bienfaiteurs et ses ressources personnelles, arrive à injecter beaucoup d’argent dans le parti.
Mais vous semblez oublier que vous faites partie des trois formations politiques qui se sont partagé le magot relativement à la subvention de l’Etat.
Il faut relativiser parce que nous ne croyons pas que la subvention de l’Etat puisse permettre à un parti d’avoir de bons résultats. Le président s’est beaucoup investi pour que nous puissions avoir le deuxième rang. Et c’est la première fois, dans l’histoire depuis les indépendances, qu’un parti d’opposition arrive avec presque 30% à une élection présidentielle. Pour ce qui est des faiblesses, il y a les moyens matériels. Par exemple, à l’Est, avec des routes désastreuses, pour aller d’une province à une autre, il nous faut des moyens roulants. Mais on n’attend pas que tout arrive pour faire le travail. C’est pour vous dire qu’il y a des problèmes, mais cela ne limite pas notre motivation.
Y a-t-il des guerres de positionnement entre militants à l’UPC ?
C’est l’un des partis où l’on recherche le consensus. Dans nos provinces, il n’y a pas eu de contestations, par exemple, dans les candidatures. Parce que le choix de la base est respecté. Ailleurs, ils ont imposé des candidats et il y a eu des votes- sanctions.
D’aucuns estiment que l’UPC, avec Zéphirin Diabré à sa tête, n’est pas capable de gérer le pouvoir d’Etat. Qu’en pensez-vous ?
Nous ne partageons pas cette opinion. En quoi le Président Zèph n’est-il pas capable de gérer ce pays ? A notre humble avis, c’est l’homme qu’il faut à notre cher pays qui est souffrant. C’est un homme politique visionnaire, humble et qui a un projet de société qui cadre avec les aspirations profondes de nos populations. Zèph, dans son projet de société, disait aux Burkinabè : « Si je suis élu, il faut qu’on serre la ceinture pendant les deux premières années (…) et on ne pourrait trouver de véritables solutions qu’à partir de la troisième année ». Ailleurs, on a dit en trois mois, chers Burkinabè, vos problèmes seront résolus. Nous sommes à deux ans et le miracle ne s’est toujours pas réalisé. Nous doutons fort qu’il puisse se réaliser avant 2020. Les détracteurs de Zèph qui ont tiré sur la fibre ethnique pour le noyer, sont passés à côté. Ils ont montré leurs limites.
Voulez-vous dire que Zéphirin Diabré est victime d’une conspiration ?
En partie. Nous avons tous appris, dans nos villages et nos provinces, que le président Diabré a toutes les qualités pour diriger ce pays mais que le seul problème est qu’il est Bissa. Il n’est pas Mossi. Pour avoir approché l’homme, nous pensons que c’est triste. Le Burkina a manqué son virage en 2015. Et il n’est pas tard pour bien faire. 2020 arrive. Ceux qui l’ont combattu jour et nuit, des gens sans vision, sont en train de montrer leurs limites de façon objective. Il est temps que les Burkinabè se réveillent. Nous ne sommes pas surpris que les sondages disent, même si je ne me fie pas beaucoup aux sondages, que dans l’intention de vote, 51% des Burkinabè souhaitent que Zéphirin arrive au pouvoir. Le mensonge ne peut pas tenir longtemps.
Il y a un diplomate européen qui a dit, courant 2015, qu’il pleurait ceux qui vont diriger le pays après la Transition. Pensez-vous que les choses auraient été autrement, sur le plan sécuritaire, économique et socio-politique, si un autre parti avait pris le pouvoir en 2015 ?
Votre question est très pertinente. Nous croyons que tous les candidats étaient conscients que le Burkina Faso revenait de loin. C’est là où nous disons que Zèph a eu un discours sage. Il a dit que dans l’état actuel des choses, il ne faut pas attendre de miracle. Il faut que les Burkinabè prennent en main leur devenir. Mais de l’autre côté et sur les affiches, il était écrit « Roch, la solution ». Est-ce que ceux qui le clamaient fort peuvent le redire aujourd’hui ? Pour nos amis, c’était le pouvoir ou rien. Ils ont fait trop de promesses qui n’étaient pas réalistes. Ils ont fait croire que beaucoup de choses allaient changer sans laisser entrevoir les difficultés. Aujourd’hui, chaque jour, les Burkinabè découvrent qu’on leur a menti.
Il y a certaines personnes qui disent que Zéphirin Diabré est trop dirigiste. Il jouerait au super-intellectuel à tel point qu’il impose ses vues aux autres. Qu’en dites-vous ?
Nous ne sommes pas un compagnon du président Diabré. Mais dans les instances dans lesquelles on se retrouve, par exemple au Bureau politique national, nous ne trouvons pas que c’est quelqu’un qui est trop dirigiste et trop imposant. Peut-être ailleurs, dans d’autres instances. Sinon, quand nos voyons la manière dont il conduit le BPN, cela renforce notre conviction que nous avions en venant à l’UPC. Personnellement, nous n’acceptons pas que l’on nous impose tout, si bien que nous trouvons que dans cette famille politique, on a de la marge pour dire ce que nous pensons. Nous l’appelons, à certains moments, pour avoir son avis sur telle ou telle chose parce que nous avons conscience que nous avons des limites, mais il ne nous a jamais imposé sa vision. Il ne nous a jamais appelé pour nous donner des leçons. Pour le peu de temps que nous l’avons côtoyé, nous pouvons témoigner que ceux qui formulent ces critiques, ne disent pas la vérité. N’oubliez pas que nous sommes en politique et que les gens disent des choses qu’ils n’ont pas vues ni vécues.
Qu’avez-vous fait concrètement, en tant que député, pour le développement de votre région ?
La mission d’un député n’est pas celle d’un maire, ni celle d’un ministre. Sa mission, c’est de voter la loi, consentir l’impôt et contrôler l’action gouvernementale. Aujourd’hui, si nous essayons de faire le point, nous sommes satisfait parce que nous faisons des efforts pour participer activement aux travaux de commissions et aux plénières. A un moment donné, les populations de la région de l’Est s’interrogeaient : « Que font nos onze députés qui sont à l’Assemblée, pour améliorer nos routes et nos conditions de vie ? ». Les gens veulent mesurer nos actions par des routes, des dispensaires, mais ils seront déçus parce que ce n’est pas la mission première d’un député. Ce sont les élus locaux, les maires et les ministères concernés qui doivent rendre compte de ces aspects.
N’est-ce pas une façon pour les députés de se débiner par rapport à ces aspects?
Nous répondons en deux points. Le premier point est que ce n’est pas cela notre mission première. Mais nous l’acceptons parce que sur le terrain, pour se faire élire, des candidats disent : « Donnez-nous vos voix parce que nous vous construirons des routes et des ponts ». C’est du mensonge pur et simple. Ce n’est pas la mission du député. Il y a des députés qui ne pourront jamais retourner dans leur localité pour la redevabilité. Le second élément, nous avons fait notre journée de redevabilité le 4 janvier 2018 à Fada. Et selon les témoignages, c’est la première fois qu’un député, avec un rétroprojecteur, faisait projeter son bulletin de salaire pour qu’on voie ce qu’il gagne comme émoluments. Avec leurs calculatrices ou leurs portables, les gens ont calculé ce que nous avons pu avoir en deux ans en termes d’émoluments et d’indemnités de session. Ce n’est pas secret. En deux ans, nous avons gagné autour de 31 millions de F CFA parce que nous ne sommes pas dans les parlements communautaires. Nous n’avons jamais effectué de missions au compte de l’Assemblée nationale. Donc, nous nous contentons de nos émoluments et de nos indemnités de session. Près de 14 millions de F CFA ont été utilisés pour aider à la construction des ouvrages communautaires et pour soutenir les électeurs. Certains nous demandent « Comment nous vivons ? ». C’est un choix que nous avons fait. Nous ne sommes pas venu en politique pour nous acheter une belle voiture ou construire une belle maison. Alors, en termes de réalisations, nous avons inauguré, en septembre 2017, un forage positif dans le village de Sandipkenga dans la commune de Fada. Nous avons réalisé ce forage sur la base de nos indemnités. Nous avons réhabilité quatre forages à motricité humaine ; nous avons assuré l’alimentation en énergie solaire de la maternité du secteur 7 de Fada et les frais de formation en vue de l’obtention du permis de conduire pour huit jeunes de Fada. Nous avons également assuré le parrainage de 30 élèves de la 6e en 3e dans trois établissements de la commune. Nous avons lancé la Coupe de l’unité dans la commune de Yamba. Nous avons fait réparer les tables-bancs dans deux écoles. Et tout cela, sur des fonds personnels, des fonds que l’on nous a donnés à l’Assemblée nationale pour aller manger avec notre famille et pour assurer correctement notre mission.
Selon vous, comment peut-on expliquer que votre région soit pourtant l’une des moins loties en termes d’infrastructures ?
Cela me fait sourire mais il faut avoir le courage de l’avouer. De tous les régimes qui se sont succédé, l’Est n’a jamais été une priorité malgré les fortes potentialités dont regorge cette zone. Les gens viennent annoncer de grandes promesses mais à la fin, il n’y a rien. Voyez l’état de nos routes, les potentialités agricoles, fauniques et minières. Malgré tout cela, nous n’avons pas de bonnes routes. C’est triste. Sous l’ère Compaoré, on nous a dit que le financement de la route Fada- Kantchari-frontière, était bouclé, mais on n’a rien vu. Blaise Compaoré est parti, la Transition est venue et a dit que les études étaient bouclées et que la route allait se réaliser. Le pouvoir du MPP est arrivé et nous fait croire que c’est lui qui a trouvé la solution. Cela veut-il dire que tous les autres avaient menti ? Nous ne savons pas. On nous dit que des travaux ont été lancés mais allez-y voir s’il y a des machines sur ladite route. Nous attendons de voir pour croire.
Jusqu’à présent, il n’y a pas de machines sur les routes de Fada ?
On observe les travaux. Nous ne quittons jamais notre province pendant longtemps. Le seul tronçon sur lequel nous voyons des machines faire un bon travail, c’est le tronçon Koupélà-Gounghin. Après ce tronçon, il n’y a aucune machine. Rien du tout. Et l’UPC, en septembre 2017, a fait ses journées parlementaires à Fada sous la présidence du député Daouda Simboro. On a réfléchi sur les routes et on a fait des propositions, mais rien n’a évolué.
D’aucuns estiment que vous les leaders politiques, vous travaillez pour votre développement et non pour les populations. N’est-ce le cas des leaders politiques au niveau de l’Est ?
Nous n’allons pas juger les autres. C’est à la population de juger. Nous pouvons admettre une chose, il y a très peu de concertations entre leaders politiques de la région, alors que tout doit partir de la concertation. Il y a eu des tentatives, mais cela n’est pas allé loin.
Comment expliquez-vous qu’en plus de l’insécurité, le terrorisme se soit invité dans votre région ?
Nous pensons que les terroristes ont besoin d’espaces pour s’implanter et l’Est fait frontière avec trois pays que sont le Niger, le Bénin et le Togo. C’est une région où il y a de vastes forêts qu’on ne peut pas contrôler. Naturellement, cela devient favorable aux terroristes. Il y a une grande distance entre deux postes de gendarmerie ou deux postes de police. Tous ces aspects font que c’est difficile de contrôler les espaces et ces terroristes sans foi ni loi ne font qu’en profiter. Il convient de saluer les efforts des Forces de défense et de sécurité. Il y a des patrouilles, mais l’essentiel est que ce ne soit pas un feu de paille. Cela veut dire qu’il faut pérenniser les actions pour rassurer les populations qui ont besoin de vivre dans la quiétude. Des efforts sont faits, mais nous souhaitons qu’ils soient renforcés.
Concernant la crise née de l’affaire UPC-RD, la page est-elle tournée ?
Oui, la page de la crise est tournée. La création de ce nouveau groupe parlementaire a été un coup dur mais très rapidement, sous le leadership du président Diabré et du BPN, on est arrivé à trouver des solutions. Ces collègues ne sont plus en situation de responsabilité. Ce sont d’autres qui ont pris la relève. Ils sont devenus de simples militants dans les provinces. Ceux qui ont pris la relève sont en train de travailler dur sur le terrain, pour avoir de bons résultats en 2020.
Quels rapports entretenez-vous avec les membres du groupe parlementaire UPC-RD ?
Sur les 13 députés qui ont formé l’UPC-RD, il y a quatre qui sont de l’Est. Je suis le seul qui soit resté.C’était trop dur parce que ces gens sont des grands frères. C’est une déception pour nous, mais nous gardons de bonnes relations. Espérons que le congrès prochain sera l’occasion pour eux de se ressaisir.
Quel sort le congrès pourrait-il leur réserver ?
A notre avis, ce ne sera pas un sort particulier parce qu’ils ne se considèrent pas comme démissionnaires. Comme le Secrétariat exécutif national est resté dans une politique de main tendue, nous croyons qu’ils vont saisir cette chance pour être au congrès et que le congrès va leur donner la chance de s’exprimer. Nous attendons d’eux, qu’ils puissent reconnaître le tort qu’ils ont causé au parti en créant un autre groupe parlementaire. Qu’ils puissent faire leur mea-culpa et que le congrès puisse leur pardonner pour qu’ensemble, on resserre les rangs. On a besoin de tout le monde pour gagner en 2020.
Certains militants ne doivent-ils pas aussi demander pardon à ceux qui ont été mis en cause parce que certains d’entre eux et leurs familles ont été pris à partie ?
Nous ne parlerons pas à la place du congrès, mais nous pensons qu’il y a du pardon à donner et à recevoir de part et d’autre.
Ce n’est pas l’UPC seulement qui traverse une crise. Selon vous, qu’est-ce qui explique ces velléités sécessionnistes au sein des partis politiques ?
Les partis n’ont pas les mêmes réalités. Donc, nous ne pouvons pas nous mettre à leur place pour répondre. Mais ce que nous savons, c’est que quand un parti grandit, les problèmes naissent. Seulement, il faut avoir la sagesse de privilégier le dialogue et chercher des solutions. Ce qui s’est passé à l’UPC est triste et ce d’autant plus que certains acteurs politiques d’autres partis ont contribué à enflammer la situation. Ils ont pensé que ça n’arrivait qu’aux autres. Il ne faut jamais se réjouir quand la case du voisin brûle parce que le feu pourrait s’étaler. Nous pensons que la classe politique devrait manifester sa solidarité à l’endroit de l’UPC, afin de recadrer les choses. Certains ont souhaité que l’UPC disparaisse mais, finalement, elle a grandi grâce à cette crise.
Briguez-vous un poste particulier au prochain congrès ?
Il revient aux congressistes d’évaluer notre travail pour juger si nous sommes digne de confiance. Nous pensons qu’on n’a pas besoin d’être élu par le congrès pour bien travailler pour son parti. Nous n’avions jamais imaginé que nous serions responsable régional. Par la force des choses, nous le sommes et nous l’acceptons avec beaucoup d’humilité.
Qui du MPP, de l’UPC ou du CDP a de fortes chances de conquérir le pouvoir d’Etat en 2020 ?
Sans être dans le secret des dieux, il faut voir la question à plusieurs niveaux. Le CDP a géré le pouvoir d’Etat pendant 26 ans. Le MPP est en train de faire un mandat. Les Burkinabè les ont vus à l’œuvre. L’UPC est le seul parti qui est resté fidèle à sa politique et n’a jamais géré le pouvoir d’Etat. Que l’on nous donne cette opportunité pour voir si on ne fera pas mieux. Nous croyons que l’UPC part avec beaucoup plus de chances de conquérir le pouvoir en 2020.
Dans nos pays, ce n’est pas un programme qui fait élire un président ! Vous le savez !
C’est dommage parce que nous avons un taux d’analphabétisme élevé. Mais il revient aux gens de pouvoir convaincre.
Selon vous, aux côtés de quel parti l’UPC serait-elle à l’aise : le CDP ou le MPP ?
Nous pensons que s’il y avait une alliance, nous dirions au président d’aller avec le CDP parce que ce parti assume son histoire et est membre du CFOP. Le MPP a une gestion chaotique. Pourquoi faire alliance avec un parti qui va perdre ?
Selon vous, le MPP va-t-il perdre le pouvoir en 2020 ?
Oui, parce qu’ils ont annoncé des choses qu’ils n’ont pas tenues. Nous pensons qu’il est temps que le MPP cherche un candidat autre que Roch parce qu’il a échoué.
Pensez-vous que vous êtes capables de faire mieux si vous êtes élus ?
Nous souhaitons que la population donne sa confiance à l’UPC en 2020. Si Zéphirin Diabré, devenu président du Faso, de tous les Burkinabè, ne fait pas mieux, qu’on ne lui redonne pas une autre confiance en 2025.
Le vote des Burkinabè de l’étranger aura-t-il lieu, selon vous ?
Nous espérons que ce vote aura lieu. Le chef de l’Etat, quand il a été élu, a réaffirmé sa volonté de voir cela aboutir en 2020. Avant lui, d’autres ont fait la promesse. Nous pensons qu’il ne faut pas attendre pour parfaire l’organisation avant de faire voter les Burkinabè de l’étranger. Commençons par un lieu, pour que les gens puissent voir que c’est vrai. Il faut marquer cette volonté politique et laisser les calculs politiciens de côté. Si c’est compliqué d’aller partout, commençons par l’espace CEDEAO.
Avez-vous un autre commentaire à faire ?
Nous voulons saluer le travail de la presse. Elle essaie d’éveiller les consciences et de donner l’information juste et équitable. A Fada, après les élections municipales, entre l’opposition et le parti au pouvoir, c’était très chaud et nous avons beaucoup aimé l’indépendance de la presse. Il y a quelques années, on ne pouvait pas s’attendre à cela. Nous croyons que tous les Burkinabè doivent s’y mettre pour que les journalistes puissent travailler dans les meilleures conditions.
Interview réalisée par Michel NANA
Légende
1- Le député Dramane Ludovic Thiombiano est originaire de la région de l’Est
2- Pour ce député de l’UPC, le MPP a échoué dans sa gestion du pays
Qui est Ludovic Thiombiano ?
« Je suis Dramane Ludovic Thiombiano ; j’ai 44 ans, député élu du Gourma sous la bannière de l’UPC. De formation, je suis conseiller en développement rural. J’ai dirigé l’Association pour le développement des Communautés villageoises (ADCV) dans la région de l’Est, de 2002 à 2015. Avec mon équipe, nous avons conduit quatre (4) programmes triennaux en faveur des populations de l’Est pour un coût d’environ 900 millions de F CFA investis dans la santé communautaire, l’éducation, l’alphabétisation, l’hydraulique villageoise et l’agriculture. Cela m’a permis de sillonner les villes et les campagnes et je pense connaître la région de l’Est parce que mon activité m’obligeait à faire le suivi-évaluation sur le terrain, pour mieux percevoir les besoins des populations ».
Yabre Henri Joel
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C’est fini pour le Mpp.On te donne 5 ans pour mieux travailler,tu dis qu’en 3 mois tu le feras.Où est le serieux?
29 mai 2018Anonyme
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Mon très cher honorable THIOMBIANO avec tout le respect que je vous dois.je te prodigue mes conseils de grand- frère.
30 mai 20181-Ne faites pas des déclaration sans fondement sur l’avenir du MMP.vous n’êtes pas un ange et de très loin d’être un dieu.
2-Ne sois pas si aigri à tel point de renier les efforts faits par le parti au pouvoir.les reconnaitre ne t’enlèvera rien du tout au contraire cela est une preuve de sagesse frangin.
3-Ne tombe pas si bas en faisant contraire à Zeph que c’est parc qu’il est BISSA qu’il a perdu le pouvoir d’État.Il était candidat comme tous les autres candidats.tout le monde ne peut pas accéder au perchoir Zeph a perdu .il l’a accepté cela la règle du jeu la vie continue.
Ne nous parle plus jamais de régionalisme.d’ éthnisisme d’analphabétisme.le peuple Burkinabe assume pleinement son choix et ne le regrette pas.