HomeA la uneMANIFS POUR L’ALTERNANCE AU TCHAD : Deby de nouveau face à son destin  

MANIFS POUR L’ALTERNANCE AU TCHAD : Deby de nouveau face à son destin  


 

Les forces répressives du président Idriss Deby Itno ont fini par annuler la marche pacifique que devait tenir la société civile pour, non seulement réclamer plus de démocratie au Tchad pris en otage depuis 26 ans par un même homme, mais aussi exiger la libération de près de cinq leaders emprisonnés. En effet, suite à sa décision d’interdire la marche pacifique de la société civile, le pouvoir a déployé un impressionnant dispositif sécuritaire pour dissuader les « récalcitrants ». En dépit de tout, Deby doit comprendre que son peuple qui a déjà connu le pire de par le passé, ne veut pas et ne va pas se laisser conter fleurette. Dans tous les cas, les conditions sont désormais réunies pour que de gré ou de force, l’actuel pouvoir accède aux aspirations du peuple en termes d’alternance politique, de respect des droits de l’Homme et de partage équitable des richesses. Car, primo, l’Afrique est entrée dans une ère où les peuples prennent conscience qu’ils sont les vrais détenteurs du pouvoir. Ce faisant, ils ne sont plus prêts à laisser des monarques se permettre tout. En effet, avec notamment l’avènement du printemps arabe, l’absolutisme et le pouvoir à vie n’ont plus droit de cité. Les Tchadiens ne vivant pas en autarcie, Deby doit lui aussi prendre conscience que ce qui était possible hier, ne l’est plus aujourd’hui. Secundo, les pouvoirs ont des marges de manœuvre de plus en plus réduites dans ce contexte de raréfaction des ressources. Pour le régime tchadien en particulier, le pétrole ne génère plus assez de ressources pour garantir une sécurité économique au pays. Et pour ne rien arranger, Deby n’est plus aux périodes fastes des opérations militaires au Mali ou au Nigeria, qui lui permettaient de créer l’unanimité autour de sa personne dans la lutte contre le péril djihadiste. Tertio, partout où les peuples se sont montrés déterminés, les forces répressives et barbares se sont montrées inopérantes.

Il appartient à Deby de savoir être du bon côté de l’histoire

Comme dirait quelqu’un, Deby n’est plus assez fou pour joncher les rues de N’djamena de cadavres. Car, il sait très bien qu’en cas de pogrom, il répondra devant la Justice internationale. Son prédécesseur Hissène Habré en sait quelque chose. Enfin, la conscience internationale ne permet à aucune puissance occidentale de couvrir des potentats qui écrasent leur peuple. En clair, le maître de N’djamena est dans un cul-de-sac et il est obligé de bien manœuvrer pour sortir du piège dans lequel il s’est lui-même enfermé. Le grand souhait du président tchadien devrait donc être celui d’avoir une sortie honorable. Il affirme vouloir revenir à la limitation des mandats. Mais le hic, c’est que les Tchadiens ne croient pas en sa sincérité. Au total, on se convainc que Idriss Deby négocie mal sa sortie. Il est dans la logique du pis-aller et court droit dans le mur. Devant la vision partagée entre les partis d’opposition et la société civile pour réclamer l’alternance politique, Deby a choisi la voie de l’emprisonnement, de la répression ; celle-là même qui constitue sa marque de fabrique. Seulement, il oublie que cette méthode a montré toutes ses limites. Ce qui est certain, le président Deby partira. Dans quelles conditions ? Personne ne le sait. Même pas Deby lui-même. En tout cas, il lui appartient dès maintenant de savoir être du bon côté de l’histoire.

Michel NANA


Comments
  • Le Tchad est vendu par les eleveurs

    30 avril 2016

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