HomeA la uneMANIFESTATION DE L’OPPOSITION AU GABON : Libreville a le sommeil trouble

MANIFESTATION DE L’OPPOSITION AU GABON : Libreville a le sommeil trouble


 

Un collectif de sept candidats à la présidentielle de fin août ainsi que l’Union sacrée pour la patrie, avaient appelé ensemble à une marche pacifique contre la candidature du président Ali Bongo, estimant qu’il n’est pas Gabonais et qu’en vertu de la Constitution, il n’a pas le droit de se présenter au prochain scrutin. Ladite manifestation a dégénéré après l’intervention de la police. En termes de bilan, on enregistre plusieurs blessés et de nombreuses arrestations.  Comme on le voit, pouvoir et opposition campent sur leurs positions. Aux manifestations des opposants, le pouvoir avaient promis comme réponse, « la fermeté ».  Déjà, il y a quelques jours, certains des contestataires de la candidature du président Bongo avaient été arrêtés puis libérés, alors que d’autres étaient toujours recherchés  par la police. Avec l’évolution récente de la situation, on ne peut que croiser les doigts car de sombres nuages s’amoncellent  dans le ciel gabonais. Du moins, Libreville a le sommeil trouble. D’autant que l’opposition qui réclame à cor et à cri l’invalidation de la candidature d’Ali Bongo, semble ne pas vouloir renoncer au combat.  Au  même moment, on sait que le pouvoir en place ne fera de cadeau à personne. Ce sera coup pour coup et réponse du berger à la bergère. Dans une telle logique, il est clair que le landernau politique gabonais risque fort d’être agité dans l’intervalle de temps menant à la présidentielle. Il faut bien le dire, cette polémique autour de la candidature d’Ali Bongo  n’augure rien de bon pour le Gabon, quelle que soit l’issue des empoignades. Certes, l’on ne peut pas condamner l’opposition pour sa volonté de faire respecter la Constitution. Cependant, on se demande si le combat qu’elle mène sur la nationalité d’Ali Bongo, est celui qui vaille la peine d’être mené.

Ce n’est pas une manifestation ni une institution dans ce Gabon d’aujourd’hui, qui empêcheront Ali Bongo de rebeloter

En effet, si les origines kényanes de Barack Obama ne l’ont pas empêché d’être élu deux fois président de la plus puissante nation au monde, ce ne sont pas les origines d’Ali Bongo qui devraient l’empêcher d’être candidat dans un pays de Bantous où, du reste, la tradition veut que le père de l’enfant ne soit autre que celui qui l’a élevé. D’ailleurs, pourquoi c’est maintenant que cette récrimination est faite à Bongo qui, il y a quelques années, était encouragé et soutenu par ceux qui le combattent aujourd’hui ? L’opposition ne gagnerait-elle pas plutôt à se battre pour des réformes plus progressistes pour le pays, précisément pour l’obtention du scrutin à deux tours qui pourrait augmenter ses chances de battre Ali Bongo dans les urnes ? Le rayonnement démocratique auquel aspirent les Gabonais et les Gabonaises peut-il s’accommoder de reflexes identitaires ? Manifestement, les opposants gabonais font une analyse erronée de la situation politique ; conséquence, la solution proposée est en déphasage avec la réalité. Autrement dit, en cette pré-campagne, ils auraient dû placer les débats sur d’autres secteurs de la vie et de l’existence des Gabonais que de les entraîner dans une telle aventure. A moins que le combat actuel n’ait pour objectif  de trouver des arguments pour justifier plus tard une défaite annoncée face à Ali Bongo. Se sentant peut-être perdants face au fils Bongo, Casimir Oyé Mba, Bruno Ben Moubamba ou encore Guy Nzouba Ndama et les autres, se comportent-ils comme des naufragés qui cherchent à s’accrocher à tout, y compris à la « planche » de la filiation du président sortant ? Il est temps, si ce n’est déjà tard, que cette opposition se réveille car ce n’est pas une manifestation ni une institution dans ce Gabon d’aujourd’hui, qui empêcheront Ali Bongo de rebeloter et peut-être de gagner. C’est trop facile de penser que le fauteuil présidentiel va échoir à un individu comme un plateau d’or.

« Le Pays »


No Comments

Leave A Comment