MASSACRE DE 13 JEUNES EN CASAMANCE : A quelque chose, malheur est bon
Trois jours après le massacre de 13 jeunes dans les mangroves de Bayottes, les Casamançais sont toujours sous le choc. Si la piste crapuleuse semble de plus en plus privilégiée par les enquêteurs, les assaillants, quant à eux, courent toujours. En effet, pendant que les opérations de ratissage se poursuivent sur les lieux du drame, certains pensent que les assassins ont déjà franchi la frontière et pourraient se retrouver en Guinée-Bissau. Cette hypothèse inquiète d’autant plus que ce pays voisin connaît depuis près de deux ans une crise sociopolitique sans précédent, qui a fini par plomber le fonctionnement de toutes les institutions de la République. Et c’est peu dire ! Mais en attendant, les recherches se poursuivent en Casamance où depuis lundi dernier, sont entendus des tirs intermittents à l’arme lourde en direction de la forêt de Toubacouta. « La situation est sous contrôle en zone militaire n°5 qui correspond à la région administrative de Ziguinchor. Nous avons renforcé les moyens mis en œuvre en vue de traquer et détruire ces éléments. Toutes les dispositions sont prises pour que pareil acte ne se reproduise plus », assure le Colonel Khar Diouf qui dirige les opérations.
Si rien n’est fait, les mêmes causes pourraient encore produire les mêmes effets
C’eût été dans une autre région que les choses n’auraient pas pris une telle envergure, mais en Casamance qui demeure une plaie pour le Sénégal du fait de la rébellion qui y sévit, on comprend toute la frilosité dont fait montre le président Macky Sall qui a sorti l’artillerie lourde. Ceci pouvant expliquer cela, on comprend aussi pourquoi il a fait de la recherche des assaillants une priorité, eux qui, faisant dans l’amalgame, ont failli mettre en péril la relative accalmie qui prévaut en Casamance depuis les négociations de février 2014 conduites par la communauté Sant’Egidio. Mais, comme le dit l’adage, « à quelque chose, malheur est bon ». Car, s’il y a un problème que le meurtre des 13 jeunes a permis de révéler au grand jour, c’est la « mafia qui s’est installée en Casamance et qui pille les forêts depuis plus de dix ans », pour reprendre les termes du célèbre architecte Pierre Goudiaby Atépa. L’occasion faisant le larron, les autorités sénégalaises doivent mettre un point d’honneur à régler ce problème qui, dit-on, constitue « la racine du mal ». Et c’est peu dire. Car, rappelons-nous qu’en novembre dernier, d’autres jeunes qui ont eu plus de chances, avaient été passés à tabac par des habitants de la zone, mécontents du pillage de leurs ressources sylvicoles. C’est dire donc que si rien n’est fait, les mêmes causes pourraient encore produire les mêmes effets.
Boundi OUOBA