HomeA la uneNAAB-YIT-KIUUGU AU YATENGA : Moment d’introspection, de recueillement et de bilan pour le Naaba Kiiba

NAAB-YIT-KIUUGU AU YATENGA : Moment d’introspection, de recueillement et de bilan pour le Naaba Kiiba


Après neuf jours d’absence de son palais royal, Sa Majesté le roi du Yatenga, Naaba Kiiba, a regagné son domicile le 12 janvier 2016. Ce dernier a dû séjourner dans un village situé à 5km du palais royal comme l’exige la tradition yadéga. Il s’agit là du «Naab-yit-kiuugu », un rituel qui permet au garant de la tradition de faire un bilan de l’année écoulée et de demander des bénédictions aux ancêtres pour sa population en cette nouvelle année. La population s’est donc fortement mobilisée pour la circonstance.

 

C’est depuis le 4 janvier 2016 que Sa Majesté le roi du Yatenga, Naaba Kiiba, a quitté le palais royal pour un séjour de recueillement. Cette période est choisie en fonction du cycle lunaire car, selon la tradition yadéga, l’apparition de la nouvelle lune ne doit pas trouver le roi dans son palais. C’est dans cette logique que le garant de la tradition, Sa Majesté le roi du Yatenga, a dû aller se refugier dans la brousse, à quelques kilomètres de son palais. Cette retraite dénommée « Naab-yit-kiuugu » est un temps de communion avec les ancêtres, d’introspection et de bilan pour le roi. C’est une période transitoire qui commémore l’avènement du nouvel an. Du point de vue traditionnel, c’est une fête de fin d’année pour la population du Yatenga.

Le « Naab-yit-kiuugu » encore appelé « Filga » était également une période sacrificatoire pour le premier responsable des Yadsé. Des sacrifices ont donc été faits par

le roi pour la pérennité de la coutume yadéga, la préservation de la population, de son royaume et surtout la paix sur le territoire national. «Ces offrandes aux divinités sont des demandes formulées à l’endroit des dieux, des ancêtres pour qu’ils bénissent mon royaume d’abord, ensuite tout le Yatenga et enfin le Burkina Faso. Il y a des paroles à tenir quand on demande des bénédictions pour son pays. Par exemple, pour la bonne pluviométrie, la santé et la paix, il y a des manières de les demander. Des noms doivent être dits mais on ne peut pas vous révéler cela. Et ceci dans l’intérêt de tout le monde, tout le Burkina comme tout le Yatenga », a soutenu Naaba Kiiba.

Cette retraite spirituelle fut une dure épreuve pour le roi du Yatenga. Une hutte dressée dans la brousse, pendant ce temps glacial, était le domicile de Naaba Kiiba durant neuf jours. «Ce temps était un moment dur et également un bon temps pour moi et pour tout le Yatenga», a-t-il laissé entendre. Il a mis un terme à son séjour en brousse le 12 janvier dernier, avec l’apparition de la lune au soir du lundi 11 janvier de l’année 2016. Hommes, femmes et enfants sont sortis massivement accompagner le chef à son palais. Sur son cheval gris, Sa Majesté était encadré de ses pairs et des agents de sécurité. Une file d’amazones était en tête de la marche vers le palais royal. Des troupes venues d’autres horizons ont également accompagné le roi par des chants et danses durant tout son trajet. Au seuil du palais, ce fut l’accueil solennel par les ministres pour permettre au chef d’y accéder. Etaient donc présents le Baloum-naaba, le Rassam-naaba, le Toog-naaba, le Wedransé-naaba et bien d’autres notables du royaume. Après quelques minutes dans le palais à nouveau, le roi a repris sa monture, mais cette fois-ci en direction du gouvernorat où il est allé signaler son retour au royaume au gouverneur. C’était aussi l’occasion pour lui et ses notables de présenter leurs vœux de nouvel an aux autorités gouvernementales de la région du Nord. Santé et paix au Burkina ont constitué les souhaits les plus ardents de la famille royale. En présence du haut-commissaire de la province du Yatenga, des chefs de défense et de sécurité de la région, le gouverneur du Nord, Alassane Sawadogo, a, au nom du gouvernement, souhaité la bienvenue au roi du Yatenga. «C’est un grand honneur pour nous de recevoir notre roi à tous au sein de nos locaux en ce jour. C’est un immense plaisir pour moi et tous les représentants des différentes directions de la région, notamment le haut-commissaire, le préfet et les chefs de défense et de sécurité qui sont assis à mes côtés. Au nom de ces derniers et à mon nom propre, je souhaite une bonne et heureuse année à Sa Majesté le roi du Yatenga. Que 2016 soit une année de santé et surtout de paix pour le Burkina. S’il y a la paix au pays, nous pouvons entreprendre tout ce que nous voulons. Que Dieu nous donne aussi une bonne pluviométrie », a souhaité le gouverneur avant de remercier Sa Majesté pour sa présence aux côtés des autorités, en temps de gaieté comme en temps de difficulté. Il a émis le vœu que cette franche collaboration avec la famille royale se poursuive et que Dieu lui donne une longue vie et une santé de fer.

Après ce cérémonial avec les autorités, le roi a regagné son palais. C’est aux environs de 14h que le rituel du Filga a pris fin. Mais la manifestation de joie de la population s’est poursuivie aux rythmes des chansons traditionnelles jusqu’au petit matin. «Ce rituel du Naab-yit-kiuugu n’a point commencé par Naaba Kiiba. C’est un rituel que tout chef de terre doit accomplir chaque fin d’année chez lui, dans le souci de garantir une certaine vertu aux populations, surtout que nous venons de bénéficier d’une nouvelle année», a conclu Sa Majesté Naaba Kiiba, roi du Yatenga.

Propos recueillis par Rimédo Séverin(Correspondant)

 

 

Ils ont dit

 

Somzigna Sékou Ouédraogo, fils du Roi

 

« Ce rituel est une grande fête pour tout le Yatenga. C’est comme la fête du nouvel an. Coutumièrement, c’est notre 1er janvier que nous célébrons aujourd’hui. Ce sont des sentiments de joie et de satisfaction qui m’animent, vu que c’est un jour ouvrable et que malgré cela, la mobilisation était vraiment de taille. Je suis très content de cette mobilisation et je formule des vœux de santé, de succès à l’endroit de toute la population du Yatenga. »

Mme Belem, nièce de Rassam-naaba Yemdé, un des ministres du roi

« Chaque année, nous venons accompagner le roi à son palais après son séjour à la lune. C’est la raison de ma présence ici aujourd’hui, surtout pour le respect de la tradition. Le Naab-yit-kiuugu est vraiment une grande satisfaction pour nous puisque cela révèle que nous venons d’entamer une nouvelle année et que le roi a fait formellement les rites selon les exigences des dieux. Je souhaite une longévité à tous les festivaliers afin que l’année prochaine, on puisse se retrouver pour pérenniser cette tradition.»

Adama Ouédraogo, chanteur de Sima

« C’est pour la nouvelle année que nous sommes venus. Le roi est la première autorité coutumière et la tradition veut que nous soyons là, pour lui présenter nos hommages et implorer sa bénédiction pour le nouvel an. Je ne suis pas seul, je suis venu avec ma troupe dénommée « Troupe rélwendé » pour glorifier Sa Majesté. Le Naab-yit-kiuugu doit être une interpellation pour la population à adopter un meilleur comportement afin de profiter des bénédictions pour l’année 2016. »

Propos recueillis par Rimédo Séverin


Comments
  • ATTENTION : “Ces offrandes aux divinités sont des demandes formulées à l’endroit des dieux, des ancêtres pour qu’ils bénissent mon royaume d’abord, …”
    Il y a problème de traduction ou pire si le naaba s’est exprimé en français : DIEUX (pluriel) n’existe pas en mooré ni dans presque aucune langue africaine. Dieu est unique en mooré.

    Merci à l’auteur de bien vouloir vérifier car ce n’est pas un détail anodin.

    16 janvier 2016
  • le guignol des naba une vrai tête à claque !!!!!!!!!!

    10 février 2016

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