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MARINE LE PEN A N’DJAMENA : Mais que vient chercher cette raciste en Afrique ?


 Marine Le Pen, la candidate du Front national (FN) à la présidentielle française de 2017, était en visite le 21 mars dernier au Tchad.  L’évènement a de quoi faire bondir, quand on connaît les positions du FN sur l’Afrique et les Africains. L’on comprend donc que l’opposition tchadienne soit vent debout contre cette arrivée  jugée des plus inopportunes, de la candidate de l’extrême-droite française  parce qu’elle constitue, le moins que l’on puisse dire, une souillure de la terre tchadienne.  La sagesse populaire africaine enseigne que « la musaraigne n’aime pas le marché parce que consciente du mépris que lui portent les gens ». Cela dit, l’on pourrait se demander ce que Marine Le Pen vient chercher en milieu si hostile.

La visite de Marine Le Pen au Tchad a des visées électoralistes certaines

Officiellement, le but du voyage de la présidente du Front national est de rendre visite aux forces françaises stationnées au Tchad. L’un des défis majeurs qui attendent le prochain président français demeure l’insécurité et l’on comprend que Marine Le Pen,  bien portée par les faveurs des pronostics, veuille mettre toutes les chances de son coté, non seulement en s’imprégnant au mieux  des conditions de vie et de travail de l’armée en première ligne  dans la lutte contre le terrorisme, mais aussi s’attirer la sympathie des 30 000 soldats engagés au quotidien sur les théâtres extérieurs  dont 4 000 au Tchad, dans le cadre de la force Barkhane. Mais comme l’on s’en doute, cette visite de la seconde favorite à l’élection présidentielle selon les sondages, a un agenda caché. La visite de Marine Le Pen au Tchad a des visées électoralistes certaines. En effet, consciente de l’avantage pris par ses challengers dans les DOM-TOM, en raison de ses discours xénophobes, elle entend colmater les brèches en glanant les voix de ses compatriotes militaires dans les missions à l’étranger. Le discours bien rodé consiste à les faire s’apitoyer sur leur propre sort en les présentant comme les martyrs d’une cause qui n’est pas la leur et en se présentant comme le messie qui mettra fin à leurs souffrances par le retrait de l’armée française des théâtres d’opérations extérieurs.  L’autre motif de cette visite à polémique est la quête de financements en cette période de campagne. La pratique qui n’est plus qu’un secret de Polichinelle, consiste à recourir à la générosité de dirigeants africains redevables aux politiques français ou en quête de soutiens pour asseoir leur pouvoir. Dans le cas d’espèce, il faut bien se rappeler que Marine Le Pen a été le seul leader politique français à saluer l’élection d’Idriss Deby Itno, suite au scrutin controversé d’avril 2016. L’on comprend donc les cris d’orfraie de l’opposition qui, en plus de dénoncer cette immixtion intolérable dans les affaires intérieures tchadiennes, proteste contre le fait que Deby ne devienne la vache à lait de Le Pen, au grand dam de son peuple affamé. En tout cas, quelles que soient les motivations  de cette visite de Le Pen au Tchad, les opinions africaines s’en accommodent mal.  Et pour causes. D’abord, parce que Marine Le Pen, tout comme son père, est de la pire espèce des racistes, celle qui a hérité des idées de Gobineau  pour qui « le Nègre n’a pas joué un rôle significatif dans l’évolution historique de l’humanité du fait de l’infériorité de la race noire». Comme pour Hegel,  l’Afrique, pour elle, n’est pas une partie historique du monde et si par la force des choses, elle est contrainte de s’y rendre, elle demeure dans le schéma mental de ceux qui croient que si histoire il y a en Afrique, c’est celle des Blancs.

Le Pen ne vient pas pour l’Afrique, mais elle vient se servir de la misère de l’Afrique pour glaner des voix

On imagine donc aisément que son discours devant les soldats de la force Barkhane consistera à faire l’épopée des militaires français en Afrique et non à les féliciter pour leur engagement pour la cause africaine.  Ensuite, cette visite a de quoi indigner parce que Le Pen ne vient pas pour l’Afrique, mais elle vient se servir de la misère de l’Afrique pour glaner des voix. Cette misère ambiante, au lieu d’alimenter la réflexion de la candidate sur les lignes futures de l’aide au développement, ne servira donc que de monnaie politique pour marchander le suffrage des soldats français engagés sur le front africain. Le comble de l’indécence serait cependant qu’elle vienne, comme l’en soupçonne l’opposition tchadienne, puiser dans l’océan de la  misère africaine, les ressources pour la conquête d’un pouvoir qui vise en premier les Africains. Et cela interpelle en premier le président Deby qui doit être bien embarrassé de recevoir le leader populiste français. C’eût été Paul Kagame du Rwanda, la réponse ne souffrirait pas de débat, mais s’agissant de Deby, cela n’étonne guère. En effet, le président tchadien est aujourd’hui un géant aux pieds d’argile et est contraint à faire des calculs pour assurer la survie de son pouvoir usé par trois décennies de règne. Il ne peut donc prendre le risque d’essuyer les foudres d’un probable futur président de la France en la snobant. Le Pen est bien placée dans les sondages et il faut compter avec elle.  C’est pourquoi d’aucuns  prêtaient à Deby comme argument-prétexte pour recevoir la candidate du FN, la position favorable de cette dernière à l’abandon du franc CFA.  L’argument peut faire mouche, dans un contexte africain où le tollé contre ce legs colonial se fait de plus en plus assourdissant.  Cela dit, Deby n’est pas le seul dans l’embarras. Marine Le Pen, elle-même,  encourt le risque de se faire harakiri par cette visite au Tchad. L’affaire peut faire grand bruit, comme la visite du Secrétaire général du parti en Israël.  Dans un contexte d’extrême sensibilité de l’électorat, cette incohérence peut se payer cash. En tout état de cause, cette visite ne fera que raviver la haine que lui renvoie l’Afrique qui se demande ce que cette raciste vient faire sur une terre qu’elle abhorre par-dessus tout.

« Le Pays »


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